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Time for the Planet, le fonds citoyen qui vise le milliard d'euros pour sauver le climat

Lancé il y a un an, Time for the Planet est un fonds à but non lucratif qui veut créer et financer 100 entreprises pour lutter contre les gaz à effet de serre. Cette société à mission a déjà levé 2 millions d'euros et prévoit d'atteindre le milliard d'euros d'ici cinq à dix ans.

De gauche à droite : Mehdi Coly, Denis Galha Garcia, Nicolas Sabatier, Coline Debayle, Arthur Auboeuf et Laurent Morel, les six cofondateurs de Time for the Planet.
De gauche à droite : Mehdi Coly, Denis Galha Garcia, Nicolas Sabatier, Coline Debayle, Arthur Auboeuf et Laurent Morel, les six cofondateurs de Time for the Planet. (DR)

Par Camille Wong

Publié le 13 oct. 2020 à 07:00Mis à jour le 15 oct. 2020 à 13:53

Article mis à jour le 08/02/2021

C'est un mélange entre un start-up studio, un fonds d'investissement vert et un mouvement citoyen. Un modèle hybride et unique qui fait de Time for the Planet un fonds à but non lucratif. Le projet a été créé à Lyon par six entrepreneurs à l'origine d'une quinzaine de start-up : Coline Debayle (Artips), Mehdi Coly (Automate.me), Nicolas Sabatier (Houblon du Moulin), Laurent Morel (Eurêka), Arthur Auboeuf (BrainBox) et Denis Galha Garcia (Vert de Mousse). Leur objectif : fonder et financer 100 entreprises pour réduire les gaz à effet de serre, à l'échelle mondiale.

Pour cela, ils visent 1 milliard d'euros levé d'ici à 2025-2030. « Nous sommes la dernière génération à pouvoir encore agir, il y a urgence », confie Coline Debayle, la cofondatrice. En moins d'un an, le fonds a déjà levé, sans beaucoup de communication, près de 2 millions d'euros en crowdfunding. Au total, 12.500 citoyens, business angels et 700 entreprises sont associés au projet.

« Taux de retour pour la planète »

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Des personnalités comme Jean Jouzel, ancien vice-président du Giec et co-récipiendaire du prix Nobel de la paix en 2007, Jean-Michel Aulas, président de l'Olympique Lyonnais, ou des fonds comme Holnest et Evolem ont notamment investi. Du côté des primo investisseurs citoyens, le ticket moyen est de 150 euros. Un euro investi donne ainsi droit à une action.

Chacun pourra, d'ici dix ans seulement, retrouver au mieux sa mise de départ. Aucun dividende ne sera reversé malgré l'éventuelle rentabilité des projets, et ce jusqu'à « être revenu à +0 degré par rapport à l'ère préindustrielle », fait savoir cette entreprise à mission. On parle ici de « taux de retour pour la planète » plutôt que des indicateurs traditionnels comme le taux de rendement interne (TRI) ou le retour sur investissement (ROI).

Côté projets à financer, Time for the Planet recherche plutôt des initiatives portées par des scientifiques ou des entrepreneurs à succès « plus en quête de changer le monde que de devenir milliardaires », sourit Coline Debayle. Parmi les projets qui pourraient voir le jour : des batteries sans métaux rares, des kits pour transformer des véhicules thermiques en électriques, une technologie qui remplace le ciment, etc. Un mélange entre de la recherche lourde, des high-tech et des low-tech.

Ils seront sélectionnés par tous les associés, qui ont un même droit de vote, et les plus motivés seront formés à l'investissement. A l'issue, chaque entreprise en devenir sera examinée par un comité scientifique, en cours de formation, qui évaluera la faisabilité du projet. Plusieurs critères seront passés à la loupe : impact sur les gaz à effet de serre, réplicabilité du modèle à l'échelle mondiale, externalités positives et potentiel marché.

L'open source en vedette

Des projets écolos, oui, mais surtout open source. « On veut créer 100 marchés, 100 filières, pas seulement 100 entreprises. Le but est que chaque innovation puisse être rentable afin d'être copiée, ajoute l'entrepreneuse qui a déjà internationalisé le projet avec des bureaux en Allemagne, en Italie et à Singapour. On joue entre l'altruisme de l'investissement et l'égoïsme de ceux qui y verraient une opportunité pour copier et améliorer. » Ses équipes restent bénévoles et sont des actionnaires de la société. Les fondateurs ne se rémunèrent pas et ont mis de côté leurs start-up respectives pour se consacrer pleinement à Time for the Planet.

Prochaine étape : passer à la vitesse supérieure et cibler les grandes entreprises pour intégrer de plus gros tickets. Au risque d'être un instrument de « greenwashing » ? « Nous ne sommes pas là pour juger le passé. Il y a eu une prise de conscience et notre job est seulement de récupérer un maximum d'argent pour le réorienter vers l'innovation », répond Coline Debayle. D'ici à 2021, le fonds devrait atteindre le cap des 5 millions d'euros levés pour financer ses trois premières entreprises.

À noter

Time for the Planet est sous le statut de société commanditaire par action (SCA). Elle définit deux types d'associés : les commandités (Coline Debayle, Mehdi Coly, Nicolas Sabatier, Laurent Morel, Arthur Auboeuf, Denis Galha Garcia, les six fondateurs) et les commanditaires (tous les autres associés). Les commandités sont responsables solidairement des dettes sociales et ont davantage de prérogatives, les commanditaires ne sont responsables qu'à hauteur de leurs apports. Time for the Planet est accompagné d'une quinzaine d'actionnaires « ambassadeurs » bénévoles au quotidien et d'une centaine d'autres bénévoles (développeurs, traducteurs, designers, etc.)

Camille Wong

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