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Pomper l’eau du Colorado pour jouer au golf dans le désert de l’Utah

Les guerres de l’eau aux Etats-Unis (4/6). Pour alimenter Saint George, une ville en pleine expansion, les autorités veulent pomper l’eau du lac Powell, déjà à moitié vide en raison de la sécheresse.

Par  (Saint George et Lac Powell (Utah), envoyé spécial)

Publié le 02 août 2018 à 06h31, modifié le 02 août 2018 à 18h57

Temps de Lecture 8 min.

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  • Le barrage de Glen Canyon a permis la formation du lac Powell, situé entre l’Arizona et l’Utah.

    Le barrage de Glen Canyon a permis la formation du lac Powell, situé entre l’Arizona et l’Utah. Bridget Bennett pour Le Monde

  • Le lac Powell a perdu la moitié de ses capacités en raison de la sécheresse et du réchauffement. Les traces blanches sur la roche attestent du retrait des eaux, qui ont baissé de trente mètres par rapport au plus haut du début des années 1980.

    Le lac Powell a perdu la moitié de ses capacités en raison de la sécheresse et du réchauffement. Les traces blanches sur la roche attestent du retrait des eaux, qui ont baissé de trente mètres par rapport au plus haut du début des années 1980. Bridget Bennett pour Le Monde

  • Le barrage de Glen Canyon est situé à Page en Arizona, le lac Powell se trouve majoritairement en Utah.

    Le barrage de Glen Canyon est situé à Page en Arizona, le lac Powell se trouve majoritairement en Utah. Bridget Bennett pour Le Monde

  • Le lac Powell est le deuxième lac réservoir créé sur le Colorado, avec le lac Mead qui alimente Las Vegas mais aussi Los Angeles et l’Arizona.

    Le lac Powell est le deuxième lac réservoir créé sur le Colorado, avec le lac Mead qui alimente Las Vegas mais aussi Los Angeles et l’Arizona. Bridget Bennett pour Le Monde

  • Dans le desert du lac Powell, une usine électrique navajo, l’une des plus polluantes du pays

    Dans le desert du lac Powell, une usine électrique navajo, l’une des plus polluantes du pays Bridget Bennett pour Le Monde

  • Les bateaux naviguent sur le lac Powell qui sert de lieu de vacances et de base nautique.

    Les bateaux naviguent sur le lac Powell qui sert de lieu de vacances et de base nautique. Bridget Bennett pour Le Monde

  • Le réservoir de Sand Hollow à côté de Saint George, une ville en pleine expansion dans le désert de l’Utah. C’est ici qu’arriverait le pipeline en provenance du lac Powell si celui-ci est construit.

    Le réservoir de Sand Hollow à côté de Saint George, une ville en pleine expansion dans le désert de l’Utah. C’est ici qu’arriverait le pipeline en provenance du lac Powell si celui-ci est construit. Bridget Bennett pour Le Monde

  • Le réservoir de Sand Hollow a permis de créer une minibase nautique précieuse les mois d’été où la chaleur dépasse les 42 degrés.

    Le réservoir de Sand Hollow a permis de créer une minibase nautique précieuse les mois d’été où la chaleur dépasse les 42 degrés. Bridget Bennett pour Le Monde

  • Une plage autour du réservoir de Sand Hollow.

    Une plage autour du réservoir de Sand Hollow. Bridget Bennett pour Le Monde

  • Le golf de Sand Hallow est arrosé avec les « fuites naturelles » du réservoir adjacent, mais l’eau n’est même pas recyclée, malgré sa rareté.

    Le golf de Sand Hallow est arrosé avec les « fuites naturelles » du réservoir adjacent, mais l’eau n’est même pas recyclée, malgré sa rareté. Bridget Bennett pour Le Monde

  • De la végétation désertique a été plantée sur le golf de Sand Hollow pour réduire la surface du « green ».

    De la végétation désertique a été plantée sur le golf de Sand Hollow pour réduire la surface du « green ». Bridget Bennett pour Le Monde

  • Le golf de Sand Hollow est moins fréquenté pendant la canicule estivale, où les températures dépassent parfois les 42 degrés.

    Le golf de Sand Hollow est moins fréquenté pendant la canicule estivale, où les températures dépassent parfois les 42 degrés. Bridget Bennett / Bridget Bennett

  • Les habitants du lotissement de Sand Hollow se sont installés pour jouer au golf et n’entendent pas remettre en cause leur mode de vie, en dépit de la rareté de l’eau.

    Les habitants du lotissement de Sand Hollow se sont installés pour jouer au golf et n’entendent pas remettre en cause leur mode de vie, en dépit de la rareté de l’eau. Bridget Bennett pour Le Monde

  • Arrosage de l’herbe du golf de Sand Hollow  dans la soirée, pendant la canicule de juin.

    Arrosage de l’herbe du golf de Sand Hollow  dans la soirée, pendant la canicule de juin. Bridget Bennett pour Le Monde

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Les habitants ont l’habitude de dire que ce lieu est le paradis neuf mois par an, mais qu’il faut subir trois mois d’enfer. En cette fin juin, sur la route menant de Salt Lake City à Las Vegas, c’est l’enfer – la température de 42 degrés n’a un peu baissé que lorsque la fumée d’un gigantesque incendie de forêt a occulté le soleil. Les cultures sont irriguées à l’ancienne, par aspersion d’eau. Enfin, on arrive au lotissement de Sand Hollow, à quinze kilomètres de Saint George. Un golf – en fait deux, un de dix-huit trous et un de neuf – sur lequel s’aventurent quelques inconscients, et des maisons chics.

Sandy Shepperd, 70 ans, est arrivé à Sand Hollow il y a trois ans. Il a fait construire sa maison pour 400 000 dollars (350 000 euros). Pendant l’été, il va se réfugier dans les montagnes plus fraîches, mais le reste de l’année, il joue au golf en plein désert. Rien de très écologique, même si la végétation désertique a été plantée pour réduire la surface du green : l’eau n’est même pas recyclée. Le golf est alimenté par les « fuites naturelles » d’un réservoir adjacent, qui a permis de créer en passant une petite base nautique. Sandy Shepperd aime sa nouvelle vie et apprécie la compagnie des nouveaux venus. « On n’est pas uniquement avec des mormons, comme à Saint George ou Salt Lake City », confie-t-il.

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Ils arrivent par milliers dans le sud-ouest de l’Utah, moins cher que la Californie, plus tempérée que le nord de l’Etat, aux hivers rigoureux. En 1970, ils n’étaient que 13 000 dans cette oasis traversée par la rivière Virgin, qui tient plus du ruisseau que de la rivière. Ils sont aujourd’hui 170 000 à Saint George, dans cette ville arborée où des jeunes se retrouvent dans les restaurants mexicains, et seront sans doute 500 000 en 2060.

« Le marché est bon et les prix vont continuer de monter », se réjouit l’agente immobilière Anne Cooper, qui vend les lots de Sand Hollow. Un destin à la Las Vegas, dont le comté hébergeait 16 000 habitants en 1940 et en recense aujourd’hui 2,2 millions. Mais pour faire le succès de Vegas, il a fallu le jeu, le spectacle… et l’eau du Colorado, stockée dans le lac Mead grâce au Hoover Dam, barrage pharaonique construit dans les années 1930.

Saint George, elle, ne veut pas des jeux – on est dans l’Etat des mormons – mais manque cruellement d’eau. Les autorités de la ville se sont donc mis en tête de créer un pipeline long de 220 kilomètres pour aller pomper l’eau du lac Powell. Un projet estimé à 1,4 milliard de dollars, qui exigerait quatre pompes pour monter en altitude de 500 mètres avant de redescendre vers Saint George, produisant au passage – un peu – d’électricité pour atterrir dans le réservoir de Sand Hollow, en face du golf.

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