Humanisme pur

Comment protéger l’environnement

Sauver la planète ? Rudiments d'écologie

Quel environnement ?

Ces expressions doivent tout d’abord être précisées. Il n’est pas question de protéger tout ce qui nous environne. Faut-il protéger les déchets ? Le béton ?
Quant à la terre, on se doute qu’elle survivra largement à un holocauste nucléaire. Même si la biosphère (la vie à sa surface) en sera largement perturbée, il subsistera sans doute quelques vers marin des profondeurs et de nombreuses bactéries… La « planète » sera, quant à elle, intacte. Bref, il n’y a pas trop à s’inquiéter pour elle !
Ce n’est pas n’importe quel « environnement », que l’on souhaite protéger. C’est cet environnement précis qui nous offre un cadre non seulement agréable, mais surtout : indispensable à notre survie. Ce sont certaines ressources à la surface de notre planète : l’eau potable, l’air respirable, la plupart des êtres vivants. De quoi manger, boire et respirer !
En somme, ce qu’il est question de protéger, c’est nous-mêmes ! C’est bien pourquoi l’écologie, n’est plus depuis longtemps, une simple préoccupation d’esthète naturaliste, d’amoureux des animaux ou de campagne verdoyante ! Aucun humaniste ne peut faire l’impasse sur la question écologiste. Et au train où vont les choses, la question touche même n’importe quel égoïste souhaitant conserver un semblant de santé (ou de vie !) au-delà de trois décennies…

Une situation nouvelle

Cette question a surgi parce que le poids des activités de notre espèce sur la surface du globe est devenu considérable. Il suffit de survoler ce dernier… La question écologique planétaire, n’effleurait pas nos ancêtres, peu nombreux et ne consommant guère que de quoi se nourrir.
Les progrès de la connaissance ont permis de réduire considérablement notre mortalité (d’où une explosion démographique) et d’exploiter plus largement les ressources. A tel point que cette exploitation doit maintenant être fortement raisonnée, si nous ne voulons pas rapidement laisser derrière nous un désert.

Entre nos mains, notre environnement vital est devenu fragile. Les êtres vivants sont reliés d’une façon complexe de sorte que nos activités ont souvent des conséquences inattendues. L’épandage de trop de lisier sur les champs a entraîné, par exemple, la disparition de nombreux poissons dans les rivières. Pourquoi ? Parce que l’engrais entraîné par les eaux de pluie, y a fait proliférer certaines algues (s’en nourrissant), lesquelles ont appauvri l’oxygénation du fond (en y faisant de l’ombre), fond où certains poissons ont besoin d’oxygène… (eutrophisation)
Tel insecticide destiné à protéger nos récoltes, empoisonne non seulement l’insecte ravageur, mais les prédateurs qui s’en nourrissent, et plein d’autres êtres vivants, ceci entraînant des perturbations importantes dans l’équilibre écologique… Ou, plus simplement encore : en pêchant trop de poissons, il y en a de moins en moins. En rejetant trop de déchets, l’air et l’eau deviennent insalubres. Le lien entre la pollution globale et certaines épidémies (cancers, allergie…) est maintenant scientifiquement établi.
Depuis des années, des scientifiques tirent la sonnette d’alarme.

Notre organisme est conçu pour vivre dans un milieu bien spécifique, le modifier n’est pas sans risques…
Le problème du réchauffement climatique par exemple, ne réside pas dans une augmentation de la température moyenne de quelques degrés, ce qui en soi paraît plutôt sympathique (à l’exception peut-être de l’extension de certaines maladies jusque là tropicales…) Il réside dans l’instabilité du climat au-delà d’un certain seuil, dans un emballement qui pourrait nous échapper complètement. L’essentiel du CO2 est actuellement absorbé par les océans, mais quand ils vont arriver à saturation (leur capacité d’absorption n’est pas illimitée), plus rien ne sera absorbé, et le réchauffement va monter en flèche. Et l’on ne sait pas précisément où se situe ce seuil… La calotte glaciaire limite également le réchauffement climatique, non seulement par sa fusion, mais encore par la réflexion de la lumière sur sa surface blanche. Dès qu’elle aura fondu, cet équilibre sera rompu…
La planète Vénus a sensiblement les mêmes caractéristiques que la nôtre (taille, distance au soleil). Le climat y est juste un peu différent à cause de détails de son histoire, sans doute. Il y fait plus de 400°C en moyenne (par effet de serre), et l’atmosphère y est chargée d’acide sulfurique. Même une sonde spatiale ne peut y séjourner…

Une gestion globale

Une première évidence s’impose : il faut gérer rationnellement l’écosystème. Il est nécessaire de surveiller les conséquences de nos actes sur notre environnement, et de les modifier si nécessaire. Nous ne pouvons plus vivre dans l’inconscience de nos actes.
Tout étant relié, ce qui est fait à un endroit a des conséquences ailleurs. Le milieu naturel est un espace commun à tous. Cette gestion doit se faire à l’échelle de la planète, de façon concertée et cohérente.

C’est bien là toute la difficulté, car nous sommes très nombreux et, à la base, c’est le comportement de chacun qui est en cause. Chaque consommation participe au pillage des ressources et à la pollution. Je prends ma voiture, je pollue ; j’augmente le chauffage, je pollue. J’achète mon journal, je pollue etc.
Evidemment, le but ne doit pas être de ne pas « polluer ». Car, à la limite, lorsque je respire, je rejette du CO2 : je pollue ! Le but est que la pollution globale soit telle que l’air reste respirable, l’eau potable et le sol fertile. Il faut et il suffit que la consommation de chaque ressource n’excède pas son taux de renouvellement naturel. Il s’agit de maintenir un certain équilibre, et pour cela, nécessairement, la consommation globale doit être limitée.
Mais comment y parvenir ?

Moraliser la consommation

S’il est absurde d’associer de la culpabilité à la moindre consommation, il est nécessaire de limiter la somme des consommations d’une ressource donnée, et donc, chaque consommation individuelle. Il n’est pas nécessaire de consommer le moins possible, il suffit de respecter un certain plafond. Si personne n’accepte une telle limitation, c’est l’impasse, la catastrophe écologique est certaine.

Aujourd’hui, pour l’individu, la tentation de consommer toujours plus, est très importante. La part de chacun dans la pollution globale est généralement dérisoire, d’où un moindre sentiment de culpabilité. En outre, la majorité des hommes obéissent plus à un principe de satisfaction immédiate qu’à une quelconque injonction morale. Et nous sommes tellement nombreux…
Il est clair qu’une incitation purement éthique est insuffisante.
Chacun voit bien que, statistiquement, du fait même de cette insuffisance, il n’y a pratiquement aucune chance que la pollution globale soit sensiblement réduite par de simples initiatives individuelles isolées. La motivation de chacun pour réduire sa consommation ne pourra donc être de préserver l’écosystème planétaire, mais relèvera tout au plus d’une marque de respect, ou d’un soulagement de sa conscience morale (« j’ai fait ma part »)…
Penser que la « consom’action » ou « vingt gestes pour la planète » sont en mesure d’avoir un impact significatif sur la dynamique de destruction actuelle est extrêmement naïf.

Mesurer la consommation

Une solution plus réaliste serait d’introduire une incitation concrète à limiter sa consommation. Une incitation économique.

Par exemple, ceux qui dépasseraient un certain seuil de consommation matérielle pourraient être assujettis à une amende conséquente proportionnelle au dépassement. Cette solution, par rapport à une simple augmentation des prix (écotaxes), a le mérite de ne pas pénaliser les plus pauvres et de ne pas condamner la consommation en elle-même (nous avons vu que c’est l’excès qui est nuisible)…

Une telle incitation par la loi (et non plus seulement par la morale) serait plus efficace. L’aspect moral ne serait pas diminué, au contraire : celui qui souhaite préserver l’environnement ferait ce qu’il faut faire pour cela en sachant que, cette fois, son action ne sera pas vaine, car effectivement suivie par le plus grand nombre… C’est tout l’intérêt de la loi et des règlements collectifs : ils se justifient par une aspiration morale majoritaire, qui ne pourrait être satisfaite par des initiatives purement individuelles.

Il est aisé d’évaluer la part de chaque consommation dans l’exploitation et la pollution globale (même s’il y a toujours une certaine imprécision).
Il suffirait d’associer à chaque produit acheté un coût écologique spécifique (en plus de son coût monétaire). Ce coût serait proportionnel aux quantités de matière et d’énergie utilisées par sa production et sa distribution. Il prendrait également en compte la pollution engendrée non seulement par sa production et sa distribution mais aussi sa consommation et le traitement des déchets induits. La possibilité et le coût du recyclage seraient également pris en compte. Unité : l’Eco (?)

Chacun « paierait » ainsi pour la pollution dont il est responsable. Le coût écologique d’une consommation collective serait équitablement réparti entre les membres de la collectivité considérée (ou mieux : réparti démocratiquement en son sein par celle-ci).

Sanctionner la surconsommation

Un règlement ne suffit pas, bien sûr : tout doit être fait pour le faire appliquer.

Ce coût écologique pourrait être facilement recueilli en temps réel pour chaque personne (par des moyens informatiques). Un avertissement serait envoyé à ceux qui s’approcheraient dangereusement d’un certain taux, afin de les inviter à diminuer leur consommation matérielle. A l’issue de chaque année (ou de toute autre période commode), des amendes seraient recueillies, correspondant au dépassement du quota annuel autorisé (identique pour tous).
Chacun pourrait facilement contrôler son coût écologique, à chaque instant… pour éviter de dépasser le plafond à l’issu de la période de contrôle.

Notons que ce système est relativement souple puisqu’il est possible de dépasser le quota (en payant) : personne ne risque de se retrouver avec l’impossibilité de consommer. Afin que la sur-consommation des uns soit compensée par une sous-consommation d’autres, on pourrait encourager cette dernière par une récompense (financée par les amendes).
Afin de dissuader la surconsommation par les plus riches (qui peuvent ajuster eux-mêmes leur revenu monétaire…) on pourra ajouter des sanctions non monétaires au-delà d’un certain dépassement.
Ce dispositif pourra être ajusté au vu de la consommation moyenne obtenue, pour chaque ressource…

Actuellement, le coût écologique des produits du commerce n’est pas connu. Il n’est donc même pas possible de se comporter de façon écologique pour ceux qui le souhaitent. Le label « Bio » concerne essentiellement la non-utilisation de produits de synthèse dans l’agriculture, ce qui n’est qu’une infime partie du problème, d’ailleurs plus ou moins contestable…
A moins de changer radicalement de système économique, une telle mesure (imposition d’un plafond de consommation) semble incontournable pour toute politique souhaitant résoudre le problème écologique.

Son inconvénient majeur : la nécessité d’un appareil de contrôle et de répression important… Il faudrait assurer une certaine traçabilité des produits, contrôler toutes les transactions, et si l’on est un peu perfectionniste : toutes les productions, distributions et consommations…
La mise en place d’un tel système est toutefois réaliste (sans perfectionnisme). Les appareils d’Etats exercent actuellement de nombreux contrôles de ce type, mais à d’autres fins. Nous croulons sous une masse énorme de lois à l’utilité plus ou moins douteuse*, la mise en œuvre d’un tel système serait globalement bénéfique.

Le problème qui demeure est l’inévitable persistance de la fraude. Cette dernière pourra-t-elle être suffisamment contenue par un contrôle dont le coût reste raisonnable ?
On peut certes penser qu’une loi équitable et écologiquement justifiée est spontanément mieux suivie, mais le fond du problème est là : la tendance à sur-consommer.

Plutôt que soumettre à la tentation puis punir, pourquoi ne pas plutôt préserver de la tentation ?
Pourquoi ne pas s’attaquer à la racine du mal ?

Modifier le mode de vie

Ainsi, on pourrait diminuer l’incitation à consommer.
Par exemple, en réduisant la publicité… Celle-ci est d’ailleurs en elle-même consommatrice d’énergie (emballages, prospectus…)

Le mode de vie aujourd’hui dominant pousse à la surconsommation.
L'exclusion, la solitude, le manque de sens de nombreuses professions, le stress, poussent à désirer de nombreux biens et services (impliquant une consommation matérielle) comme pour compenser son mal-être.
Tout le système reposant sur la propriété privée, de nombreux biens ne sont pas tant acquis pour leur utilité spécifique que pour un sentiment de puissance, d’appartenance, de liberté ou de sécurité. L’individualisme résultant de ce système fait que l’usage de nombreux biens qui pourrait être partagés (voiture, outillage etc.), ne l’est pas, d’où un surcroît de production (et de déchets).
La nécessité de se rendre au magasin incite à acheter d’autres choses, le vendeur s’arrangeant pour que ce soit le cas, afin de maximiser son chiffre d’affaires… Compte-tenu de cette logique du profit économique, certains biens sont même rendus délibérément périssables !

Chacun doit se trouver un travail éventuellement à plusieurs dizaines de kilomètres de son lieu de résidence. S’il vit en couple, pas question de déménager pour se rapprocher du lieu de travail si le conjoint doit travailler également à l’extérieur et qu’il n’a pas trouvé son emploi au même endroit. La rareté des emplois est nécessaire à la pérennité du système… et la « mobilité » est encouragée.
Beaucoup sont tellement épuisés quand leur journée de travail est terminée, qu’ils sont tentés de se relaxer à la moindre occasion devant un appareil à hypnotiser, les abreuvant de messages publicitaires… Cela laisse peu de temps à la réflexion sereine nécessaire à une consommation responsable.
Et quand arrivent les vacances ou le week-end, nombreux sont ceux qui éprouvent le besoin de « changer d’air » en se transportant volontiers à plusieurs centaines de kilomètres de leur habitation, de préférence par un moyen de transport rapide… Le transport des personnes est une des plus grosses sources de pollution, en constante augmentation…

Le moteur économique

Plus fondamentalement, chacun, pour s’assurer son nécessaire « emploi », est amené à créer et entretenir des besoins (chez ses futurs clients ou ceux de son entreprise), et à les couvrir d’une façon nécessitant une certaine consommation matérielle… Par exemple, il n’est pas intéressant (financièrement) de divulguer des informations par Internet (sauf pour s’assurer des revenus publicitaires…), il est préférable d’éditer un joli livre ou journal papier puis de le distribuer et d’inciter tout le monde à l’acheter… Plutôt qu’enseigner à distance, il est généralement préférable de se déplacer (ne serait-ce que pour toucher sa paye) voire d’organiser un stage dans un endroit de préférence exotique… Ces « services » consomment beaucoup plus de matière et d’énergie…

La technicité, la science, sont parfois dénoncées comme une source de problèmes écologiques. Elles permettent certes de mettre au point des insecticides et autres OGM dont on a lieu de craindre des nuisances sur l’écosystème. Mais ce ne sont pas les chercheurs qui insistent pour les répandre inconsidérément dans la nature…
La logique du système fait que toute entreprise vise sa propre prospérité. Une entreprise vendant des pesticides, fera tout ce qu’elle peut pour augmenter ses profits, et donc, son chiffre d’affaires... En atteste le curieux décalage que l’on observe entre la détection du danger d’un produit et son retrait du marché (90 ans pour l’amiante). Elle n’hésitera pas à influencer les études scientifiques en rapport avec son activité dans le sens qui l’arrange. Ce sont les entreprises qui possèdent l’argent, c’est-à-dire, dans notre système économique, le pouvoir…

Ce poids des intérêts financiers est considérable, c’est lui qui mène la barque, certainement pas l’intérêt commun qu’est la survie à moyen terme de l’espèce humaine… Ce système nous rend prisonniers du court terme. « On ne peut pas comprendre si on n'a pas de famille à charge. Si je ne conduisais pas ce bulldozer, quelqu'un d'autre le ferait à ma place. C'est facile d'avoir des idéaux quand t'as du pognon. » se défendait un ouvrier à l’occasion d’un procès consécutif à la destruction d’une forêt millénaire…
Le système économique a sa propre logique, et c’est elle qui commande. Les lois qui ne la satisfont pas seront mal appliquées ou détournées…
Et la plupart du temps, elles ne sont pas votées. Il suffit, pour s’en convaincre, de regarder dans quel sens vont la majorité d’entre elles : dans celui qui fait le mieux « marcher le commerce », et qui entraîne, par conséquent la plus forte consommation. Ainsi, il est obligatoire de porter une ceinture de sécurité bien que celui qui ne le fasse pas ne nuise à personne d’autre que lui-même. Cette obligation entraîne une augmentation du chiffre d’affaires des équipementiers automobiles. Cette logique de protection des personnes devrait entraîner l’interdiction du tabac, qui fait vingt fois plus de morts, sans parler des maladies. Mais là, ça n’augmenterait le chiffre d’affaires de personne (sur le long terme), bien au contraire… On se contente donc prévenir les clients des dangers qu’ils encourent (ce qui, bien sûr, est sans effet puisqu’ils sont soit déjà dépendants, soit encore immatures…) (Nous ne soutenons pas ici cette logique de protection, mais soulignons juste une incohérence révélatrice.)

Changer de culture

Au mode de vie, dicté essentiellement par l’organisation économique, s’ajoute la culture. Une culture axée sur le divertissement… nécessairement dispendieux en énergie pour les raisons économiques évoquées plus haut. A tel point que le mot culture est pratiquement devenu synonyme de divertissement, ou du moins, d’une sorte de compétence intellectuelle qu’il faudrait développer en ayant vu ceci ou cela (ce qui nécessite une production ou un déplacement)…

Quant aux rapports humains les plus intimes, l’amour et l’amitié, ils sont régis par l’offrande matérielle. Le sourire, la tendresse, l’entraide ou même la simple participation aux frais ne sont pas suffisants, la tradition est de faire des cadeaux… de préférence dans le domaine du superflu, et surtout : flambants neufs…
Bien sûr, pour accroître cette source importante de surconsommation, des fêtes sont savamment et fréquemment organisées. Elles se doivent d’être scrupuleusement honorées… sous peine de passer pour un égoïste…
L’une d’entre elle permet tout spécialement de conditionner les enfants dès le plus jeune âge à la possession et à la jouissance matérielle…
Ne pourrait-on pas associer la fête et la convivialité à autre chose ?
Et l’on s’étonne qu’il faille plus de sept terres pour permettre durablement le mode de vie auquel l’humanité actuelle aspire …

De bonnes âmes, préoccupées d’écologie, ont fabriqué des produits moins polluants, sans remettre en cause la sacro-sainte culture de consommation. Résultat : il a été constaté que toute innovation moins polluante entraînait un accroissement de la consommation correspondante annulant tout effet sur la pollution globale (effet rebond)...
Il n’existe pas de « véhicule propre », d’ « énergie propre » etc. Toute consommation a un poids non-nul dans la consommation globale, qui doit nécessairement être limitée. Dans le contexte actuel, le marché florissant des produits « écologiques » alimente une dangereuse illusion.

Plutôt que se limiter aux innovations techniques, il serait bénéfique de valoriser et de favoriser l’innovation humaine et sociale. Or, dans ce domaine, c’est au contraire, la frilosité et l’intolérance qui règnent. En cette époque où un changement de mode de vie s’impose, il conviendrait de prôner par les actes, et non seulement la parole, une culture de la diversité, de l’expérimentation et de l’ouverture.

La culture se manifeste aussi par des valeurs. Par exemple : le travail. Le travail, donc, indépendamment de sa finalité, et se devant bien sûr d’être « récompensé », devinez comment…
Notre culture, c’est aussi celle de la « réussite personnelle ».
Toutes choses qui participent nécessairement à l’augmentation sans limites de la consommation de matière et d’énergie.
Sans parler de la « croissance » ou du « développement », censés être souhaitables voire nécessaires en eux-mêmes, indépendamment de toute réflexion sur le sujet.
Récemment, on a même lancé, avec force battage, le concept de « développement durable ». Sans doute pour éviter qu’une prise de conscience écologique ne remette en cause ce dogme.
Dans l’imaginaire collectif entretenu par cette culture, celui qui n’est pas pour la « croissance » est pour le retour à l’âge des cavernes, c’est de plus un personnage sinistre, prônant la privation ou la souffrance…
La manipulation réside ici dans l’escamotage du complément : le « développement » de quoi ? Dans le contexte où la formule est utilisée, il s’agit bien sûr du développement matériel du capitalisme… dont nous avons vu les effets…

Et si l’on prônait le développement du bonheur durable ? Ce bonheur découvert par la plupart des philosophes de toutes les époques et de tous les temps… La jovialité par la maîtrise de son propre esprit et la simplicité volontaire ?
Il s’agirait là d’un tout autre développement, d’une toute autre croissance : celle de la personne, de la liberté intérieure, de l’harmonie… avec l’environnement.

Changer de philosophie

Cette philosophie a même l’avantage de ne pas nécessiter une propagande intensive, la réflexion personnelle suffit.
Ainsi, réduire le temps de travail et les sources de divertissement, tout en invitant à une grande réflexion collective, pourrait être bénéfique…

Tout commence par l’éducation, bien sûr.
Une éducation où la pensée logique ne serait pas circonscrite aux seules sciences exactes. Car en effet, cette pensée est source d’efficacité. Or, nous avons vu que le problème écologique découle précisément du décalage entre nos piètres performances dans les domaines philosophiques et politico-économiques, d’une part, et nos bonnes performances dans les sciences exactes (expliquant notre puissance technique et le poids de l’humanité sur la biosphère).
Une éducation où la philosophie aurait une place digne de ce nom. Mais la philosophie dans son sens étymologique, vitale pour tout être humain…
On pourrait organiser des fêtes en l’honneur de la rencontre humaine et de la discussion de qualité ?
Pourquoi pas également des journées de repos où chacun serait invité à se contenter de faire le point sur sa vie, seul.

Ainsi, des êtres suffisamment autonomes apparaîtraient, qui seraient moins obnubilés par le besoin irréfléchi d’être reconnus, de paraître, de posséder, d’avoir toujours plus de pouvoir. Des êtres capables de faire face à eux-mêmes, moins enclins à se fuir par la distraction, le travail ou les drogues... Capables d’aller au-delà de la recherche systématique de la facilité et du confort, respectueux de ce qui les entoure. Capables d’apprécier les choses simples et naturelles, n’ayant plus besoin de s’agiter en tous sens ou de toujours transformer leur environnement, parce que fondamentalement heureux tels qu’ils sont et où ils sont…
Celui qui a acquis cette autonomie peut ne plus participer à la destruction de l’écosystème sans y être contraint et le fait volontiers. Le respect est pour lui une seconde nature.

Bilan

Le problème écologique est une réalité durable et insidieuse. Il ne réside pas dans une marée noire de temps en temps, mais dans une destruction et une pollution globales et journalières de la biosphère, sous l’effet de lois économiques, associées à une culture et un mode de vie particuliers. Si les individus polluent ou surexploitent les ressources naturelles, ce n’est pas pour le plaisir de polluer, c’est pour satisfaire un intérêt économique. Dégazer en pleine mer coûte bien moins cher, qu’un nettoyage des cuves non polluant. La pollution par les dégazages, si elle est moins spectaculaire (et donc moins médiatisée), est bien plus importante que celle par les marées noires… La pollution pétrolière des océans en provenance des continents est encore plus importante… Et elle n’est, bien sûr, rien comparée à la pollution totale…
Des conséquences dramatiques sont à craindre pour notre espèce dans un avenir proche.

Pourquoi, en dépit de l’ampleur et de la gravité du problème, rien de sérieux n’est-il fait ? Pourquoi la grande masse des citoyens continue-t-elle tranquillement sa petite vie en participant ainsi allègrement à la destruction de l’écosystème ?
A cela, plusieurs raisons, sans doute.
Chacun est tout d’abord mu par des désirs immédiats au niveau de sa personne. La planète, ça le dépasse.
Viennent ensuite les idéologies et autres croyances (en particulier économiques) qui nous isolent du réel ou entravent notre bon sens.
Puis, le problème écologique, pour ceux qui l’entrevoient, est tellement angoissant que la plupart sont tentés de l’oublier ou de le minimiser. De faire l’autruche, en quelque sorte. « Ah, ces écolos, ils exagèrent sûrement ! » L'idéologie constitue alors un refuge opportun. Quoi de plus humain que de prendre ses désirs pour la réalité ?
Or, la plupart des hommes participent d’une philosophie du carpe diem : après moi le déluge. La planète est foutue ? Profitons du peu qui nous reste à vivre pour nous « éclater » ! Pour eux, jouir matériellement est le but de la vie, tout le reste est perçu comme un sacrifice. « Je ne serai pas le premier à me sacrifier ».
Quant à ceux qui auraient des velléités de faire quelque chose, ils réalisent bien vite qu’ils n’ont pas assez de pouvoir : que peut un seul individu, ou même une poignée d’écologistes ?

Ensuite, parmi ceux qui refusent de se résoudre au cynisme, la plupart n’agissent pas efficacement.
Ainsi, l’écologisme traditionnel se focalise sur certaines technologies, certaines entreprises, certaines consommations, que ce soit pour les dénoncer ou au contraire, les valoriser. Cette attitude, en dispensant d’une réflexion plus approfondie et d’une action plus pertinente, pourrait bien être globalement contre-productive : « A quoi bon réfléchir plus loin : cela suffit, ma conscience est soulagée ».
Quant à l’écologie politique, elle ne peut se résumer à la représentation d’une certaine sensibilité ou à la promotion de certaines mesures. Il lui faut un programme global cohérent, pertinent et efficace. On l’attend…

Solutions

L’ampleur et la gravité du problème imposent une action collective d’ordre politique, économique et philosophique, à laquelle chacun peut participer…
Une gestion durable de l’environnement nécessite une intervention en profondeur dans l’organisation de la société humaine. La « main invisible » du marché, pas plus qu’elle n’assure la justice sociale n’assure la préservation des ressources naturelles.
Une économie socialiste, c’est-à-dire centrée sur une gestion collective du bien commun, aurait également l’avantage de résoudre d’autres problèmes : les injustices et les conflits… dont on connaît l’ampleur…
Une économie socialiste réellement démocratique, et non pas au service d’un quelconque despotisme ou d’une idéologie sectaire, bien sûr…

Il semble clair que les différentes approches proposées ici seraient concrètement très efficaces si mises en œuvre simultanément. Elles se soutiennent mutuellement.
Changer de philosophie n’a d’ailleurs pas de réalité si cela ne se traduit pas concrètement par un respect effectif de l’environnement.
L’approche philosophique dispense de contraindre, ou du moins, réduit la contrainte chez ceux qu’elle touche. C’est une garantie de liberté.
Difficile, inversement, d’imposer une réglementation ou un mode de vie particuliers s’ils ne sont pas soutenus par une culture et une philosophie en rapport… La fraude et la corruption seront d’autant plus importantes que l’éthique ou l’économie auront peu évolué.

Il se produit également un phénomène remarquable pour celui qui accède vraiment à une philosophie du respect et de l’harmonie. Non seulement, il n’est plus attaché à des désirs polluants et conflictuels, mais encore, le mode de vie destructeur actuel ne lui convient plus. Il aspire à autre chose, non pas tant comme moyen d’agir pour la planète, que comme moyen d’être en accord avec lui-même. Il n’a plus besoin que « cela serve » à quoi que ce soit… Là est peut-être un espoir de sortir du cercle vicieux « à quoi ça sert d’agir puisque nous ne sommes pas assez nombreux ? », et qu’un processus à grande échelle s’enclenche… Car cette évolution personnelle est irréversible.
Non seulement il respecte spontanément la nature, en minimisant sa consommation, mais encore, il respecte ses semblables en refusant tout rapport d’exploitation… Le vrai respect découle de l’amour, lequel n’a pas besoin de justification… Un système économique basé sur l’intérêt personnel, souvent justifié pour son adaptation à l’ « égoïsme humain », ne lui convient plus.

Ainsi, pourrait se bâtir une alternative à une logique économique, dont on a vu la perversité. Il suffirait aux personnes « respectueuses » de se regrouper pour vivre différemment. S’expérimenterait ainsi des modes d’organisation différents, avec de bonnes chances de réussite, qui attirerait de nouveaux volontaires et aideraient à crédibiliser des propositions politiques. De telles personnes seraient également moins sujettes à la corruption…
Le projet Amopie s’inscrit précisément dans cette démarche…
Se rassembler pour agir ensemble, « profiter de la vie » autrement, dans l’amour et la conscience.


* Le nombre de lois et règlements en France est de l’ordre de 600000 et ne cesse de croître.
Parmi ces règles clairement vitales pour l’avenir de l’humanité, citons l’obligation d’installer une prise télé dans chaque pièce (pour toute nouvelle habitation)… ou encore l’interdiction de donner des livres pour les bibliothèques municipales qui souhaitent s’en débarrasser (elles doivent les brûler).
Ces mêmes législateurs fous qui nous emprisonnent dans un totalitarisme délirant, sont ceux-là mêmes qui traitent de Khmer vert quiconque aurait l’idée saugrenue de s’opposer à des comportements aussi anodins que l’épandage généralisé de poisons violents sur toutes les terres fertiles, par exemple….

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