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Une cape d’invisibilité contre les séismes et les tsunamis

Publié le par PcfBalaruc

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Sébastien Guenneau et Stefan Enoch assurent pouvoir dévier les ondes d’une vague de tsunami. Du moins, de manière conceptuelle.
Des chercheurs internationaux présentaient mercredi dans un colloque au CNRS les avancées de la science en matière d’invisibilité et les applications pratiques qui en découlent. Par Marine Ditta 

Ils ne travaillent pas à Poudlard mais au CNRS, et utilisent la science plutôt que la magie. Leur Harry Potter ? Sébastien Guenneau, ce chargé de recherche parvenu à mettre au point un prototype de détournement des ondes sismiques et des vagues en faisant tout bonnement « disparaître » la zone à protéger. Tout est parti d’une expérience en laboratoire : «En perforant de manière concentrique une plaque de plexiglas et en la faisant vibrer, on s’est rendu compte que les ondes ne se diffusaient pas partout mais passaient de trou en trou en épargnant la zone centrale, sans pour autant être diffractées», expliquait Guenneau mercredi pour présenter son projet. La zone épargnée serait donc en quelque sorte ignorée par les ondes, comme si elle n’existait pas.

Protéger les zones à risques. Le test s’est révélé assez concluant pour qu’une expérience à grande échelle soit envisagée à Grenoble le mois prochain. L’entreprise de BTP Vinci s’est associée à ce projet gigantesque : creuser des colonnes de 30 mètres de profondeur pour un mètre de diamètre sur un terrain de 5000 m², puis provoquer un microséisme en larguant une cloche de 30 tonnes du haut d’une grue, et observer si la diffusion des ondes est conforme aux prévisions et contourne la zone préétablie. Une expérience analogue est également en cours d’élaboration concernant les tsunamis, qui consisterait à ériger des pylônes au fond de la mer selon le même schéma, afin de dévier les vagues. 
Si la pratique vient confirmer la théorie, le projet risque de faire des émules. Le scientifique a d’ailleurs déjà déposé trois brevets pour protéger ses découvertes. «À terme, notre but est de pouvoir protéger les zones à risques, comme les centrales nucléaires, les structures offshore ou les ports, en déviant les ondes vers des zones inhabitées», détaille Sébastien Guenneau, précisant ensuite que l’Institut Fresnel, dont il dépend, s’est vu attribuer 1,3 million d’euros sur cinq ans par l’Union Européenne pour développer l’idée.

Les scientifiques «très optimistes». Modeste, le chercheur estime qu’il se base essentiellement sur les travaux de John Pendry, également présent au colloque. Théoricien renommé de l’Imperial College de Londres, Pendry a en effet inauguré l’ère de l’invisibilité en créant, à la fin des années 1990, des structures aux propriétés exceptionnelles de réflexion des ondes, les métamatériaux, des matériaux conçus en laboratoire car n’existant pas à l’état naturel. En 2006, il a ainsi élaboré la «cape d’invisibilité», assemblage concentrique complexe de fines plaques de métamatériaux au centre duquel il a placé un objet pour le protéger des ondes lumineuses, tout en laissant celles-ci se diffuser comme s’il n’y avait ni objet ni cape. La perception par l’œil étant uniquement due à la diffusion de la lumière, la cape de Pendry parvenait à rendre l’objet invisible. Ce sont les propriétés de réflexion de cette cape qui ont inspiré Guenneau dans l’élaboration de son projet. Mercredi, les scientifiques se disaient «très optimistes» quant à l’avenir des recherches sur l’invisibilité. Ils envisagent l’application des théories de Pendry à d’autres propriétés physiques, projetant la fabrication d’une cape thermique, acoustique, voire temporelle… Cependant, ils tenaient à prévenir, non sans un sourire, que «pour une cape d’invisibilité digne du petit sorcier à lunettes, il faudra attendre encore un peu».

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