Journée nationale des sols vivants : «Les sols sont à l'agonie»

  • Marcel Bouché (à gauche) est venu accompagné d'Olivier Husson, spécialiste des sols.
    Marcel Bouché (à gauche) est venu accompagné d'Olivier Husson, spécialiste des sols. Photo DDM, Nicolas Guégan
Publié le , mis à jour
Nicolas Guégan

Dans le cadre de la journée nationale des sols vivants, Michel Bouché, spécialiste des vers de terre, donnera aujourd'hui une conférence à la salle de l'Astrada.

À 80 ans passés, Marcel Bouché n'a rien perdu de sa verve. Cet éminent spécialiste des vers de terre continue de faire le tour du monde des auditoriums. Il y a peu, il était à Shanghai pour présider un colloque. Mais, aujourd'hui, c'est bien dans le Gers, et plus précisément à Marciac, qu'il va partager son savoir lors de la journée nationale des sols vivants. Un événement organisé dans le cadre du festival Paysages in Marciac. Et qui ne devrait pas manquer de piquant. Interview.

Cette journée est consacrée au x sols vivants. Cela signifie-t-il qu'il existe des sols morts ?

Je ne suis pas à l'origine de cette expression de «sols vivants». À mon sens, il faut davantage l'opposer à celle de sols à l'agonie. Même si tout est fait pour qu'ils soient morts.

À qui la faute ?

Les scientifiques sont les premiers responsables. Ils se contentent d'étudier le sol sans prendre la peine de regarder le sous-sol. Seule la partie visible des végétaux les intéressent. Ils ne se préoccupent pas des racines. Sauf des carottes et autres légumes-racines. Résultat, leur discours est de la pure spéculation intellectuelle.

L'agriculture intensive n'est-elle pas aussi responsable ?

Les champs nus sont un désastre. Cela prive tout simplement les vers de terre de nourriture. Sans oublier les conséquences du massacre de la terre avec la mécanisation et les tracteurs. Pour vous donner une image simple, c'est comme si un médecin, avant de vous ausculter, vous passait au broyeur.

Les laboratoires n'ont-ils pas également une part de culpabilité ?

Je ne vais pas reprocher à Bayer et compagnie de faire du Bayer et compagnie. Ces sociétés font ce qu'elles doivent faire : gagner de l'argent. Moi, je m'attaque aux scientifiques qui n'ont aucune idée de la définition du mot «écologie».

Et quelle est-elle donc cette définition ?

Pour la trouver, il faut se référer à un ouvrage paru en 1 866 dans ce qui n'était alors que la Prusse. Ernst Haeckel, l'auteur, la définit ainsi : «Nous entendons par écologie la science globale des relations des organismes avec leur monde extérieur environnant dans le lequel nous incluons, au sens large, toutes les conditions d'existence.»

Êtes-vous aigri ?

Non, mais je suis atterré par l'irresponsabilité de la collectivité scientifique envers la société.

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