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Empoisonnée par le dioxyde d'azote, Londres part en guerre contre le diesel

Le maire a annoncé la création d'une zone à « ultra-basses émissions » au centre-ville.

Par  (Londres, correspondance)

Publié le 31 juillet 2014 à 13h10, modifié le 02 août 2014 à 09h26

Temps de Lecture 3 min.

Pour Claudia, les chaudes journées d'été actuelles sont les pires. La vendeuse de souvenirs, installée sur Oxford Street, au cœur de Londres, peine à respirer dans la fumée des bus et des taxis qui défilent dans la rue. « Si je porte un vêtement blanc, il est noir à la fin de la journée. Quand je respire, j'ai l'impression d'avoir de la poussière au fond de la gorge, et j'ai le nez tout le temps bouché. »

Cette artère commerçante est la plus polluée de la capitale britannique. Et peut-être du monde, devant celles de Pékin. Selon David Carslaw, spécialiste de la qualité de l'air à l'université King's College, la concentration en dioxyde d'azote (NO2) émis par les pots d'échappement des véhicules diesel y est exceptionnelle.

La concentration moyenne annuelle y atteint 135 microgrammes par mètre cube, soit trois fois le maximum autorisé par les normes européennes. « A ma connaissance, c'est le niveau le plus élevé au monde », explique M. Carslaw.

« UN DÉFI QU'IL EST URGENT DE RELEVER »

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Mardi 29 juillet, Londres a décidé de réagir. Son maire, le tonitruant Boris Johnson, a annoncé la création pour 2020 d'une zone « à ultra-basses émissions » au centre-ville. Objectif : chasser l'immense majorité des véhicules diesel. « Améliorer la qualité de l'air est un défi qu'il est urgent de relever », affirme M. Johnson.

Il compte pour cela faire payer très cher les vieux véhicules diesel qui voudraient entrer dans le centre-ville. Depuis 2003, il existe déjà un péage urbain, actuellement de 15 euros par jour, pour tous les véhicules qui pénètrent dans cette zone. A partir de 2020, M. Johnson veut doubler ce montant pour les diesel qui ne respecteraient pas les nouvelles normes de pollution. Un prix qui devrait être suffisamment dissuasif pour repousser l'immense majorité des voitures privées.

Cette mesure concernera les véhicules diesel qui ne seront pas à la norme dite « Euro 6 ». Cette norme, destinée à réduire les émissions de polluants, particulièrement le dioxyde d'azote, va entrer en vigueur en septembre dans l'ensemble de l'Union européenne. En clair, toutes les voitures vendues au-delà de cette date ne seront pas concernées par le doublement du péage urbain.

Parallèlement, M. Johnson annonce que, d'ici à 2020, tous les bus auront des moteurs hybrides ou entièrement électriques. Quant aux taxis – qui fonctionnent au diesel –, ils devront rouler à l'électricité sur les routes les plus polluées, comme Oxford Street.

Si M. Johnson a décidé d'agir contre la pollution, c'est qu'il y a urgence. L'an dernier, la Cour suprême britannique a condamné le gouvernement pour non-respect des normes sur le dioxyde d'azote. En février, la Commission européenne a décidé de poursuivre le Royaume-Uni devant la Cour européenne de justice.

Pourtant, Londres a peu à voir avec Mexico ou Pékin, où la pollution est bien plus forte en termes de particules fines ou de monoxyde de carbone. L'air s'est fortement amélioré depuis la disparition des chauffages au charbon, responsables du fameux smog, le brouillard qui caractérisa Londres jusque dans les années 1950. Mais la ville a un problème spécifique concernant le dioxyde d'azote.

POLLUTION EN AUGMENTATION CONSTANTE

L'explication se trouve dans la lutte contre un autre polluant : les particules fines, extrêmement nocives pour la santé. Pour mieux les brûler, les bus londoniens ont été équipés d'une technologie qui produit un excès de NO2. Cela a amélioré leur combustion mais a provoqué une autre pollution. « L'un dans l'autre, c'est probablement un bon choix, parce que les particules fines sont plutôt plus nocives pour la santé que le dioxyde d'azote », estime M. Carslaw.

La pollution au NO2 est particulièrement sévère dans les rues comme Oxford Street, où passent de très nombreux bus. Mais, dans le reste de la capitale, ce n'est guère mieux, d'autant que la circulation augmente constamment, malgré la mise en place du péage urbain.

Si bien que les critiques contre le projet de zone à ultra-basses émissions sont nombreuses. Des élus et associations estiment que M. Johnson ne va pas assez loin. « La mauvaise qualité de l'air est un tueur silencieux, qui provoque 29 000 morts prématurées par an, rappelle Julian Bell, conseiller municipal qui dirige le comité sur le transport et l'environnement. Il faut que la zone soit mise en place plus tôt, et sur une superficie plus large. »

Boris Johnson, qui n'est pas du genre à se démonter, réplique que, grâce à sa politique, Londres aura bientôt « l'air le plus propre d'Europe, à part peut-être dans les Alpes ». Avant de se reprendre : « Qui sait, peut-être qu'un jour on viendra de la campagne pour respirer l'air pur de notre ville. » On en est loin.

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