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ARGUTIE, subst. fém.
A.− Rare Raisonnement ingénieux, subtil :
1. Tortillé et précieux, doctoral et complexe, Hello, par les pénétrantes arguties de son analyse, rappelait à Des Esseintes les études fouillées et pointues de quelques-uns des psychologues incrédules du précédent et du présent siècle. Huysmans, À rebours,1884, p. 205.
SYNT. Arguties des docteurs; arguties logiques.
B.− Péj. (souvent au plur.). Subtilité excessive d'argumentation dont on use pour pallier la faiblesse, le vide ou la fausseté de la pensée :
2. Je me croyais un grand observateur parce que je réfléchissais beaucoup. Les arguties de mes analyses m'en cachaient la fausseté. P. Bourget, Le Disciple,1889, p. 203.
SYNT. Se perdre en arguties, être rompu aux arguties; tourner, s'enfoncer dans les arguties, être noyé dans l'argutie; se rendre coupable d'argutie.
En partic.
1. Argumentation spécieuse pour abuser d'autrui. Arguties de mauvaise foi, de mauvaise volonté; insipides, vaines arguties :
3. − Mais enfin, monsieur le marquis, reprit Hafner avec une visible souffrance, tant les arguties et la mauvaise volonté du gentilhomme irritaient en lui le sens de l'arrangement pratique et facile, où voulez-vous en venir? P. Bourget, Cosmopolis,1893, p. 262.
4. Aucune argutie ne pouvait, en effet, dissimuler aux officiers et aux soldats qui prenaient position sur la « dorsale » de Tunisie qu'ils faisaient, à présent, exactement la même chose que leurs camarades engagés en Libye et au Fezzan. De Gaulle, Mémoires de guerre,1956, p. 58.
2. Subtilité de pure forme, marquant le vide de la pensée. Arguties de mots :
5. Une action indigente ou forcée, des personnages abstraits comme des arguments de rhétorique, ou insipides comme une conversation de femmes du monde. Une caricature des sujets et des héros antiques. Un étalage de raison, de raisons, d'arguties, de psychologie, d'archéologie démodée. Des discours, des discours, des discours : l'éternel bavardage français. R. Rolland, Jean-Christophe,La Foire sur la place, 1908, p. 715.
Loc. Trêve d'arguties! Expression de l'impatience plus ou moins irritée, mettant un terme aux subtilités d'autrui ou de soi-même.
Rem. On rencontre dans la docum. 2 néol. d'aut. a) Argutial, ale, aux, adj. (1885, Laforgue, Les Complaintes, p. 198; suff. -al). Ambigu, subtil. b) Argutier, verbe trans. (1863, E. et J. de Goncourt, Journal, p. 1257; dés. -er). Raisonner avec une subtilité exagérée, raisonner sur des riens. Il gronde, il gronde, il argutie (E. et J. de Goncourt, Journal, 1869, p. 500). ,,Zola demande un exemple d'homme spirituel. Daudet lui cite Rochefort : « Merci! vous l'avez entendu, c'est lui qui a dit l'autre jour que Toché était un journaliste de talent! − Voyons, lui disons-nous, ça, c'est une faute de jugement, ça n'a rien à voir avec l'esprit! » Et après une conversation où il argutie sur l'esprit parlé, sur l'esprit écrit, il finit par dire : « Non, l'esprit, je ne sais pas ce que c'est : je cherche et je ne trouve pas... (...) ».`` (E. et J. de Goncourt, Journal, 1881, p. 102).
PRONONC. : [aʀgysi]. Fouché Prononc. 1959, p. 300 note que -tie se prononce [s] dans argutie, canitie, minutie, presbytie, etc. (cf. aussi acrobatie). Pour Fér. 1768, le mot compte 4 syllabes : arguci-e (cf. aussi Gattel 1841). Littré rappelle : ,,on disait aussi, dans le xvies., arguce, qui était la forme véritablement française; argutia avec l'accent sur gu donnant arguce, qui doit être plus ancien que le xvies. bien que l'on n'en ait point d'exemple``.
ÉTYMOL. ET HIST. − Ca 1520 « raisonnement pointilleux, subtilité de langage » (Colin Bucher, Poésies, 218, [Denais] ds Quem. : J'ay meilleur entendre Que tu n'as pas en l'art de rhétorique, Plus digne esprit, plus nette théorique, Plus d'argutie, et myeulx de quoy m'estendre). Empr. au lat. argutiae dep. Plaute, Bacch. 127 ds TLL s.v., 555, 50 au sens de « vivacité dans la parole, loquacité »; d'où subtilité (en bonne part), Cicéron, Orat. 100, ibid., 556, 7.
STAT. − Fréq. abs. littér. : Argutie. 44. Argutiales. 1.
BBG. − Foulq.-St-Jean 1962. − Pamart (P.). Laforgue et les mots. Vie Lang. 1971, p. 186. − Rat (M.). Les Deux verbes arguer. Déf. Lang. fr. 1968, no42, p. 12.