Covid-19 : l'amputation d'un membre, complication possible du virus ? Istock
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L'épidémie du coronavirus n'en fini plus de faire des ravages. Depuis plusieurs semaines, de nombreux patients sont hospitalisés en urgence après avoir contracté le virus. C'est le cas de l'acteur canadien Nick Cordero qui a été admis en soins intensifs à l'hôpital Cedars-Sinaï de Los Angeles. Placé dans le coma artificiel le 12 avril, il a dû être amputé d'une jambe samedi en raison de problèmes de coagulation.

L'acteur, infecté par le Covid-19, s'est fait amputer d'une jambe

L'acteur de 41 ans, sévèrement infecté par le nouveau coronavirus, a vu son état de santé se détériorer à la suite d'un problème de coagulation au niveau des jambes.

En essayant un traitement adapté, le corps de Nick Cordera n'a pas réagi de la manière escomptée et l'homme de 41 ans a fait une hémorragie intestinale. À la suite de cela, les médecins ont pris la décision de l'amputer de la jambe droite.

Une triste nouvelle que Amanda Kloots, l'épouse de la star, a révélé via son compte Instagram au début du mois d'avril.

"Il a été mis sous anticoagulants, mais malheureusement, ce traitement a causé d’autres complications. Tension artérielle et quelques hémorragies internes dans ses intestins. Nous l'avons sevré des anticoagulants, mais cela allait à nouveau provoquer une coagulation dans la jambe droite, où le sang coagulait, en se coinçant dans ses orteils", a détaillé l'épouse de la star.

Amanda Kloots a ensuite assuré que l'opération s'était bien passée et que son mari se remettait bien selon les médecins. "Il a bien supporté l’opération, ce qui n’est pas rien, vu que son corps est actuellement très faible. J’espère qu’il va se reposer".

Mais malgré son rétablissement, une question se pose : l'amputation de la jambe de l'acteur est-elle directement liée à l'infection au Covid-19 ? Ou résulte-t-elle de la prise de certains médicaments ?

D'après le Dr Ballongue, il apparaît plus probable que la cause de cette amputation soit liée aux effets secondaires des anti-coagulants.

"Les anti-coagulants doivent être parfaitement dosés. C'est pourquoi, il arrive, lors d'un traitement, que l'on fasse des ajustements en baissant par exemple le nombre de plaquettes pour faciliter la coagulation dans l'organisme. Si on ne le fait pas, il existe un risque de thrombose par formation d'agrégats plaquettaires, qui peuvent entraîner, à terme, une amputation", détaille le médecin généraliste.

Dans le cas de l'acteur, les médecins ont bel et bien essayé de réguler ce taux de plaquettes. Sauf qu'en stoppant les anti-coagulants, ce dernier a souffert d'hémorragies internes et en les reprenant Nick Cordero a dû souffrir de l'effet inverse, c'est-à-dire : la formation d'agrégats plaquettaires, qui a conduit à l'amputation.

"Les antécédents d'une personne jouent aussi énormément. Si vous fumez et buvez en excès par exemple, vous êtes plus à risque de développer une artériopathie, c'est-à-dire des artères qui se bouchent (plaques d'athérome)", ajoute le spécialiste.

Dans tous les cas, ce n'est pas l'infection au Covid-19 qui a provoqué cette amputation, mais bel et bien la prise d'anticoagulants. Comme tous les médicaments, il arrive que certains organismes supportent bien les effets, et d'autres non.

Notons également qu'il s'agit d'un cas isolé et assez rarissime.

Comment surveille-t-on un traitement par anticoagulants ?

Comment surveille-t-on un traitement par anticoagulants ?© Istock

Il est indispensable que les personnes qui prennent des anticoagulants soient soigneusement suivies pour dépister tout traitement inadapté (sous-dosage ou surdosage).

La surveillance des anticoagulants par voie injectable

Les injections de certaines formes d’héparine (médicament anticoagulant, ndlr) peuvent parfois provoquer une diminution importante du nombre de plaquettes dans le sang (les cellules sanguines qui contribuent à la coagulation), susceptible d'entraîner des complications parfois graves.

Une prise de sang hebdomadaire est nécessaire pour surveiller le taux de plaquettes. Cette surveillance n’est nécessaire que pour certains traitements anticoagulants injectables.

La surveillance du traitement par les antivitamines K (AVK)

Lorsqu’une personne prend des médicaments anticoagulants par voie orale de la famille des antivitamines K (AVK), il est indispensable de surveiller régulièrement la capacité de son sang à coaguler.

En effet, un médicament trop dosé fait courir le risque d’une hémorragie potentiellement mortelle et un traitement sous-dosé expose à la formation de caillots sanguins et à l’apparition des complications qu’ils peuvent provoquer.

Il est donc est nécessaire de trouver, pour chaque patient, la dose efficace et sûre en mesurant, sur une prise de sang, la capacité du sang à coaguler.

L’efficacité des AVK est contrôlée en mesurant l’INR (International Normalized Ratio), un paramètre qui reflète précisément la fluidité du sang.

  • Chez une personne sans traitement, l’INR est de 1.
  • Chez les personnes qui prennent un traitement anticoagulant par AVK, l’INR est augmenté : plus il est élevé, plus le sang met du temps à coaguler.
  • Lorsque l’INR est supérieur à 5, le risque d’hémorragie est réel.

Pour chaque patient, en fonction de sa maladie, une fourchette de valeurs cibles pour l’INR est également fixée (par exemple, un patient qui reçoit des AVK parce qu’il porte une valve cardiaque artificielle doit avoir un INR situé entre 3 et 4,5, l’idéal étant la valeur médiane - 3,7. Pour un patient qui a eu un infarctus du myocarde, l’INR doit se situer entre 2 et 3, idéalement 2,5).

En début de traitement, des contrôles fréquents sont effectués jusqu’à ce que l’INR atteigne la valeur souhaitée et qu’il reste stable.

Ensuite, la mesure de l’INR sera faite régulièrement, en général une fois par mois (quand les anti-coagulants sont pris en tant que traitement chronique, et non dans le cadre d'une hospitalisation).

Anticoagulants : comment diminuer le risque de saignements ?

Anticoagulants : comment diminuer le risque de saignements ?© Istock

Les anticoagulants oraux provoquent le plus souvent une augmentation du risque d’hémorragie, car ils fluidifient le sang. Si vous en prenez, faites bien attention à rester prudent lorsque vous effectuez des gestes courants :

  • Lorsque vous utilisez des couteaux, des ciseaux, des coupe-ongles ou tout objet pointu, soyez attentif à ce que vous faites.
  • Utilisez si possible un rasoir électrique.
  • Les gencives peuvent aussi saigner. Utilisez une brosse à dents souple et du fil dentaire ciré. N’utilisez pas de cure-dents. N’oubliez pas de prévenir votre dentiste que vous prenez un anticoagulant avant tout rendez-vous, y compris pour un détartrage.
  • Portez des gants lorsque vous jardinez ou si vous utilisez des outils pointus.
  • Ne vous retirez pas vous-même des cors ou des cals.
  • Diminuez le risque de chutes. Veillez notamment à ce que les escaliers et le sol soient dégagés de tout objet encombrant et si par exemple vous renversez un liquide sur un carrelage : essuyez-le tout de suite.
  • Prévenez tous les professionnels de santé que vous consultez que vous prenez des anticoagulants ; cela limitera les procédures médicales susceptibles d’entraîner une hémorragie et le risque d’interférence avec d’autres médicaments.

Sources

La star de Broadway Nick Cordero amputée d'une jambe à cause du coronavirus, le Figaro, 20 avril 2020.

Comment surveille-t-on le traitement par anticoagulants ?, Vidal, 12 avril 2019.

Les plaquettes, la norme, la thrombopénie ou le manque de plaquettes, GFME, 8 juillet 2019.

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