L'EPAW a fait parvenir sa demande de moratoire aux institutions européennes. Comment réagissez-vous?

Publicité

Nous voyons cette action comme un énième développement d'une campagne agressive et virulente menée par la Fed [Fédération environnement durable dirigée par Jean-Louis Butré, et qui s'est élargie à l'Europe sous la forme de l'EPAW, NDLR]. Les propos diffamants et injurieux qui ont été tenus prouvent qu'elle n'est pas du tout prête au débat, au compromis. La demande de stopper les implantations est extrêmiste et ne peut pas être reçue. C'est comique, voire ridicule: on ne peut pas tout arrêter!

Pourquoi?

Nous sommes face à une urgence climatique. Pour y répondre, il y eu le protocole de Kyoto, le Grenelle de l'environnement... Et nous avons pris des engagements en matière de développement durable. Cela suppose que nous developpions les énergies renouvelables. Il se trouve que l'éolien est la première filière électrique installée au monde, toutes filières confondues, y compris celles des énergies non renouvelables. Il faudrait s'arrêter au moment où Obama se lance frénétiquement dans les énergies alternatives et réalise en quelques mois ce que la France a fait en 5 ans?

Le moratoire évoque pourtant une contradiction entre l'essor de l'éolien et certaines contraintes sociales ou environnementales, également à prendre en compte dans le cadre du développement durable...

Tout un tas de raisons sont évoquées pour stopper l'éolien mais ce sont en fait de faux arguments. C'est du terrorisme intellectuel. Ce discours est irresponsable et grave, il empêche la filière de l'éolien de se développer. D'une part parce que nous perdons du temps à débattre de questions qui n'ont pas lieu d'être. D'autre part parce que les industriels sont effrayés par ces propos et préfèrent s'implanter là où il n'existe pas de problèmes d'une telle ampleur. La création d'entreprises et, par conséquent d'emplois, en pâtit.

Le moratoire dénonce "un effet totalement insignifiant (de l'énergie éolienne, NDLR) sur la diminution des émissions de CO en raison du recours intempestif aux centrales thermiques nécessaires pour compenser" l'intermittence de l'éolien. Qu'avez-vous à répondre?

Le problème de l'intermittence existe déjà dans le système électrique actuel et affecte l'équilibre offre/demande. Le RTE en France (Réseau de transport de l'électricité, NDLR) affirme lui-même savoir gérer cet inconvénient. De plus, nous pouvons très bien utiliser des centrales nucléaires, qui ne rejettent pas de CO, pour palier la diminution de la production si c'est nécessaire. Le seul vrai problème lié aux éoliennes, ce sont les paysages. Nous sommes prêts à nous réunir autour d'une table avec les acteurs concernés pour débattre de cette question et décider d'une planification.

L'EPAW a également fait une demande de bilan carbone, économique, environnemental et social de l'éolien européen depuis 10 ans. Qu'en pensez-vous?

Encore un faux argument! L'éolien est une énergie mécanique, elle ne pollue pas. Concernant le bilan économique, il suffit de regarder le développement du secteur à l'étranger: l'énergie éolienne représente 28 000 MW installés dans le monde et constitue la première filière énergétique aux Etats-Unis et en Europe.

Publicité