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Le captage du CO2 émis par les centrales au fioul et au charbon : un enjeu majeur

La firme française Alstom est un des leaders mondiaux de cette technique. Mais la question du stockage n'est toujours pas résolue.

C'est une centrale thermique comme il en existe des centaines en Europe et ailleurs dans le monde. À un détail près : l'usine située à Karlshamm, en Suède, possède une unité de captation de carbone. Mais ce n'est encore qu'une centrale pilote. L'une des six déjà mises en place par Alstom sans compter les quatre autres projets en cours. Ici, la centrale fonctionne au fioul, mais la technique s'adapte indifféremment à des centrales alimentées avec du gaz ou du charbon.

L'enjeu est énorme et se trouve au cœur des négociations internationales sur le climat dont le rendez-vous majeur se tient en décembre à Copenhague. Et les autres constructeurs de centrales électriques comme General Electric et Siemens, les groupes énergétiques tels qu'Enel ou E.ON, mais aussi les groupes chimiques se placent également sur le marché. Chez Alstom Power «environ 200 personnes ne travaillent que sur la captation et le stockage de CO2», commente Philippe Paelinck, directeur du développement de l'entreprise.

Dans le monde, la production d'électricité représente un quart des émissions de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique. Or la demande d'électricité ne cesse de croître. Selon l'AIE (Agence Internationale pour l'énergie) les émissions de CO2 dues à la production d'électricité devraient augmenter de 18 milliards de tonnes tous les ans jusqu'en 2030. Le charbon en sera une des causes principales. Un scénario intenable si l'on veut éviter que le réchauffement reste en deçà de 2° C comme le recommande le Giec (Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat).

Aujourd'hui, plus de 10 milliards de dollars (dont un de l'Europe) sont mis sur la table internationale pour lancer les vingt premiers démonstrateurs à grande échelle. «Il existe trois grandes technologies de captage», explique le responsable de l'entreprise : après, pendant ou avant de brûler le combustible. Alstom travaille sur les deux premières formules et les expérimentations menées montrent leur efficacité. Si la récente installation suédoise nécessite encore des ajustements, celle bien rodée dans une centrale du Wisconsin (États-Unis) «permet de capturer 90 % du CO2 émis». Bien que testées sur de petites structures, ces techniques devraient être rapidement développées et installées sur de grosses unités de production électrique.

Problème d'acheminement

Mais de nombreux obstacles restent à surmonter. Première question, que faire du CO2 ? De très nombreux chercheurs se penchent sur la meilleure façon de le séquestrer. «Les aquifères salins sont une piste très sérieuse : le CO2 se dissout dans l'eau salée et se transforme en carbonate, au bout de quelques milliers d'années.» Autre technique qui se pratique en Allemagne et qui va être inaugurée en juin à Lacq : réinjecter le CO2 dans les gisements en fin de vie.

Quelle valeur donner au CO2 récupéré ? À 10 € la tonne sur le marché des quotas, l'incitation est insuffisante. En 2015, la tonne de carbone traité par les premiers démonstrateurs financés par la communauté internationale coûtera entre 60 et 90 €. En 2030, on sera entre 30 et 45 €. «À moins de 30 €, ça n'est pas envisageable», poursuit Philippe Paelinck.

Comment acheminer le CO2 ? C'est une autre question. Les lieux de production énergétique se trouvent rarement près des lieux possibles de stockage. Transporter le CO2 par camion n'aurait aucun sens. «Les pipelines sont ce qu'il y a de mieux», estime Philippe Paelinck. Encore faut-il les construire.

Toutes ces questions doivent trouver une réponse rapide. «Les techniques de captage sont de plus en plus au point - les entreprises pétrochimiques savent faire depuis longtemps - mais, faute de réglementation sur le stockage, le CO2 est relâché dans l'atmosphère», rappelle Philippe Paelinck. Il faudra également convaincre les ONG environnementales de l'intérêt de récupérer le CO2. Ces dernières y voient une fausse bonne idée, prétexte pour ne rien changer dans la consommation et la production d'énergie.

» Réchauffement climatique : les Etats-Unis au pied du mur

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7 commentaires
  • Jean Rene B

    le

    Parce que si chaque consommateur a chez lui 100 litres d'eau Perrier, c'est autant de CO2 qui ne sera pas dans l'atmosphère.

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