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Raoult, Perronne, Joyeux... Qui sont les six médecins visés par des plaintes du Conseil de l'ordre?

Six praticiens sont visés par des plaintes du Conseil national de l'Ordre des médecins, dont les professeurs Didier Raoult et Christian Perronne.

Thomas Liabot , Mis à jour le
Didier Raoult fait partie des six médecins visés par une plainte du Conseil national de l'ordre.
Didier Raoult fait partie des six médecins visés par une plainte du Conseil national de l'ordre. © Sipa

Le Conseil national de l'Ordre des médecins (Cnom) a porté plainte début décembre contre six praticiens, a confirmé l'instance lundi soir, dont les professeurs Didier Raoult et Christian Perronne. Après avoir examiné une série de plaintes ou de signalements, le Cnom a décidé de saisir les chambres disciplinaires de première instance ou de s'associer à une plainte en cours, précise l'agence de presse médicale APMNews. Si on ne sait pas encore exactement ce qui leur est reproché, leurs parcours éclairent en partie la décision du Conseil de l'ordre.

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Didier Raoult, défenseur de l'hydroxychloroquine

Parmi les médecins visés figure le Pr Didier Raoult, de l'institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée. En juillet, il avait déjà été visé par une plainte de la Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF), qui lui reprochait d'avoir promu l'utilisation de l'hydroxychloroquine "sans qu'aucune donnée acquise de la science ne soit clairement établie à ce sujet, et en infraction avec les recommandations des autorités de santé".

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Didier Raoult est au coeur de plusieurs polémiques, notamment pour avoir étrillé la gestion de la crise par les autorités et dénoncé des conflits d'intérêt dans la recherche internationale sur le traitement du Covid-19 . A la suite de plusieurs autres signalements de patients et médecins, le conseil départemental de l'Ordre des médecins des Bouches-du-Rhône a engagé des poursuites, début novembre, auxquelles s'est associé le Cnom.

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Fin juillet, il avait lui-même déposé plainte "pour dénonciation calomnieuse", contre Martin Hirsch, le directeur des hôpitaux de Paris (AP-HP), qui l'accuse de "faux témoignage" lors de son audition devant la commission d'enquête de l'Assemblée nationale le 24 juin. Il a aussi porté plainte contre le vice-président de l'Ordre des médecins des Bouches-du-Rhône, pour "non confraternité", suite à une série de tweets de celui-ci le dénigrant.

Christian Perronne, référence des complotistes

Autre figure bien connue, Christian Perronne est aussi visé par une plainte du Conseil national de l'Ordre des médecins. Longtemps chef de service des maladies infectieuses et tropicales à l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine), ce médecin a été démis de ses fonctions jeudi dernier par l'AP-HP, notamment pour avoir affirmé que les malades du Covid-19 représentaient une aubaine financière pour les médecins mais aussi pour des propos polémiques autour de l'hydroxychloroquine.

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Il avait notamment affirmé qu'une large prescription de ce traitement aurait permis d'éviter 25.000 morts en France. Il a également accusé des médecins du CHU de Nantes d'avoir "laissé crever [son] beau-frère" en refusant de lui en prescrire. En octobre, il avait par ailleurs fait polémique en assurant qu'"un médecin généraliste qui déclare un test Covid positif pour l'un de ses patients [...] touche de l'argent" en plus de la consultation et en affirmant que pour les services de réanimation, ce serait le "jackpot" de garder "longtemps" des patients Covid.

Enfin, Christian Perronne est l'un des personnages principaux du documentaire Hold Up, qui s'appuie sur son témoignage pour dérouler sa thèse conspirationniste et le présente ainsi : "Il y a un homme qui connaît bien les mesures à prendre en cas d’épidémie. Pendant vingt ans, il a géré ces situations de crise."

Henri Joyeux, égérie des anti-vaccins

Figure controversée lui aussi, le cardiologue à la retraite Henri Joyeux fait également l'objet d'une plainte du Cnom. Depuis plusieurs années, il s'est imposé comme un des meneurs du mouvement anti-vaccins, même s'il s'en défend.

En 2014 et 2015, il a publié sur Internet des pétitions contre la vaccination qui lui ont déjà valu d'être poursuivi par le Conseil de l'ordre. Radié en première instance puis blanchi en seconde, il devra être rejugé après que le Conseil d'Etat a cassé l'annulation de la radiation en juillet 2019.

Henri Joyeux organise également des conférences : en 2017, il y dénonçait "la dictature vaccinale". En octobre 2019, le Conseil de l'Ordre des médecins avait de nouveau engagé contre lui des poursuites disciplinaires pour "charlatanisme", lui reprochant des expérimentations "sauvages" sur des malades d'Alzheimer et Parkinson.

Nicole Delépine, l'oncologue anti-système

Nicole Delépine, ancienne oncologue pédiatrique à Garches, était décrite dans un portrait du Monde en 2014 comme "un médecin qui dérange". Comparée par certains à un gourou en raison de son emprise supposée sur ses patients et leurs familles, elle a dénoncé les essais thérapeutiques pendant près de trente ans, prônant l'individualisation des traitements. Plus récemment, elle s'est opposée au confinement, au port du masque et a qualifié les tests PCR de "fraudes".

"La chloroquine c'est le meilleur de ce qu'on peut proposer", déclarait-elle aussi, invitée par André Bercoff sur Sud Radio en avril dernier. "Il y a des gens qui vont mourir, à qui on refuse de passer en réanimation et on refuse de les soigner à partir du moment où ils toussent", estimait-elle. Elle dénonçait également "une régression des droits sociaux et une mise en place d'une certaine euthanasie".

Auteure de plusieurs livres (Le cancer : un fléau qui rapporte ; Hystérie vaccinale ; Soigner ou obéir?), elle a publié en septembre Autopsie d'un confinement aveugle. Elle partage également sur Twitter ses points de vue. Mardi, elle a ainsi relayé une pétition intitulée "Prise d'otages de nos libertés fondamentales", ajoutant que le Covid-19 "ne fut qu'une grosse grippe utilisée".

Nicolas Zeller et Hélène Rezeau-Frantz : des traitements sans autorisation?

Moins connu que les autres, Nicolas Zeller est médecin généraliste à Saint-Cyr-sur-Mer, dans le Var. "En plein coeur de l'épidémie de Covid-19, il a traité 200 patients avec de l'azithromycine. Et il a obtenu de très bons résultats", écrivait France 2 Paca cet été. Cet antibiotique, efficace notamment contre la pneumonie, est utilisé dans plusieurs pays d'Afrique contre le Covid-19.

Au plus fort de la première vague, cette molécule a aussi connu un engouement auprès de nombreux médecins français. Mais dans son avis du 18 mai 2020, le Haut Conseil de la santé publique mettait en garde contre son utilisation, écrivant : "Dans l'infection par le SARS-CoV-2, la littérature n'apporte pas d’argument pour proposer la prescription d'azithromycine."

Le médecin généraliste Hélène Rezeau-Frantz a aussi défendu l'utilisation d'un traitement non-recommandé, celui d'antihistaminiques, d’ordinaire utilisé contre les allergies. "À mon niveau, en tant que médecin généraliste qui connais mes patients, je ne vois pas pourquoi je n'utiliserais pas quelque chose qui peut améliorer leur état, qui ne va pas leur donner d'effets secondaires graves et qui ne va pas compliquer les choses", déclarait-elle à France 3 début mai.

Pour elle comme pour les autres médecins visés par une plainte, on ne connaît pas encore l'exactitude des faits qui leurs sont reprochés. De plus, l'instruction par la chambre disciplinaire pourrait encore prendre plusieurs mois avant que ne soient connues les éventuelles sanctions, qui peuvent aller du simple avertissement à la radiation définitive.

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