Le Puy-Sainte-Réparade : les Jardins de paradis aspergés de glyphosate

Il faudra certainement attendre près de 2 ans avant de replanter quoi que ce soit sous ces serres.

Il faudra certainement attendre près de 2 ans avant de replanter quoi que ce soit sous ces serres.

A.Bi.

Le Puy-Sainte-Réparade

Il y a un peu moins d'un mois, le couple Arlaud voyait son exploitation bio souillée par des produits chimiques. Les résultats des analyses montrent que du glyphosate a été versé

Tristan et Oriane Arlaud sont du genre optimiste. "C'est notre manière d'être, assure cette dernière, on préfère regarder devant plutôt que dans le rétroviseur". Ça tombe bien, parce que la situation à laquelle ils font face aurait de quoi en décourager plus d'un...

Début juillet, l'un des champs de Tristan (le couple a deux exploitations qui forment Les Jardins de paradis : Oriane s'occupe de tout ce qui est précoce ou tardif sous serre et Tristan ne fait que du plein champ) réchappe in extremis de l'inondation. Le lendemain, il découvre aussi qu'une partie de son exploitation a été saccagée pour finir, après quelques jours supplémentaires, par réaliser que tomates, aubergines, courgettes, etc. ont brûlé, visiblement aspergés par un produit chimique. Depuis, les résultats de l'analyse du risque phytosanitaire sont tombés : "une forte dose de glyphosate a été balancée dans les serres".

Faire avancer l'enquête

Économiquement parlant, l'herbicide à la molécule active qu'on trouve dans le tristement célèbre Roundup grève ainsi deux tiers de la superficie en serre. La première mauvaise nouvelle qui en découle, c'est le déclassement en bio des parcelles contaminées pendant minimum un an, "même si dans un cas normal, il faut compter deux ans de gel", précise Oriane. Soit deux années sans pouvoir planter quoi que ce soit. La seconde ? Certains produits ont été vendus à leurs clients. "La chance qu'on a eue, soulève toutefois la jeune femme, c'est que cette semaine-là on faisait une grosse opération de tomates anciennes et on avait fait la récolte le lundi... La destruction des cultures a eu lieu dans la soirée du lundi au mardi". Malheureusement, les Arlaud ne s'en sont pas rendu compte tout de suite puisque les premiers signes de dépérissement ne sont apparus que le vendredi. Si une fois avertis, les clients ont forcément pris conscience du risque d'avoir absorbé des pesticides, leur première pensée était pour les agriculteurs : "Ils ont été écoeurés, en colère aussi". Car depuis 13 ans, le projet a eu le temps de bien s'implanter avec environ 200 familles en soutien. "On construit ce projet de démocratie alimentaire avec nos adhérents, résume la maman de deux petites filles, donc ils se sentent impliqués".