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L'hébergement de WikiLeaks en France menacé

Eric Besson avait demandé aux autorités compétentes d'empêcher l'hébergement du site par l'entreprise française OVH. Cette dernière estime que c'est au juge seul de décider de la légalité de cet hébergement.

Le Monde avec AFP

Publié le 03 décembre 2010 à 13h50, modifié le 03 décembre 2010 à 19h01

Temps de Lecture 3 min.

Le ministre de l'industrie, de l'énergie et de l'économie numérique, Eric Besson.

Eric Besson et les services de l'Etat peuvent-ils faire interdire l'hébergement de WikiLeaks par la société roubaisienne OVH ? "C'est au juge d'en décider", répond en substance Octave Klaba, fondateur d'OVH, dans un message sur le forum de sa société. Il annonce également qu'OVH va saisir le juge des référés "afin qu'il se prononce sur la légalité ou pas de ce site sur le territoire français (...) compte tenu de pressions qui commencent réellement à se faire sentir, même à Roubaix Valley".

Plus tôt dans la journée, Eric Besson, ministre de l'économie numérique, avait demandé aux autorités compétentes "quelles actions peuvent être entreprises afin que ce site Internet ne soit plus hébergé en France". Eric Besson justifie cette décision en indiquant que le site a "violé" le secret diplomatique en publiant, depuis le 28 novembre, des centaines de documents confidentiels américains en collaboration avec Le Monde et d'autres grands titres de la presse mondiale.

"ON NE PEUT HÉBERGER DES SITES INTERNET QUALIFIÉS DE CRIMINELS"

"Cette situation n'est pas acceptable. La France ne peut héberger des sites Internet qui violent ainsi le secret des relations diplomatiques et mettent en danger des personnes protégées par le secret diplomatique", affirme le ministre dans sa lettre (.pdf) au Conseil général de l'industrie, de l'énergie et des technologies, un vivier d'ingénieurs des mines et des télécoms à la disposition du gouvernement pour répondre à des questions relevant de leur domaine de compétence.

"On ne peut héberger des sites Internet qualifiés de criminels et rejetés par d'autres Etats en raison d'atteintes qu'ils portent à leurs droits fondamentaux, écrit Eric Besson. Je vous demande de bien vouloir m'indiquer dans les meilleurs délais possibles quelles actions peuvent êtres entreprises afin que ce site Internet ne soit plus hébergé en France et que tous les opérateurs ayant participé à son hébergement puissent être dans un premier temps sensibilisés aux conséquences de leurs actes, et dans un deuxième temps placés devant leurs responsabilités."

La députée UMP Murielle Marland-Militello, en mai 2002.

Le ministre de l'économie numérique est soutenu par la députée UMP Murielle Marland-Militello, qui estime dans un communiqué que "le pire d'Internet n'a pas le droit de cité en France". La députée dénonce les "méthodes abjectes" de WikiLeaks, qui "n'a pas sa place dans l'Internet civilisé que nous devons construire".

OVH ESTIME ÊTRE PRESTATAIRE TECHNIQUE

"Ce n'est pas au monde politique ni à OVH de demander ou de décider de la fermeture ou pas d'un site, mais à la justice, estime Octave Klaba, fondateur d'OVH. C'est comme ça que ça doit marcher dans un pays de droit." La société a saisi le juge des référés pour qu'il statue sur la légalité de la présence du site en France, et espère sa réponse d'ici à "ce soir ou demain. Et OVH appliquera sa décision immédiatement".

Le PDG affirme avoir découvert dans la presse que son entreprise hébergeait WikiLeaks. En effet, "le système [pour commander un serveur] est totalement automatique et fonctionne vingt-quatre heures sur vingt-quatre". "OVH est une entreprise qui fournit les infrastructures, le fameux cloud computing disponible en quelques heures, et notre rôle est d'assurer cette prestation technique. C'est tout." Octave Klaba estime également que, "juridiquement parlant", OVH n'est pas hébergeur de WikiLeaks mais "prestataire technique de la solution technique que le client a commandée".

HÉBERGEMENT EN FRANCE, EN SUÈDE ET AUX ÉTATS-UNIS

OVH n'héberge pas la totalité des serveurs de WikiLeaks. D'après ZDNet, ces derniers se partageraient entre la France, la Suède et les Etats-Unis. Plus précisément, la société suédoise Bahnhof a confirmé à ZDNet qu'elle hébergeait deux serveurs de WikiLeaks. "Nous leur fournissons uniquement des ressources et n'avons aucun contrôle sur leur contenu ou la façon dont ils gèrent leur trafic", a précisé la porte-parole de l'hébergeur. Toujours selon le site spécialisé, Bahnhof héberge la page Collateralmurder.com, qui contient la vidéo d'un hélicoptère de l'armée américaine tirant sur des civils irakiens.

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OVH héberge, quant à lui, les pages WikiLeaks.ch et Cablegate.wikileaks.org, qui contient les fameux câbles diplomatiques. Les pages des War Logs (carnets de guerre) d'Irak et d'Afghanistan seraient hébergées aux Etats-Unis par le Massachusetts Institute of Technology, selon ZDNet, qui n'a pas encore pu avoir confirmation officielle de la part de celui-ci. Les pages en question sont actuellement sous le coup d'une cyber-attaque.

En parallèle, des groupes d'internautes à travers le monde se sont mobilisés pour héberger sur leurs propres serveurs des "sites-miroirs" de WikiLeaks, c'est-à-dire la copie exacte du site original. Plusieurs de ces initiatives proviennent de France, comme pour le miroir Wikileaks.fdn.fr.

Le Monde avec AFP

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