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Nucléaire : EDF révise encore en baisse sa prévision de production

Les prix de l’électricité sur le marché de gros grimpent à des niveaux record. EDF a décalé de quelques semaines le redémarrage de plusieurs réacteurs.

Par Véronique Le Billon

Publié le 3 nov. 2016 à 19:15

A mesure que les températures extérieures descendent en France, elles montent sur les marchés de l’électricité. Alors que le mégawattheure (MWh) s’échangeait autour de 70 euros il y a quelques jours, il faut désormais débourser 275 euros pour une livraison la semaine prochaine. Pour les heures de pointe, le prix de gros a même dépassé 500 euros/MWh, une situation inédite depuis le pic historique de froid en France, en février 2012, quand la consommation avait atteint 102,1 GW.

La situation est liée, pour une part, à la chute programmée des températures : elles devraient être inférieures de 4 à 5 degrés aux normales saisonnières la semaine prochaine. Pour produire plus d’électricité, les moyens de production les plus chers sont donc progressivement appelés sur le réseau (charbon, gaz, fioul...). En France, pays européen le plus « thermo-sensible » en raison de la forte part du chauffage électrique (environ 30 %), un degré en moins entraîne une demande supplémentaire de 2,4 gigawatts.

300 millions d’euros d’Ebitda en moins

Mais si ce froid précoce inquiète les marchés, c’est parce qu’il se conjugue avec les arrêts exceptionnels de réacteurs nucléaires. Jeudi, vingt tranches étaient encore à l’arrêt, représentant 20 GW, soit près d’un tiers des capacités nucléaires. Et le gestionnaire du réseau de transport d’électricité RTE, qui doit présenter ce vendredi son scénario annuel du « passage de l’hiver », a dû revoir en hâte ses prévisions pour les semaines à venir : EDF lui a signifié mercredi soir qu’il décalait le redémarrage de cinq réacteurs nucléaires. L'électricien public a d’ailleurs révisé en baisse une troisième fois, jeudi soir, son objectif de production nucléaire pour cette année, entre 378 et 385 térawattheures (contre 414 TWh initialement prévus). Cela réduit encore de 300 millions d’euros sa prévision d’Ebitda pour 2016 (entre 16 et 16,3 milliards d’euros).

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Seules sept réacteurs sont programmés pour produire à nouveau de l’électricité d’ici à mi-novembre. Et quatre tranches supplémentaires doivent être arrêtées pour trois semaines en décembre et janvier suite aux contrôles demandés par l’Autorité de sûreté nucléaire. Le marché risque donc de rester fortement volatil ces prochaines semaines. « Dès que la demande d’électricité de pointe dépassera les 85 GW dans le contexte actuel de maintenances élevées, les prix spot d’électricité risquent de monter fortement », note Hélène Bonfils, consultante à IHS.

« Notre inquiétude, c’est l’impact sur les process des grands clients industriels en cas de délestage »

La hausse des prix n’aura pas d’effet immédiat sur les factures des consommateurs. « Les prix reflètent des volumes marginaux, parce que les fournisseurs qui ont fait correctement leur travail ont déjà couvert les besoins de leurs clients », estime un fournisseur. Pour les ménages, la formule de calcul des prix au détail est en outre lissée sur longue période. Mais les inquiétudes actuelles alimentent tout de même une hausse des prix de gros pour livraison l’an prochain. A 49 euros/MWh, ils dépassent désormais largement le niveau de l’Arenh (42 euros/MWh), le tarif auquel EDF doit vendre à ses concurrents jusqu’à un quart de sa production nucléaire, une contrepartie à son monopole pour animer la concurrence dans la fourniture d’électricité. Il y a donc fort à parier que les fournisseurs choisissent cette option – ils doivent se prononcer mi-novembre. Face à des risques de spéculation, EDF avait demandé une suspension de ce dispositif, mais le gouvernement a choisi de temporiser .

Au-delà de l’évolution des prix de marché, certains redoutent désormais des délestages en cas d'hiver rude. « Notre inquiétude, c’est l’impact sur les process des grands clients industriels en cas de délestage », poursuit ce fournisseur. « Nous ne nous attendons pas à plus de 100 gigawatts de consommation cet hiver car la demande a baissé ces dernières années », note toutefois Hélène Bonfils, d’IHS.

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