Efficacité de l’homéopathie : le point sur les études scientifiques

L’homéopathie est populaire en France et dans certains pays, mais également contestée. Que disent les récentes études scientifiques sur son efficacité : réelle, ou supposée ?

Rédigé par Olivier Héron, le 14 May 2017, à 7 h 45 min
Efficacité de l’homéopathie : le point sur les études scientifiques
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Dès 1985, une étude commandée par le Ministère des Affaires Sociales français portant sur deux médicaments homéopathiques, l’opium 15 CH et le raphanus 5 CH, interrogeait l’efficacité de l’homéopathie.

Premier pavé dans la mare

Les résultats de cette étude ont été publiés par le Lancet, célèbre revue médicale, en 1988 et les conclusions à l’époque étaient sans appel : Il n’y a eu aucune amélioration de l’état des patients qui ont suivi une prescription homéopathique(1). Donc l’opium 15 CH et le raphanus 5 CH n’ont aucun effet. Pourtant l’homéopathie est toujours prescrite aujourd’hui.

Certes, on ne peut pas se baser sur une seule étude pour remettre en cause une pratique vieille de plus de 200 ans alors creusons un peu.

Mais, au fait, comment marche l’homéopathie ?

Elle fonctionne sur le principe des similitudes et de la dilution. La substance active est diluée, principalement dans de l’eau. Une goutte de substance active dans 99 gouttes d’eau donne 1 CH. Pour arriver à 2 CH, on redilue une goutte du produit obtenue dans 99 gouttes d’eau et ainsi de suite.

Voici ci-dessous illustré ces dilutions rapportées à une échelle plus parlante :

  • 1 CH = 1 cL de la substance de produit actif dans un litre d’eau
  • 4 CH = une goutte dans une piscine de jardin
  • 5 CH = une goutte dans une piscine olympique
  • 6 CH = une goutte dans un étang de 250 m de diamètre
  • 10 CH = une goutte dans la baie d’Hudson
  • 12 CH = une goutte dans tous les océans de la planète
  • 30 CH = une goutte dans un milliard de milliard de milliard de milliard de fois toute l’eau de tous les océans de la planète
  • 200 CH = dilution du remède populaire contre les états grippaux, l’Oscillococcinum

Au bout de 12 dilutions, plus aucune substance active ne se trouve dans la solution(2) mais il existe néanmoins des produits homéopathique à 30 CH ou même à 200 CH.

Les homéopathes expliquent que l’efficacité de l’homéopathie vient du fait qu’ils dynamisent leurs solutions en les secouant énergiquement. Mais à ce jour aucune étude scientifique n’a prouvé l’effet d’une telle méthode. Ainsi, si on dilue une goutte de whisky dans une bouteille d’eau et qu’on secoue énergétiquement, on ne va pas tomber dans un coma éthylique en buvant un verre.

La position des laboratoires Boiron

Sur le site boiron.fr, ils reconnaissent eux-même ne pas connaître le principe de fonctionnement de l’homéopathie.

efficacité homéopathie

Ce même laboratoire qui ne sait donc pas comment fonctionne l’homéopathie mais la propose néanmoins a été poursuivi par une class action  aux USA où ils ont déboursés 5 millions de dollars à l’amiable pour éviter un jugement collectif.

Les preuves s’accumulent

Revenons à nos moutons, suite à l’étude publiée par le Lancet en 1985, d’autres sont venues appuyer le fait que l’homéopathie n’a aucun effet. Elles sont nombreuses, viennent de différents pays et aboutissent toutes au même résultat  » il n’y a aucune preuve de l’efficacité de l’homéopathie« .

Nous n’allons pas les reprendre une par une, mais plutôt nous intéresser à deux méta-analyse (qui sont des analyses statistiques recoupant les résultats de multiples études scientifiques) qui ont fait sensation dans le monde.

  1. La méta-analyse du Lancet publée en 2005, fruit de la collaboration de 8 chercheurs et portant sur 19 banques de données médicales qui conclut en ces termes « l’absence de supériorité évidente de l’homéopathie sur l’effet placebo« .
  2. Le rapport du National Health and Medical Research Council, une agence de santé australienne, publié en 2015, qui a passé au crible 255 études sur l’homéopathie et conclut qu’il n’existe aucune preuve de son efficacité.

Et il existe d’autres méta-analyses qui aboutissent toutes au même résultat.

Et si ça ne suffisait pas

Les USA sont allés plus loin encore. Depuis 2016, ils obligent les médicaments homéopathiques à afficher sur leur étiquette la mention suivante : « il n’existe aucune preuve scientifique que ce produit est efficace, les revendications de ce produit sont fondées sur la théorie de l’homéopathie formulée au XVIIIe siècle, qui n’est pas reconnue valide par la plupart des experts médicaux modernes »(3).

Pour terminer, intéressons-nous aux personnes qui dénoncent cette pratique et commencent leur discours en avalant volontairement des surdoses homéopathiques devant leur public. Aucun effet secondaire n’a été constaté et ils en ont même fait un challenge, « The 10:23 Challenge »(3).

Conclusion

L’homéopathie, bien que largement banalisée en France voit en face d’elle de nombreuses publications scientifiques remettant en cause son efficacité. Il y a un problème éthique à tromper sciemment le patient en lui donnant des pilules qui ne font rien. Il y a un autre problème éthique dans l’idée que les laboratoires homéopathiques font de généreux bénéfices pour des granules de sucre. Les industries pharmaceutiques, elles ont l’obligation de fournir des preuves d’efficacité avant d’avoir le droit de commercialiser leurs médicaments mais pas l’homéopathie.

Il y a enfin le mal posé à long terme pour le patient lui-même car il pourrait retarder une thérapie efficace en faveur de l’homéopathie.

Ainsi, ne serait-on pas en mesure de penser que l’homéopathie n’a tout simplement plus sa place en médecine ?

Illustration bannière : Homéopathie – © ArCaLu
Références :
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Actuellement sans emploi, adepte du jeûne et de la simplicité volontaire depuis peu, j'ai travaillé dans beaucoup de domaines (surtout banque &...

66 commentaires Donnez votre avis
  1. Mon médecin généraliste et homéopathe ( 30 ans de pratique ) :

     » Mrxxxxxx, je ne peux pas vous dire pourquoi mais je vous affirme que ça marche  » J’ai pu le constater moi même .
    Ce qui est ennuyeux pour  » Big Pharma  » c’est que je n’ai pas pris de la chimie . Dur, dur !!!

  2. Hélas vous citez deux meta analyses aujourd’hui discutées pour le LANCET , dont je vous rappelle au passage la crédibilité après la publication de l’étude à charge bidonnée de l’hydroxychloroquine. Pour le rapport Australien, après 4 années de lutte, les autorités de santé représentées par le Pr Kelso sont revenues sur les conclusions de leur second rapport défavorable à l’homéopathie. Au final, leur conclusion je cite, aucune preuve de l’INEFFICACITE de l’Homeopathie …
    Merci de vérifier vos sources et de les actualiser. Honnêteté oblige

  3. Notre civilisation a accumulé aujourd’hui un savoir énorme dans de nombreux domaines, dont la médecine. Nous pouvons expliquer le fonctionnement général de l’organisme et une grande partie des interactions qui s’y opèrent.
    Mais quel est le pourcentage effectif de nos connaissances sur toutes les subtilités de ce fonctionnement ? 40% au maximum 50%
    Alors, oui la médecine peut dire aujourd’hui qu’elle n’a pas de preuve que l’homéopathie soit efficace mais elle ne peut certainement pas dire, au regard de ses limites, que l’homéopathie n’est pas efficace.
    Laissons donc chacun choisir son mode soin.

    • Ce n’est pas à la médecine de dire si l’homéopathie est efficace ou pas, c’est à l’homéopathie de montre qu’elle est efficace.

      Ce qui n’a jamais été fait.

  4. Bonjour,

    Comme beaucoup je viens d’apprendre la fin du remboursement progressif de l’homéopathie sur 2 ans. Je compte m’expatrier donc dans 2 ans dans un pays ou on peut se soigner par homéopathie, car évidemment avec la fin du remboursement et la fin de l’enseignement de l’homéopathie en faculté de médecine nous serons soumis au dictacte de big pharma et en ce qui me concerne c’est hors de question. En tant que travailleur indépendant il est exclu pour moi de continuer à cotiser à la sécurité sociale sans avoir le choix du mode de soin que je souhaite et surtout à payer pour les autres. Des personnes pourraient-elles m’indiquer dans quel pays je pourrais m’expatrier, pays dans lequel je trouverais sans difficulté des médecins homéopathes avec une faculté de médecine digne de son nom pas comme la notre qui ne forme que les futurs commerciaux de big pharma, mais pas des médecins. Peu importe que ce soit remboursé ou pas du moment que je ne sois pas contrainte comme en France de cotiser à une sécurité sociale qui ne couvre aucune de mes dépenses de santé. Mes recherches sur internet n’ont rien donné en ce sens, aucun lien qui informe sur l’homéopathie dans les autres pays… Merci pour vos réponses.

  5. L’effet placebo c’est bien un résultat.
    Et il faut bien un nom chelou dans une boîte de couleur pour y croire.

    Que donner aux enfants sinon ? du sucre en poudre directement ? Sauf que c’est ce qu’ils prennent au petit déjeuner dans leur chocolat au lait.
    C’est idiot…

    L’avantage de l’homéopathie c’est que c’est un effet placebo répandu et donc efficace pour au moins les enfants et les adultes qui y croient.

    Casser ça c’est une connerie, car il n’y aura aucun substitut pour recréer un effet placebo sans effet secondaire. L’homéopathie c’est du sucre, donc c’est sans risque aux doses considérées !

    • Bonjour Léonard,

      Je suis d’accord avec vous, sauf pour la fin. Pourquoi ne pourrait-on pas diffuser plusieurs médicaments qui proposeraient des placebos pour leurs clients ? Pourquoi les laboratoires Boiron seraient les seuls à bénéficier de ce privilège ?
      Soigner avec un effet placebo, pourquoi pas car effectivement c’est sans risque et cela fonctionne mais laisser seulement l’homéopathie en profiter, ca n’a pas de sens car n’importe quel substitut sucré donnera le même résultat, du moment que le client y croit…

  6. Si c’est un placebo pourquoi ça marche aussi sur les animaux ?

    • Car ça ne marche pas 🙂

    • En fait si, ça fonctionne aussi. L’effet placebo fonctionne sur les animaux …et le très jeunes enfants, et l’homéopathie aussi (ce qui semble donc cohérent s’il s’agit du même mécanisme).

      En fait l’effet placebo subit déjà à lui tout seul beaucoup de préjugés et et sa puissance très largement sous-estimée. On est encore loin de l’avoir totalement compris.
      L’effet placebo étudié de manière à part entière obtient déjà ses conclusions :

      – il a des effets sur les animaux et les bébés (enfin, ceux qui ont l’âge d’avaler des billes rondes)
      – il peut quand même se mettre en place même si nous savons que c’est un placebo
      – il a des effets liés au contexte de la prescription (si j’ai eu du mal à avoir un rendez-vous chez le praticien, la durée de la consultation, le temps d’écoute, et même …jusqu’au tarif de la consultation).

      A priori, cet effet aurait plus de lien avec un REFLEXE pavlovien que quelque chose de conscient.

      En clair, des résultats fichtrement comparables à l’usage de l’homéopathie.
      A noter que les témoignages d’homéopathes qui expliquent la puissance de leurs observations sur 30 ans de carrière, c’est déjà un peu biaisé dans la mesure où les patients qui franchissent leurs portes sont déjà un panel « sensible » à la pratique et ne peuvent constituer un échantillon représentatif pour conclure sur une efficacité supérieure au placebo malgré l’impression développée sur ces 30 ans.

      L’homéopathie fonctionne parce que l’effet placebo fonctionne (et pas qu’un peu).

      Combien se sentent déjà un peu moins malade ou un brin moins gêné par leurs symptômes quand ils sont dans la salle d’attente de leur médecin ?

  7. Bon résumé de la situation, bien que loin d’être purement objectif !
    On peut d’ailleurs noter une source plus que douteuse pour le principe de dilution (Wikipédia). Très léger comme source.

    Par ailleurs, il a été prouvé a maintes reprises que l’effet placebo a sa place en médecine (médicaments, chirurgie, etc.). Dans la plupart des cas une nette amélioration est constatée. Même lors de la prise d’un médicament, une dose plus forte est parfois nécessaire pour la personne soignée à son insu.

    Pour conclure, ne pas réussir à prouver l’efficacité d’un médicament ne prouve en rien qu’il n’a aucun effet sur les patients qui le prennent…

    • bonjour,

      comme à peut prés la moitié des français, je me soigne avec de l’homéopathie.
      si, comme ses détracteurs le disent haut et fort, ce n’est qu’un effet placebo, je veux bien l’assumer. Je prend de l’homéopathie depuis des années et pour moi, ça marche. si c’est placebo au moins je ne me drogue pas avec des effets secondaires.si l’homéopathie n’est plus remboursé, ce n’est pas un problème pour moi. Mais d’autre personne ne pourrons plus acheter de l’homéopathie si on ne le rembourse plus et même si ça les aides au quotidien. Pourquoi se priver de quelque chose qui marche depuis des années (même si c’est un effet placebo) et qui permet à des centaines de personnes de se sentir mieux.
      Je préfère prendre un médicaments placébo qu’un médicament qui me donne des effets secondaires et dont je ne voit pas les effets sur ma santé.
      Je précise aussi qu’il y a d’autres médicaments et d’autres pratique qui sont considéré comme placebo et qui, malgré tout,fonctionnent.

      en plus, mon médecin homéopathe ne me donne pas que de l’homéopathie et, quand j’en ai besoin, me donne des médicaments »normaux »
      conclusion, pourquoi se privé de quelque chose qui marche (même si c’est placebo) et qui,même si « les fabricants s’en mette plein la poche » coute moins cher à la sécurité sociale ?

  8. erreur de manipulation,,sur ma reponse;;fidele patiente de l’homeopathie::
    j’espere que le deremboursement ne soit pasappliquè!!

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