Par
Nicolas DUPONT-AIGNAN
- Conférence de presse, mercredi 13 juin,
Candidat à
la présidence de la République - Député de l’Essonne -
Président de Debout la
République.
(cliquez
sur la photo)
I – LE CONSTAT : LE FIASCO
EN FRANCE DE LA LIBÉRALISATION DU MARCHE DE L’ÉNERGIE EUROPÉEN
A) Grâce au Service
Public de l’électricité et du gaz, la France :
- a pu bénéficier d’une
fourniture, sûre, égale et à un tarif abordable de l’électricité et du
gaz sur l’ensemble du territoire français,
- a pu renforcer grâce à
un effort national son indépendance énergétique - 80% de la production
électrique sont d’origine nucléaire.
B) Au sommet de
Barcelone, à la veille du premier tour de l’élection présidentielle de
2002, Jacques Chirac et
Lionel Jospin ont accepté en
catimini la libéralisation du marché de l’énergie en France :
- La loi du 29 août
2004 a ouvert le capital d’EDF mais a instauré des garde-fous :
- maintien de la
propriété publique (plancher de 70%),
- maintien d’exigences de
service public,
- investissement dans
l’EPR.
- C’est pourquoi, tout en
pointant du doigt les dangers de cette évolution, je me suis abstenu sur
le projet de loi .
C) La libéralisation des
tarifs pour les professionnels et l’ouverture du capital d’EDF/GDF ont
des effets
désastreux :
1
Les tarifs ont explosé :
- Les tarifs pratiqués
par EDF sur le marché libre ont bondi de 75% entre 2001 et 2006.
- EDF, ayant abandonné
son ancien « Tarif »*, aligne ses prix libres sur le Powernex et
s’approprie ainsi une rente de situation dont bénéficie son premier
actionnaire, l’État, au détriment des entreprises et des consommateurs
français.
- La Commission de
Bruxelles interdit toute vente d’électricité sur le marché libre sous le
tarif Powernex, au nom de la lutte contre le dumping, privant ainsi la
France d’un avantage comparatif parfaitement loyal !
- Pendant ce temps, GDF
tente d’imposer des augmentations de tarif très importantes, même si le
gouvernement a pu les contenir. Pour l’heure seulement.
- La France, dans un
marché européen en pénurie, abandonne l’un des avantages comparatifs qui
fondent son attractivité et importe les prix de ses partenaires !
2
La qualité du service public en pâtit :
- Les prestations d’EDF
et GDF se sont renchéries ou sont dégradées par rapport à la situation
antérieure : coupures immédiates de courant même en cas d’erreur de
l’entreprise sur les délais de paiement, difficulté à joindre des
conseillers, renchérissement du coût de déplacement d’un compteur gaz
dans un coffret (+23,53%), de branchement aérien (+15%), de contrôle des
appareils de comptage et le remplacement d’appareils (+35%).
- Menace sur le partage
des coûts d’entretien entre entreprises et collectivités locales.
- Destruction des
synergies existantes dans les services communs de GDF et EDF, alors que
pendant ce temps l’évolution de la rémunération des salaires des
dirigeants des deux entreprises a accompagné la flambée du cours des
hydrocarbures !
3
Les intérêts privés, plutôt que l’intérêt national :
- la course aux
dividendes au profit des actionnaires l’emporte sur la compétitivité et
la qualité de vie de la France, ainsi que sur la préparation de l’avenir
à long terme.
II – L’ ENJEU : PRÉSERVER
L’INDÉPENDANCE ÉNERGÉTIQUE DE LA FRANCE
A)
Dans un environnement mondial dégradé comme nous l’avions prévu en 2003,
le secteur de l’énergie est plus que jamais stratégique.
- L’Europe est très
dépendante (à l’exception de la Grande Bretagne, de la Norvège et de la
France)
B) L’enjeu est donc :
- d’éviter la
surconsommation d’énergie,
- de sécuriser les
approvisionnements,
- de moderniser notre
industrie électronucléaire,
- de développer les
énergies renouvelables,
- d’offrir les tarifs les
plus bas pour améliorer notre compétitivité et le pouvoir d’achat des
Français.
C) Le gouvernement ne
doit répondre qu’à une question et une seule : quel est le meilleur
système pour atteindre
ces objectifs ?
- Poursuivre la
dérégulation / libéralisation / privatisation, au risque de propager
l’explosion des tarifs à l’électricité vendue aux particuliers.
OU
- Reconnaître l’absurdité
pour la France de la libéralisation de l’énergie et revenir sur les
décisions prises au niveau de l’Union Européenne ces dernières années.
III – LE MAUVAIS CHOIX DU
MAINTIEN DE LA FRANCE DANS LE MARCHE EUROPÉEN DE L’ÉNERGIE
A) Les particuliers dans
la ligne de mire :
- La libéralisation du
marché de l’énergie pour les particuliers, qui doit intervenir le 1er
juillet 2007, devrait aboutir à terme à un renchérissement insupportable
du prix de l’énergie : le blocage des prix expire en 2011 / 2012, aucune
garantie quant à son renouvellement n’est prévue et cette mesure est de
toute façon contraire à la conception de la concurrence libre et non
faussée de l’Union Européenne - Commission, jurisprudence de la CJCE.
- Les Français risquent
ainsi de cumuler des prix très élevés avec l’entretien et la gestion
d’une industrie électronucléaire dont la raison d’être est précisément
la modicité de l’électricité et la garantie de son abondance !
- Ce n’est pas le moment
de rançonner les consommateurs et les entreprises en offrant des rentes
de situation à des intérêts privés (ou pire encore à l’État, qui se
créerait ainsi un impôt caché !), alors même que la croissance française
et le revenu des ménages restent bas.
B) L’intérêt national
bafoué :
- Il serait
contreproductif de créer des géants – même tricolores – de l’énergie qui
s’empresseraient de pressurer les particuliers, les entreprises et les
collectivités territoriales, en contrepartie de services de moindre
qualité.
- L’ouverture du capital,
pour des raisons bassement budgétaires, risque d’être de plus en plus
forte, permettant à des entreprises ou des fonds de pension étrangers de
mettre la main sur un secteur national stratégique.
- L’intérêt de ces
entreprises ou fonds de pension est peu compatible avec les
investissements de long terme dont doivent s’acquitter EDF et GDF.
C) Les politiques doivent
assumer leurs erreurs :
- La privatisation de GDF
et sa fusion avec SUEZ constituent une supercherie :
-
c’est une rupture de
l’engagement de l’État et du Parlement,
-
c’est mettre
définitivement le doigt dans l’engrenage d’une libéralisation
dangereuse,
-
c’est une mesure qui
décrédibilise la France en l’état de ses engagements européens
en matière de libéralisation du marché de l’énergie.
- Droite et gauche
doivent être capables de tirer la leçon de leurs propres erreurs au lieu
de s’entêter dans le déni et la fuite en avant. Il n’est tout simplement
pas possible de concilier service public de l’énergie à la française et
:
-
développement
international capitaliste d’EDF - ce que prétend la droite -,
-
respect des
contraintes de Bruxelles - ce que prétend la gauche, en
particulier Ségolène Royal.
Pour sortir de cette
spirale infernale, qui ne valide aucune des promesses des avocats du
tout-concurrence, la seule solution est de briser le tabou européen de
la libéralisation du marché de l’énergie.
IV – L’AUTRE SOLUTION : UNE
NOUVELLE RÉGULATION PUBLIQUE NATIONALE
A) L’électricité, une
ressource à part :
- Il faut aujourd’hui
reconnaître que l’électricité, de par sa nature, n’est pas un bien comme
les autres (elle n’est pas stockable), mais une ressource d’intérêt
général, dont la production et la distribution nécessitent
l’intervention de la puissance publique, seule à même d’assumer dans le
long terme les coûts et les risques inhérents.
B) Rétablir une vraie
politique énergétique nationale :
- Maintenir EDF et GDF
dans le domaine public tout en améliorant leur gestion.
- Procéder à la fusion
EDF/GDF dans un nouveau champion national, « Énergie de France » pour
renforcer notre qualité de vie, notre compétitivité et notre
attractivité.
- Rétablir le monopole
d’EDF au bénéfice de ce nouveau groupe, ainsi qu’un tarif bon marché
pour tous - entreprises, particuliers, collectivités publiques.
- Développer une vraie
politique d’économie d’énergie et de développement des énergies de
demain.
C) Trouver une porte de
sortie acceptable pour GDF et Suez
- Bloquer l’OPA sur Suez,
au nom de la défense du secteur stratégique de la distribution d’eau.
- Laisser le gouvernement
belge décider s’il préfère Suez ou Enel pour gérer Electrabel.
- Rétablir à terme un
service public de la distribution d’eau avec de meilleures garanties de
tarif pour les particuliers et les collectivités locales.
* :
Avant la libéralisation, le KWH vendu par EDF était facturé à son prix
de revient auquel était ajouté le coût de revient d’un KWH
supplémentaire, ce qui assurait à la fois la modicité du prix au
consommateur et le financement indéfini de la production d’électricité.
|