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Séisme : le Japon redoute des réactions en chaîne

Les sismologues japonais estiment que les secousses réparties dans trois régions distinctes se sont peut-être stimulées.

Par  (Tokyo, correspondance)

Publié le 18 avril 2016 à 07h56, modifié le 18 avril 2016 à 12h02

Temps de Lecture 3 min.

Les séismes des 14 et 16 avril dans l’île de Kyushu (sud-ouest du Japon), qui ont fait 42 morts et plus de 1 000 blessés selon le bilan provisoire, suscitent des interrogations dans la communauté des sismologues japonais. Le 18 avril, l’agence japonaise de météorologie avait comptabilisé plus de cinq cents répliques dans la région, une activité jugée inhabituelle qui pourrait être due à une sorte de réaction en chaîne.

L’hypothèse part du constat que le premier séisme, de magnitude 6,5 (6,2 selon l’USGS, l’agence américaine chargée de la surveillance de l’activité sismique) a eu lieu dans le département de Kumamoto, et le second, de magnitude 7,3 (7 selon l’USGS) dans celui d’Oita, à une centaine de kilomètres au nord-est.

L’épicentre du premier se situait dans la partie nord de la faille de Hinagu, là où elle rejoint celle de Futagawa. « Il peut y avoir eu une rupture dans la partie nord de la faille de Hinagu, estime Hiroshi Sato, de l’Institut de recherche sur les séismes de l’université de Tokyo, qui pourrait en avoir provoqué une dans celle de Futagawa ». Ce mouvement aurait déclenché le tremblement de terre du 16 avril, dont l’épicentre était dans le nord de cette faille.

  • Des dizaines d'habitants étaient pris au piège samedi après un nouveau tremblement de terre dans le sud-ouest du Japon, qui a tué au moins dix-huit personnes et provoqué destructions, incendies et glissement de terrain.

    Des dizaines d'habitants étaient pris au piège samedi après un nouveau tremblement de terre dans le sud-ouest du Japon, qui a tué au moins dix-huit personnes et provoqué destructions, incendies et glissement de terrain. KAZUHIRO NOGI / AFP

  • Neuf personnes avaient déjà péri dans un premier séisme d'une magnitude de 6,5 survenu jeudi soir. Ici la ville de Mashiki, dans la préfecture de Kumamoto,  à quelque 900 km de Tokyo..

    Neuf personnes avaient déjà péri dans un premier séisme d'une magnitude de 6,5 survenu jeudi soir. Ici la ville de Mashiki, dans la préfecture de Kumamoto, à quelque 900 km de Tokyo.. KAZUHIRO NOGI / AFP

  • Ces nouvelles secousses ont mis à rude épreuve les nerfs des habitants, éprouvés par les répliques à répétition, et déclenché une gigantesque coulée de boue et de pierres dans la zone de Minami-Aso, emportant des maisons et coupant une autoroute.

    Ces nouvelles secousses ont mis à rude épreuve les nerfs des habitants, éprouvés par les répliques à répétition, et déclenché une gigantesque coulée de boue et de pierres dans la zone de Minami-Aso, emportant des maisons et coupant une autoroute. MINISTRY OF DEFENCE / AFP

  • "Nous devons avant tout sauver des vies. Nous devons agir vite", a lancé le premier ministre Shinzo Abe qui a annulé sa visite dans la région et convoqué un conseil de crise. "La météo devrait se dégrader, des pluies et du vent sont attendus et nous redoutons des glissements de terrain et autres désastres", a-t-il averti.

    "Nous devons avant tout sauver des vies. Nous devons agir vite", a lancé le premier ministre Shinzo Abe qui a annulé sa visite dans la région et convoqué un conseil de crise. "La météo devrait se dégrader, des pluies et du vent sont attendus et nous redoutons des glissements de terrain et autres désastres", a-t-il averti. KAZUHIRO NOGI / AFP

  • Quelque 65 000 habitants, se retrouvant sans toit, ont trouvé refuge dans des centres d'accueil, tandis que des dizaines de milliers de foyers étaient toujours privés d'eau, d'électricité et de gaz. "Je n'ai rien à manger, rien à boire, je ne sais pas quoi faire", a confié à la presse Tomoko Goto, 67 ans.

    Quelque 65 000 habitants, se retrouvant sans toit, ont trouvé refuge dans des centres d'accueil, tandis que des dizaines de milliers de foyers étaient toujours privés d'eau, d'électricité et de gaz. "Je n'ai rien à manger, rien à boire, je ne sais pas quoi faire", a confié à la presse Tomoko Goto, 67 ans. KAZUHIRO NOGI / AFP

  • "Nous sommes sorties de la maison à cause des secousses qui n'en finissaient pas", a raconté Hisako Ogata, 61 ans, évacuée avec sa fille dans un parc de Kumamoto où une cinquantaine de personnes étaient assises sur des bâches de plastique bleu. "On a eu tellement peur, mais heureusement nous sommes vivantes !"

    "Nous sommes sorties de la maison à cause des secousses qui n'en finissaient pas", a raconté Hisako Ogata, 61 ans, évacuée avec sa fille dans un parc de Kumamoto où une cinquantaine de personnes étaient assises sur des bâches de plastique bleu. "On a eu tellement peur, mais heureusement nous sommes vivantes !" KAZUHIRO NOGI / AFP

  • Le gouvernement va envoyer des renforts au cours du week-end, portant à 20 000 les effectifs de sauveteurs sur place.

    Le gouvernement va envoyer des renforts au cours du week-end, portant à 20 000 les effectifs de sauveteurs sur place. KAZUHIRO NOGI / AFP

  • Situé à la jonction de quatre plaques tectoniques, l'archipel subit chaque année plus de 20 % des séismes les plus forts recensés sur Terre. Les Japonais sont encore plus sensibles aux risques depuis le tsunami de mars 2011, qui a tué quelque 18 500 personnes et provoqué la catastrophe nucléaire de Fukushima.

    Situé à la jonction de quatre plaques tectoniques, l'archipel subit chaque année plus de 20 % des séismes les plus forts recensés sur Terre. Les Japonais sont encore plus sensibles aux risques depuis le tsunami de mars 2011, qui a tué quelque 18 500 personnes et provoqué la catastrophe nucléaire de Fukushima. Shohei Miyano / AP

  • Contrairement au précédent séisme, qui a affecté surtout des maisons vétustes, celui-ci a endommagé ou fait basculer des bâtiments plus importants à travers la préfecture de Kumamoto.

    Contrairement au précédent séisme, qui a affecté surtout des maisons vétustes, celui-ci a endommagé ou fait basculer des bâtiments plus importants à travers la préfecture de Kumamoto. KAZUHIRO NOGI / AFP

  • "J'ai été réveillé par le séisme. Mon corps rebondissait sur le lit. Le téléviseur est tombé", a témoigné un photographe de l'AFP.

    "J'ai été réveillé par le séisme. Mon corps rebondissait sur le lit. Le téléviseur est tombé", a témoigné un photographe de l'AFP. KAZUHIRO NOGI / AFP

  • Un hôpital de la ville de Kumamoto qui penchait dangereusement a été évacué en fin de nuit samedi. L'aéroport a été fermé en raison de la chute du plafond du terminal.

    Un hôpital de la ville de Kumamoto qui penchait dangereusement a été évacué en fin de nuit samedi. L'aéroport a été fermé en raison de la chute du plafond du terminal. HANDOUT / AFP

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« Quand un puissant séisme survient, ajoute Atsumaya Okada, spécialiste de géomorphologie à l’université de Kyoto, il provoque parfois des secousses dans d’autres zones. Comme l’activité sismique s’intensifie dans les régions de Kumamoto et d’Oita, il semble qu’elles se stimulent réciproquement. »

Crainte du grand séisme de la fosse de Nankai

Les experts de l’agence de météorologie jugent que les secousses se répartissent dans trois zones distinctes : Kumamoto, la région du mont Aso (nord de Kumamoto), qui est entré brièvement en éruption samedi, et le centre d’Oita.

De quoi se poser des questions pour l’avenir, car les failles concernées sont liées à la ligne tectonique médiane du Japon, qui s’étend du Kyushu au département Nagano, dans le centre de l’archipel, en passant par l’île de Shikoku.

De ce fait, certains sismologues redoutent une « remontée » de l’activité sismique le long de cette ligne. « Le dernier séisme pourrait provoquer des secousses dans le détroit de Bungo, estime ainsi Yoshinobu Tsuji, de l’Institut de recherche sur les bâtiments, qui sépare le Kyushu de l’île de Shikoku. »

Cette hypothèse ravive également les craintes du redouté grand séisme de la fosse du Nankai, qui correspond à la zone de subduction entre les plaques de la mer des Philippines et de l’Eurasie, le long de la côte est du Japon. La possibilité que l’activité dans le Kyushu provoque un tremblement de terre dans cette zone « reste minime », estime Takashi Furumura, de l’université de Tokyo. Mais, rappelle le chercheur, « comme il n’y a pas eu de puissant séisme dans la fosse de Nankai depuis environ soixante-dix ans, il pourrait y en avoir un dans un avenir proche ».

La centrale de Sendai maintenue en activité

Outre les craintes de nouvelle catastrophe, les séismes du Kyushu ravivent les débats autour du nucléaire. S’appuyant sur l’avis de l’autorité japonaise de régulation du nucléaire, l’ARN, le gouvernement a décidé de maintenir en fonctionnement la centrale Sendai, dans le département de Kagoshima (sud de Kumamoto) dont les deux réacteurs sont les seuls en fonction dans l’archipel. D’après le ministre de l’environnement Tamayo Marukawa, l’accélération sismique maximale enregistrée au sol de la centrale les 14 et 16 avril n’a pas dépassé 12,6 gal. Or les normes en vigueur fixent à 620 gal la limite pour arrêter un réacteur.

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« Les secousses enregistrées restent suffisamment basses », juge le porte-parole du gouvernement Yoshihide Suga. Le parti communiste appelle à l’arrêt de la centrale, de manière préventive. Un éventuel accident compliquerait les questions d’évacuation dans une région aux capacités de transports aujourd’hui fortement perturbées.

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