Quentin Hiernaux est enseignant à l’Université libre de Bruxelles et chargé de recherches au Fonds de la recherche scientifique (FNRS). Il travaille sur l’histoire des sciences végétales, les enjeux liés à notre connaissance du comportement des plantes et l’éthique de l’environnement. En 2020, il a publié « Du comportement végétal à l’intelligence des plantes ? » (Quæ). Pour lui, il faudrait s’accorder d’abord sur ce qu’on entend par « intelligence ».
Marianne : Quelles ont été les grandes évolutions dans la compréhension du comportement des plantes ?
Quentin Hiernaux : Pendant l’Antiquité, les philosophes savaient que les plantes s’adaptaient à des environnements différents, mais ils n’avaient pas les moyens techniques de l’étudier : l’approche philosophique conditionnait l’étude scientifique. Or la philosophie classique, à partir d’Aristote, a placé l’humain, intelligent et rationnel, au sommet. En dessous, les animaux, sensibles et mobiles, ont été subordonnés à l’humain. Au troisième échelon, les végétaux, fixes et insensibles, ne pouvaient pas être intelligents.