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« Brexit » : les réponses à vos questions

Conséquences concrètes du vote, impact ailleurs en Europe, calendrier… Les réponses aux questions que vous nous avez posées.

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Publié le 24 juin 2016 à 19h08, modifié le 24 juin 2016 à 20h24

Temps de Lecture 5 min.

Un bulletin de vote exposée à la vitrine d’une librairie, à Berlin, le 24 juin.

Conséquences concrètes du vote, impact ailleurs en Europe, calendrier… Les réponses aux questions que vous nous avez posées.

1. Quelles seront les conséquences concrètes du « Brexit » pour les expatriés vivant au Royaume-Uni ? Et pour les étudiants ?

Les conséquences du vote ne sont pas immédiates pour la plupart. Il faut désormais que cette sortie de l’Union européenne se mette en place dans les actes, ce qui prendra du temps. Tant que le Royaume-Uni est dans l’Union européenne, les règles concernant la libre circulation des personnes restent inchangées. N’étant pas un pays de la zone Schengen, il faudra toujours un document d’identité prouvant son appartenance à un pays de l’Union européenne pour voyager outre-Manche et pour y travailler.

Les choses se corseront à partir du moment où le « Brexit » sera effectif. Selon les modalités négociées entre le Royaume-Uni et les pays membres de l’UE, il se peut qu’il faille un visa pour se rendre outre-Manche. Si le Royaume-Uni arrive à négocier un accord lui permettant de rester au sein du marché unique, il est très probable que la libre circulation des personnes soit acquise. Mais le gouvernement britannique pourrait aussi imposer des restrictions liées au permis de travail. La réciprocité s’appliquant, les Britanniques auraient besoin d’un visa pour travailler dans un pays de l’Union européenne.

Les étudiants britanniques risquent de dépendre d’un accord futur afin de pouvoir continuer à bénéficier d’Erasmus, le programme européen permettant d’étudier un an à l’étranger. Les étudiants européens, eux, qui bénéficiaient jusqu’ici de frais de scolarité réduits dans les écoles et universités britanniques risquent de devoir payer plus cher.

2. La victoire du Brexit ouvre-t-elle la voie à d’autres référendums en Europe ?

Certains pays regardent avec intérêt le résultat du référendum. Selon Les Echos, « si la Grande-Bretagne quitte l’UE, un débat sur le retrait de la République tchèque sera à attendre dans quelques années », a prévenu Bohuslav Sobotka, le premier ministre tchèque. En France, le Front national ne cache pas ses velléités de proposer un référendum de sortie de l’Union européenne en cas de victoire à l’élection présidentielle de 2017. De même pour le Parti de la liberté, aux Pays-Bas, ou pour la Ligue du Nord, en Italie, qui profiteraient de cet appel d’air pro-exit.

Mais si nombre de responsables politiques eurosceptiques ont salué cette victoire du « Brexit », à commencer en France par Marine Le Pen, le fameux « effet domino » redouté par certains reste du domaine de la spéculation.

3. Ecosse et Irlande du Nord pourraient-elles quitter le Royaume-Uni ?

La première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, a déclaré vendredi 24 juin que « la possibilité d’un second référendum doit être sur la table et elle est sur la table » ; cent pour cent des circonscriptions écossaises ont voté en faveur du maintien dans l’UE.

Mme Sturgeon a ajouté qu’il était « hautement probable que l’Ecosse, qui a voté à 45 % pour un maintien au sein du Royaume-Uni en 2015 [ce dernier ne devant la courte majorité en sa faveur qu’à l’argument du maintien dans l’UE], propose un [nouveau] référendum sur son appartenance » à la couronne britannique.

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En Irlande du Nord, le vice-premier ministre nationaliste Martin McGuinness a proposé un référendum posant la question de la réunion du nord de l’île (qui appartient au Royaume-Uni depuis 1921) et du Sud, membre de l’Union européenne depuis 1973.

4. Quel calendrier pour la sortie de l’UE ?

Le résultat d’un vote par référendum n’est pas juridiquement contraignant. Néanmoins, David Cameron a déclaré le 24 juin que « la volonté du peuple britannique doit être respectée ». Le premier ministre laissera à son successeur l’épineux dossier de la sortie de l’Union européenne.

Pour que le Royaume-Uni quitte l’UE, il doit formellement annoncer ses intentions lors d’un conseil européen, comme décrit dans l’article 50 du traité de Lisbonne. Cela tombe bien, un conseil se tiendra les 28 et 29 juin, et le « Brexit » sera bien évidemment au centre des discussions. Une période de deux ans est prévue pour préparer la sortie, mais elle peut être raccourcie si un accord est trouvé. Elle peut aussi être allongée, mais il faut pour cela obtenir l’unanimité des Etats européens, faute de quoi le Royaume-Uni se retrouverait sans accords commerciaux ni accord préférentiel de libre circulation.

Commenceront alors de longues négociations sur les modalités du désengagement britannique, notamment concernant un éventuel accès au marché unique. Le ministère des affaires étrangères britannique a annoncé que les négociations pourraient mener à plus d’une décennie d’incertitudes, rappelant que, pour les traités commerciaux de grande ampleur, comme les accords entre l’UE et le Canada, les tractations ont pris des années. Ces accords ne sont d’ailleurs pas encore ratifiés.

5. Comment les Britanniques ont-ils voté par tranche d’âge ?

Les sondages britanniques ne sont pas d’une fiabilité à toute épreuve. Plusieurs donnaient d’ailleurs le oui vainqueur jusqu’à la veille du scrutin. Les quelques enquêtes publiées sur les votants, si elles restent susceptibles de biais divers, montrent en tout cas tous la même tendance : le vote en faveur du « Brexit » est d’autant plus élevé qu’on est dans des classes d’âge avancées : selon l’enquête réalisée par l’institut Ashcroft, le « Brexit » a recueilli 60 % des suffrages des plus de 65 ans, et 57 % chez les 45-54 ans, mais seulement 27 % des scrutins des 18-24 ans et 38 % des 25-34 ans.

Ces chiffres sont toutefois très probablement pondérés par l’abstention, structurellement bien plus élevée chez les plus jeunes électeurs. Il est donc erroné de dire que les jeunes auraient « massivement » voté contre le « Brexit » : ceux qui ont voté l’ont fait, mais beaucoup se sont sans doute abstenus.

6. Le FN n’est-il pas en train de prendre d’énormes risques en citant le « Brexit » en exemple, avant même d’en voir les conséquences ?

La question s’était déjà posée au moment d’un possible « Grexit » (sortie de la Grèce de l’euro), il y a un an : cette sortie représente-t-elle un saut dans l’inconnu qui risque de décrédibiliser le projet du FN ? Au fil des semaines, les dirigeants du parti avaient plaidé pour une sortie concertée et maîtrisée, car personne ne connaît vraiment les conséquences d’une telle décision. Le « Brexit » représente le test grandeur nature que le FN attendait pour valider ou non son projet (sortie de l’Union européenne, et a fortiori de l’euro).

Marine Le Pen a dit, vendredi matin, qu’il ne fallait pas être impressionné par « l’hystérie des marchés ». Florian Philippot s’est déjà avancé à dire qu’il était « possible » de faire un référendum sur l’UE sans que ce soit « l’apocalypse ».

Attendons de voir dans les prochaines semaines, la vérité est que tout le monde avance à tâtons. En tout cas, les propos réitérés de Florian Philippot sur le fait que la France ne serait plus dans l’euro au bout de six mois après une éventuelle victoire de Marine Le Pen en 2017 sont assez mal vécus au sein du parti, où l’on estime que cette prédiction est peu crédible.

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