La Croix. Le projet de mettre en place des « zones d’action prioritaires pour l’air » (Zapa) dans huit villes de France est-il abandonné ?

Delphine Batho : Nous avons organisé ce matin une rencontre avec les huit agglomérations qui étaient volontaires pour expérimenter des restrictions de circulation dans leur centre-ville pour les véhicules les plus polluants (NDLR : Paris, Nice, Clermont-Ferrand, Grenoble, Lyon, Bordeaux, Aix-en-Provence, Saint-Denis).

En effet, elles n’avaient pas été en mesure de déposer leur dossier technique au ministère à l’échéance prévue du 13 juillet dernier. J’ai donc souhaité organiser cette réunion pour que nous échangions les points de vue. Il n’est pas question pour nous de nous en tenir au constat d’échec des Zapa.

Les villes candidates se sont notamment heurtées aux problèmes sociaux que posent ces restrictions de circulation. En effet, les véhicules qui émettent le plus de particules fines sont aussi les véhicules diesel les plus anciens…

D. B. : Ce souci est légitime. Il n’est pas souhaitable en effet de prendre des mesures de restrictions de la circulation qui pénaliseraient les citoyens les plus modestes et qui pourraient être perçues comme une injustice sociale. D’autant que l’impact de ces restrictions de circulation sur la qualité de l’air fait débat. La situation varie selon les agglomérations.

Dans les villes de la petite couronne, en région Île-de-France, des études montrent ainsi que les propriétaires des véhicules les plus polluants sont aussi ceux qui font un usage très occasionnel de leur véhicule. Interdire leur déplacement peut être vécu comme très pénalisant, alors même que cette interdiction aurait peu d’impact au final sur la qualité de l’air.

Envisagez-vous d’autres mesures ?

D. B. : Pour des raisons sanitaires, il est urgent d’améliorer la qualité de l’air dans les grandes agglomérations. Si certaines villes souhaitent toujours mettre en place des Zapa, nous n’allons pas les décourager. Mais nous allons étudier d’autres pistes. Toute une série de mesures, prenant en compte les particularités locales, peuvent être envisagées et nous allons y travailler avec les collectivités territoriales. Comment par exemple encourager le covoiturage, encourager l’usage de véhicules utilitaires non polluants ou encore limiter la vitesse sur les autoroutes urbaines. Un comité interministériel sur la qualité de l’air devrait déboucher sur des mesures concrètes en janvier prochain.