Traumatologie du ski et du snowboard

traumatologie du ski alpin

Chaque année, 8 millions d’amateurs de ski alpin et de surf des neiges attendent avec impatience les premières neiges et les vacances scolaires pour s’adonner sans modération à leur sport favori.
Mais attention : la pratique des sports des neiges n’est pas sans risque. Près de 150 000 personnes se blessent chaque année.
Les débutants sur les pistes, notamment lors des quatre premiers jours de pratique, sont deux fois plus exposés aux accidents.

Quels sont les facteurs qui influencent le risque de blessures au ski ?

La vitesse

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La cinétique du traumatisme joue un rôle dans la gravité des blessures.

La vitesse moyenne des skieurs en station est de 30 à 60 km/h, celle d’un bon skieur en station est de 80 à 100 km/h. En compétition, la vitesse en super G est de l’ordre de 130 km/h, celle en descente de 160 km/h.
La distance nécessaire pour s’arrêter sur une piste est de

  • 9 mètres à 25 km/h,
  • 12 mètres à 47 km/h
  • plus de 20 mètres au-dessus de 50 km/h.

Les hommes ont tendance à sous-estimer leur vitesse réelle alors que les femmes ont tendance à la surestimer…

Le matériel

Si 8% des blessures sont liées aux remontées mécaniques, ce sont essentiellement les fixations qui sont responsables de blessures graves, particulièrement au genou.

Un réglage correct permet cependant de minimiser les risques de non-déclenchement ou de déclenchement intempestif.

Quelles sont les lésions les plus fréquentes en sport de glisse ?

accidents aux sports d'hiver : localisation des lésions

Les accidents traumatiques en montagne

Sur près de 200 000 blessés pris en charge tous les ans par les médecins de montagne, 35% souffrent d’entorses, 25% de fractures.

Ce sont les enfants qui sont les plus exposés aux fractures en raison de la non consolidation des cartilages de croissance mais également du fait que l’enfant peut pratiquer le ski avec une vitesse relative beaucoup plus importante que l’adulte.

Les matériels actuels avec les chaussures montantes ont déplacé les fractures de cheville vers des fractures de tibia/péroné qui ont souvent une consolidation plus difficile. A noter que ce sont les femmes qui sont les plus exposées aux entorses de genou en raison de leur morphologie. Plus l’enfant est jeune, plus on retrouve des fractures autour du genou, avec des lésions plus ou moins graves nécessitant des techniques chirurgicales très spécifiques.

Chez l’adulte, on retrouve les lésions du genou au niveau des ligaments croisés antérieurs. Toutefois, on remarque qu’actuellement les enfants sont également touchés par ce type de lésions qui nécessitent très souvent une adaptation chirurgicale.

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Pour le snow-board, ce sont les poignets qui sont le plus facilement touchés avec la recrudescence de fractures de cette articulation. On retrouve par ailleurs des luxations diverses au niveau de l’épaule et des coudes.

Répartition des blessures dans le temps

La fréquence des traumatismes est variable en fonction du moment de la journée.
Il existe

  • un premier pic en début de journée lié au manque d’échauffement, à la position assise pendant le voyage et la présence de neige dure en matinée.
  • un deuxième pic en fin d’après-midi lié à la fatigue, au risque de piste dégradée et de neige molle et lourde.

On observe également des pics de fréquence en début et fin de séjour.

Blessures du membre inférieur au ski

Les fractures de jambe et les fractures ou entorses de chevilles sont devenues rares ces dernières années grâce aux progrès techniques du matériel. Néanmoins, les entorses de genou restent très fréquentes.

Les entorses du ligament croisé antérieur (LCA)

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Depuis 15 ans, la fréquence des entorses de genou a beaucoup augmenté.
Ce type de traumatisme est la lésion la plus fréquente survenant aux sports d’hiver (32,7% des lésions).
Les lésions graves, en particulier la rupture du ligament croisé antérieur (LCA), sont fréquentes chez l’adulte.
Les ligaments croisés sont les ligaments situés au centre de l’articulation du genou ; ils assurent une grande partie de la stabilité de cette articulation.
La rupture du ligament croisé antérieur touche les skieurs de tous les niveaux, du débutant au compétiteur en passant par le professionnel.

32,7%        L’entorse de genou est la lésion la plus fréquente aux sports d’hiver, avec

3,5  fois    plus de risques pour la femme

45 %         sont causées par un mauvais réglage des fixations

Des études montrent que les femmes de plus de 25 ans sont plus particulièrement exposées : le risque de rupture du LCA étant 3,5 fois supérieur à celui de l’homme.

Les femmes sont plus exposées aux entorses de genou pour plusieurs raisons :

  • anatomiques : la forme du genou en X (genu valgum) et l’hyperlaxité ligamentaire plus fréquente chez la femme
  • liées à la condition physique : moins sportives que les hommes en général, elles ont une protection musculaire de leurs genoux moins efficace.

La rupture survient souvent à la suite d’un mouvement de torsion lent ou lors de chutes anodines (descente de télésiège et faute technique), particulièrement chez les débutantes.

Si le mauvais réglage des fixations est responsable de 45 % des entorses du genou, l’absence d’entraînement physique a une responsabilité importante dans ce type de blessure.

L’entorse du genou n’est pas une fatalité. Un simple contrôle du réglage des fixations auprès d’un professionnel, chaque saison, associé à une préparation physique et sportive avant le grand départ permettrait d’éviter un bon nombre d’accidents.

Une rupture du LCA a des conséquences importantes. En effet, le genou est une articulation, dont les quatre ligaments permettent de stabiliser les os entre eux. En cas de rupture d’un des éléments du pivot central, (ligament croisé antérieur, ligament croisé postérieur), les chances de cicatrisation spontanée sont faibles.

Les victimes d’une rupture d’un ligament croisé risquent :

  • Une instabilité persistante du genou qui peut entraîner une gêne dans la vie courante et la possibilité d’une évolution rapide vers une arthrose de l’articulation du genou.
  • Une impossibilité de pratiquer certains sports qui sollicitent le pivot du genou (football, tennis …).
  • Une appréhension latente sur la résistance de leur genou, au moindre effort, qui les fragilise psychologiquement.

Une intervention chirurgicale est le plus souvent proposée pour éviter ces désagréments.

En savoir plus sur la prise en charge chirurgicale de la rupture du ligament croisé antérieur…

La rupture du ligament croisé antérieur aux sports d’hiver est un phénomène relativement récent qui est apparu dans les années 80. En effet, dans les années 50/60, ce sont les fractures de la jambe qui dominaient. Elles étaient essentiellement causées par l’absence de fixations de sécurité.
Progressivement, la pathologie s’est déplacée vers le haut. Le blocage de la cheville par la chaussure de ski moderne, qui permet une conduite du ski plus facile, joue probablement un rôle important. La chaussure de ski limite les rotations au niveau de la cheville et transmet plus directement les mouvements du ski au niveau de l’articulation du genou. Les chaussures de ski immobilisent de plus en plus la cheville, laquelle a perdu quasiment toute possibilité d’amortissement des efforts. Les lésions ont donc tendance à remonter vers le genou.

D’autres facteurs contribuent également à rendre le genou plus vulnérable :

  • Le type de chaussures : les chaussures de ski ont une tige haute et rigide conduisant l’ensemble des forces de réaction vers le haut de la jambe.
  • L’entretien mécanique des pistes : l’amélioration de leur préparation et leur nivellement permettent à des skieurs de niveau modeste de skier à des allures qu’ils contrôlent souvent mal.
  • La longueur des skis : plus le ski est long, plus les forces transmises au genou sont importantes. La longueur des skis a diminué ces dernières années et il est conseillé d’utiliser les skis les plus courts possibles.

Aujourd’hui, plusieurs facteurs sont particulièrement mis en cause dans l’entorse du genou :

  • Une absence de préparation physique avant de remonter sur des skis.
  • Des fixations de ski mal réglées : 50 % d’entre elles sont réglées hors norme.
  • L’inattention du skieur conduisant à des fautes techniques.

Blessures du membre supérieur au ski

Les lésions de l’épaule

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Toute chute sur l’épaule peut provoquer une lésion, fracture ou déchirure dont le diagnostic immédiat n’est pas toujours évident. L’articulation est certes douloureuse mais le skieur ressentira une douleur de plus en plus forte en rentrant au chalet ou à la station.
Il verra alors apparaître une impotence fonctionnelle, qui l’empêchera de bouger l’épaule et le conduira à consulter un médecin pour la réalisation d’un diagnostic.

Luxation acromio-claviculaire

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La disjonction (entorse ou luxation) acromio-claviculaire correspond à une perte de contact entre les surfaces articulaires de l’acromion et de la clavicule. Ce traumatisme survient lors d’une chute directe sur le moignon de l’épaule lors de la pratique de sports à risque. Les ligaments acromio-claviculaires et coraco-claviculaires peuvent être distendus ou rompus selon le stade de l’entorse.
Sans ligaments pour stabiliser l’articulation, la clavicule remonte et forme une bosse appelée « touche de piano ».
Il est possible de traiter cette disjonction par une simple immobilisation dans les cas où la clavicule est peu ou pas ascensionnée (déplacée vers le haut).
Lorsque la clavicule est trop déplacée vers le haut ou vers l’arrière, il est plutôt recommandé d’opérer pour remettre la clavicule en face de l’acromion.
En effet, les ligaments peuvent ne pas cicatriser correctement lorsque la clavicule n’est pas à sa place. Ceci peut engendrer des douleurs chroniques et une gêne de l’épaule lors de certains gestes de la vie quotidienne ou sportive.

En savoir plus sur le traitement arthroscopique des disjonctions acromio-claviculaires.

Fracture de clavicule

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choc sur l’épaule

La fracture de clavicule est très fréquente après une chute sur l’épaule.
La fracture touche le plus souvent le milieu de la clavicule (tiers moyen) mais aussi sa partie la plus latérale (quart externe) proche de l’articulation acromio-claviculaire.
L’examen clinique réalisé par un médecin traumatologue révèle une déformation de l’épaule et une douleur à la palpation de la fracture. Des radiographies sont réalisées pour confirmer le diagnostic et préciser le type de fracture. Il faut également rechercher des lésions associées (fracture de l’omoplate, lésions de la coiffe, lésions du bourrelet de la glène de l’omoplate) et au moindre doute réaliser un arthroscanner ou une IRM.
Le traitement des fractures du tiers moyen de la clavicule est en général orthopédique avec une immobilisation de 6 semaines, temps moyen nécessaire pour la consolidation de la fracture. Une opération peut être nécessaire en cas de fracture très déplacée ou compliquée de problèmes vasculaires ou neurologiques.
Les fractures du quart externe de la clavicule doivent faire l’objet d’une opération lorsqu’elles sont déplacées. L’absence de traitement approprié conduit souvent à l’absence de consolidation osseuse (pseudarthrose) et à des séquelles à type de douleur et de gêne à la mobilisation de l’épaule.  Votre chirurgien réalisera l’opération de façon mini-invasive sous arthroscopie. La technique est identique à celle du traitement chirurgical des entorses ou disjonctions acromio-claviculaires.

En savoir plus sur le traitement arthroscopique des fractures du quart externe de la clavicule

Luxation et instabilité de l’épaule

La luxation de l’épaule est le déboîtement de l’articulation entre la tête de l’humérus et une petite cavité de l’omoplate appelée la glène.
La luxation de l’épaule peut se produire lors d’une chute ou d’une collision.
Le skieur peut souffrir d’une instabilité de l’épaule, c’est-à-dire de luxations (déboîtements) répétées de l’épaule. Cette instabilité peut aussi se manifester par des subluxations (micro-déboîtements répétés) qui peuvent être associées à des douleurs de l’épaule. Cette instabilité apparaît souvent après un traumatisme violent de l’épaule mais aussi par la répétition de micro-traumatismes.
Le sportif se plaint d’une appréhension, c’est-à-dire la peur de se luxer l’épaule dans les gestes de la vie quotidienne mais aussi dans les activités professionnelles et sportives.
La répétition des luxations peut détruire l’articulation et être responsable de lésions associées (lésions nerveuses ou vasculaires, arthrose, rupture de tendons de la coiffe).
L’instabilité de l’épaule peut faire l’objet d’un traitement conservateur avec rééducation ou d’un traitement chirurgical. La stratégie thérapeutique est définie en fonction du caractère traumatique ou atraumatique de l’instabilité, de la présence d’une hyperlaxité des ligaments, de l’âge, du nombre d’épisodes de luxation, de l’activité professionnelle et sportive du patient et de la présence de lésions associées.

En savoir plus sur le traitement de l’instabilité de l’épaule.

Entorse du pouce

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Lindsey Vonn : blessure du pouce

Les entorses du pouce sont fréquentes, souvent mal identifiées lors de l’accident initial. Il s’agit d’une chute à ski, avec la dragonne qui entraîne le pouce avec elle. Il s’ensuit une douleur très vive, sous le versant cubital de la main, avec quelquefois un gonflement et l’apparition d’un hématome. Mais souvent le skieur ne s’inquiète pas car il ne ressent qu’une petite douleur au niveau du pouce.
Malheureusement, après plusieurs jours de ski et parfois au retour  à domicile, cette douleur et cette gêne s’amplifient.
Le médecin du sport consulté alors est obligé de constater la gravité de la lésion et de proposer une intervention chirurgicale.

Attention, les entorses du pouce sont très graves : une prise en charge immédiate permet de limiter les complications futures.

Fracture du scaphoïde

Ce petit os appelé scaphoïde, qui est placé dans la main, peut se fracturer lors d’une chute sur la paume des mains avec la main en hyper-extension.
Les chutes courantes dans la pratique du ski sont finalement anodines. Et c’est finalement quelques jours voire quelques semaines après cette fameuse chute que le skieur consultera en raison d’une gêne douloureuse au niveau de la main. Le médecin pour évoquer une fracture du scaphoïde lorsqu’à la palpation de la tabatière atomique, il retrouvera une douleur.
C’est alors le bilan radiologique qui permettra de constater le trait de fracture. Le délai entre la chute et le diagnostic conditionnera le traitement qui peut finalement être chirurgical tant ce petit os est difficile à consolider.
Ces lésions sont fréquentes lors d’une chute sur la glace ou une neige verglacée.

Les autres traumatismes :     traumatisme crânien

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Un choc direct ou indirect sur une piste verglacée ou sur un obstacle fixe ou en déplacement peut conduire à toutes formes de traumatismes. On rappellera les fractures de côtes, mais également les fractures de vertèbres et bien entendu les fractures du crâne, qui risquent de mettre en cause le pronostic vital.
Un hématome extra dural (hors du cerveau) ou intra cérébral peut survenir immédiatement ou après un moment. Le port du casque doit en limiter les conséquences mais il faut skier en respectant les vitesses et les consignes de la station. En cas de traumatisme il est nécessaire de mettre en place une surveillance médicale car un hématome doit être évacué chirurgicalement au plus vite.

Comment éviter les accidents de ski ?

Traumatologie du ski et du snowboard : comment éviter les accidents ?

La prévention de ces accidents passe par une bonne connaissance de ses propres limites. Mais aussi par le respect des conseils de prudence, l’utilisation d’un matériel adapté et le port d’un casque …

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Auteur : Dr Philippe Loriaut, Chirurgien Orthopédiste – chirurgie arthroscopique – pathologies du sport – spécialiste de l’arthrose – chirurgie mini-invasive et percutanée.