Première utilisatrice de glyphosate, la SNCF tente de désherber autrement

L’entreprise ferroviaire expérimente des solutions alternatives, avant l’interdiction de 2021. Mais la facture s’annonce salée.

 La végétation ne cesse de se développer le long des voies ferrées, nécessitant un désherbage régulier afin d’assurer la circulation des trains.
La végétation ne cesse de se développer le long des voies ferrées, nécessitant un désherbage régulier afin d’assurer la circulation des trains. LP/Olivier Boitet

    Déverser de l'eau bouillante sur les « mauvaises herbes », utiliser des troupeaux de robots tondeurs autonomes, étendre des bandes géotextiles le long des voies… La SNCF a déployé l'artillerie lourde pour diminuer sa dépendance aux pesticides. Guillaume Pépy, l'ex-PDG de la compagnie ferroviaire française, s'était engagé à une sortie du glyphosate en 2021, conformément à la loi.

    Plus facile à dire qu'à faire, alors que la ministre a annoncé ce vendredi l'interdiction des pesticides de synthèse pour des usages non agricoles. Avec près de 40 t épandues chaque année sur les rails, la SNCF est le plus gros utilisateur français du célèbre désherbant. Rien d'étonnant, elle a 95 000 ha à entretenir. Jusqu'à présent, elle faisait surtout circuler des trains « désherbants » qui épandent des produits chimiques une fois par an sur le ballast.

    30 millions d'euros par an

    Pour l'entreprise, la chasse aux herbes folles est une question de sécurité : la végétation retient l'eau et déforme le chemin de fer. Elle peut aussi gêner les rayons laser vérifiant l'écartement des rails ou rendre plus complexes les tournées d'inspection des cheminots. Par ailleurs, les pistes longeant les voies doivent impérativement être dégagées pour permettre aux agents de se déplacer rapidement et évacuer les voyageurs en cas de problème.

    « On n'a pas une solution miracle mais on a plusieurs solutions », avait dit en avril à l'Assemblée nationale Thomas Joindot, responsable de l'ingénierie de conception et de maintenance de l'infrastructure chez SNCF Réseau. Avant d'ajouter : « On a encore beaucoup d'incertitudes sur les coûts, sur l'efficacité, sur l'impact environnemental et sur les délais. »

    Parmi les limites, l'entreprise publique relève que l'usage d'eau chaude est risqué pour les installations électriques tout autour des voies. SNCF Réseau dépense 30 millions d'euros par an pour traiter les voies et les pistes. Avec l'interdiction du glyphosate en 2021, la facture pourrait, selon ses calculs, atteindre 500 millions avec les moyens actuellement à disposition, 350 millions « avec des standards dégradés ».

    Le Parisien, partenaire de la consultation «Comment agir ensemble dès maintenant pour l'environnement ?», initiée par Make.org, vous invite à proposer vos idées et voter sur celles des autres participants dans le module ci-dessous. Vous serez informés des résultats en février 2020.