Les casses automobiles tournent à plein régime

Le succès de prime à la conversion a fait bondir de 30% l’activité des casses automobiles. Reportage à Romorantin (Loir-et-Cher), dans l’une des plus grandes de France.

    De la fumée, un vacarme assourdissant, des flaques d'huile au sol et des carcasses qui s'amoncellent dans les coins ? Oubliez l'image traditionnelle que l'on se fait de la casse auto. Aujourd'hui, c'est plutôt : robots démantibuleurs, traçage informatique, réemploi et recyclage, le tout dans un calme impressionnant. Comme sur le site de Re-Source, propriété du recycleur Indra (380 centres agréés en France), dans la banlieue de Romorantin (Loir-et-Cher). D'ailleurs, ne parlez plus de casse, mais plutôt de centre pour « Véhicule hors d'usage » (VHU).

    Comme les 1700 centres qui se partagent le marché en France, Re-Source a vu son activité bondir avec le succès de la prime à la conversion. « Comme le site n'est pas extensible, et que nous n'avons pas le droit d'empiler les véhicules les uns sur les autres, raconte Nicolas Paquet, l'un des responsables de Re-Source, il a fallu s'arranger pour faire de la place. » La largeur des allées a été réduite, et les voitures resserrées les unes contre les autres. Pas suffisant? Des mesures ont donc été prises pour accélérer le rythme. « Nos 33 salariés traitent jusqu'à 5000 véhicules par an, reprend le responsable. Ce qui fait de notre site l'un des plus importants de France. »

    Démontage d’un véhicule, pièce par pièce./LP/Yann Foreix
    Démontage d’un véhicule, pièce par pièce./LP/Yann Foreix Erwan Benezet (@erwanbenezet)

    Un centre tous les 50 km

    Les véhicules proviennent des compagnies d'assurances, des concessions et de particuliers qui les déposent gratuitement. La réglementation impose en effet un maillage de centres VHU au maximum tous les 50 km, afin d'encourager le retraitement des voitures en fin de vie.

    Mais que deviennent ces véhicules une fois entreposés sur le site? Prenons l'exemple de cette Renault diesel Laguna. Un code-barres lui a été attribué, une carte d'identité informatique qui la suivra pendant tout son parcours. Première étape : l'expertise. Il s'agit d'identifier toutes les pièces - carrosserie, selleries, optiques, vitrages, etc. - qui, une fois reconditionnée, pourront être revendues d'occasion.

    Et c'est parti pour un strip-tease en règle ! Posée sur un chariot, notre Laguna passe entre les mains expertes de six opérateurs. Chacun a une mission très précise, et pas plus de 15 minutes pour l'accomplir. La dépollution tout d'abord. Ici un trou est percé dans un réservoir ; là, c'est un tuyau que l'on coupe ; ou un boulon qui est desserré. La voiture se vide de tous ses fluides : le carburant bien sûr, liquides de frein, de refroidissement, du lave-glace, les huiles moteur et de boîte de vitesses, le gaz de climatisation, et même sur ce modèle, le liquide de la direction assistée hydraulique.

    «Revaloriser au moins 95 % de la masse totale des véhicules hors d'usage»

    Un moteur extrait d’une Laguna./LP/Yann Foreix
    Un moteur extrait d’une Laguna./LP/Yann Foreix Erwan Benezet (@erwanbenezet)

    Le pot catalytique est précieusement mis de côté. Les quelques microgrammes de terres rares qu'il renferme (rhodium, palladium, etc.) se revendent facilement plusieurs dizaines d'euros sur le marché. Moment délicat : l'extraction du moteur. La voiture est basculée sur son flanc gauche au moyen d'un énorme levier, et les 200 kg du moteur sont extraits en un tour de main. En bon état, il pourra être envoyé à l'export pour remplacer un moteur défectueux, ou bien être pourvoyeur de pièces de rechange. Un marché porteur qui génère environ 450 M€ par an, soit 4 % du marché global des pièces détachées. Re-Source a lui-même développé un magasin de revente directe de ces pièces sur le site, à destination des particuliers.

    Le stock des pièces détachées. /LP/Yann Foreix
    Le stock des pièces détachées. /LP/Yann Foreix Erwan Benezet (@erwanbenezet)

    « Au final, la réglementation européenne oblige à revaloriser au moins 95 % de la masse totale des véhicules hors d'usage, rappelle Loïc Bey Rozet, le directeur général d'Indra. Soit en reconditionnant certaines pièces, soit en recyclant la matière. » Les 5 % seront envoyés dans des centres dédiés un peu partout en France pour être définitivement enfouis… sous terre.