Reconnaissance faciale, destruction des invendus : la face cachée d'Amazon

Dans Secrets d'info, Benoît Berthelot détaille les aspects moins connus de la firme américaine. ©AFP - DENIS CHARLET
Dans Secrets d'info, Benoît Berthelot détaille les aspects moins connus de la firme américaine. ©AFP - DENIS CHARLET
Dans Secrets d'info, Benoît Berthelot détaille les aspects moins connus de la firme américaine. ©AFP - DENIS CHARLET
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Derrière le site numéro un du commerce en ligne se cachent des pratiques plus discrètes, pour certaines très rentables, certes légales mais peu éthiques. Le journaliste Benoît Berthelot nous raconte Le monde selon Amazon dans Secrets d'info.

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Dans Le monde selon Amazon (Le Cherche midi éditeur, 2019), le journaliste Benoît Berthelot dévoile les dessous de ce géant de la distribution par internet, son histoire, les conditions de travail de ses salariés et son système d'optimisation fiscale. Invité de Jacques Monin dans Secrets d'info, il décrit les aspects moins connus du géant américain.

Des prix calés sur la concurrence en temps réel

D'après le journaliste, Amazon utilise des robots pour surveiller les sites de e-commerce et modifier ses prix en fonction. "Amazon, entièrement géré par des algorithmes, est connu pour adapter ses prix à ceux de toute la concurrence sur internet, explique le journaliste. Des robots virtuels, des sortes de mouchards, analysent le web des dizaines de fois par jour, et adaptent, avec un temps de réaction très rapide de l'ordre de 10 minutes, les prix sur Amazon pour être soit au même prix, soit moins cher."

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Les grandes marques se retrouve donc face à un système totalement différent de celui de la grande distribution. "Il n'y a pas de négociation possible, et il n'y a pas d'interlocuteur."

Détruire plutôt que donner

Dans son entrepôt de Sevrey (Saône-et-Loire), Amazon a, selon Benoît Berthelot, mis en place depuis des années un système de destruction des invendus, et jette des milliers de produits neufs (jouets pour enfants, électroménager, vêtements de grandes marques, etc.) : "Quand ces produits ne se vendent pas, les entreprises qui utilisent Amazon doivent normalement les récupérer, car Amazon fait payer très cher le stockage de ces produits dans ses entrepôts, jusqu'à 1 500 euros par mois. Mais quand les vendeurs sont basés en Chine ou ailleurs, ils ne vont pas payer pour se faire rapatrier ces objets, et ont comme option de les faire détruire." Une option à 10 centimes par produit, bien moins chère que le stockage. 

Pourquoi Amazon ne donne-t-il pas ces produits à des associations ? "Amazon se défend en disant qu'en France, il y a une TVA à payer sur les donations." Depuis peu, Amazon a tout de même annoncé tester le don de ces produits, mais seulement aux États-Unis et en Angleterre. 

Amazon leader mondial du cloud

L'entreprise Amazon ne se résume pas à sa plateforme de vente, elle fournit aussi de nombreux services, plus confidentiels, comme par exemple AWS, acronyme de Amazon Web Services. Cette dernière est une filiale à part entière - la plus rentable - du géant américain. Spécialisée dans le cloud, elle vend aux entreprises du stockage en ligne de données. Renault, SNCF, Netflix, Décathlon, Société générale, Orange, Radio France... Toutes ces entreprises passent par Amazon. "C'est le leader mondial du cloud_, avec 30 % de part de marché sur ce secteur ; c'est plus que ses quatre concurrents réunis, qui sont Google, Microsoft, Alibaba et IBM"_, détaille Benoît Berthelot.

Des administrations très sensibles utilisent aussi les services d'AWS, comme la CIA, la police de l’Oregon aux États-Unis, ou encore le ministère de la justice britannique. Ces données peuvent-elles fuiter ? "Même si Amazon met en place des barrières de confidentialité conséquentes, des bugs informatiques sont toujours possibles", estime le journaliste. Amazon, qui vise aussi le marché de l'administration française, a déjà noué un partenariat avec Sciences Po. Pour Benoît Berthelot, "le problème, c'est le Cloud Act, une loi votée par Donald Trump qui permet aux services de renseignement américain de contraindre les géants de web à livrer leurs données à la justice américain, même celles qui sont stockées en France et à l'étranger."

Les risques de la reconnaissance faciale

Dans Le monde selon Amazon, Benoît Berthelot détaille également le fonctionnement du système de reconnaissance faciale de la firme, Rekognition : "Il peut permettre de retrouver un enfant perdu dans un parc d'attraction, d'identifier les habitudes d'achat de clients dans les magasins sans caisses d'Amazon.

Amazon vend ce service à la police américaine, et vise le marché de la vidéosurveillance dans les aéroports dans les gares. "Certains salariés d'Amazon s'inquiètent de l'usage militaire qui pourrait être fait de ce système, poursuit le journaliste, avec potentiellement des armes pilotées par intelligence artificielle."

Aller plus loin

Grand bien vous fasse !
51 min

► LIRE - Le monde selon Amazon, de Benoît Berthelot, est paru aux éditions du Cherche midi.

► RÉÉCOUTER - Benoît Berthelot était l'invité d'Ali Rebeihi dans Grand bien vous fasse, jeudi 12 septembre.

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