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Epandage de pesticides
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Soit-disant, l'usage des pesticides diminue régulièrement en France : les agriculteurs sont devenus plus raisonnables tandis que les lobbys des pesticides rivalisent d'ingéniosité pour accompagner et proposer des produits "phytosanitaires" à quantité infime et évidemment sans aucun danger. Et pourtant, les dernières statistiques sur l'utilisation des pesticides en France sont édifiantes sur l'écart entre l'enfumage de la com' et la réalité.

Depuis 2016, l'UIPP, promoteur des "produits phytosanitaires" ne communiquait plus ses statistiques sur l'utilisation des pesticides en France et ne répondait pas à nos demandes répétées sur ce point. Et pour cause, la France était alors le premier pays d'Europe et le troisième mondial en ce qui concerne l'utilisation de pesticides.

En juillet 2018, les chiffres 2016-2017 sur l'évolution de la consommation des pesticides de l'agriculture française ont enfin été rendus publics et ont montré une augmentation de 12,4 % par rapport à 2009, dont 12 % sur la période 2014 à 2016 par rapport à 2009-2011. C'est ce qui ressort de la note de suivi du plan Ecophyto qui utilise l'indicateur NODU (nombre de doses unités) pour mesurer l'utilisation des pesticides en France : "s'agissant de cet indicateur, force est de constater que les résultats attendus ne sont pas au rendez vous : après une légère baisse pour l'année 2015, le NODU pour les usages agricoles est stable en 2016.
Sa valeur moyenne triennale 2014-2016 a même augmenté de plus de 12 % par rapport à la moyenne triennale 2009-2011, au lancement du plan Écophyto", avouent Nicolas Hulot et Stéphane Travert dans l'édito de la note de suivi du plan.

Seul point positif : la diminution de 38 % de l'utilisation des pesticides en usage non agricole (dans les parcs, les espaces urbains...) entre 2015 et 2016, grâce à la loi Labbé de 2014.

Depuis le 1er janvier 2017, les collectivités territoriales n'ont plus le droit d'utiliser/faire utiliser des produits phytosanitaires pour l'entretien des espaces verts, forêts, promenades et voiries accessibles ou ouverts au public.
Depuis le 1er janvier 2019, l'interdiction s'étend aux particuliers. Les jardiniers amateurs ne peuvent plus utiliser, acheter ni détenir de produits phytosanitaires sauf ceux de biocontrôle, à faibles risques et autorisés en agriculture biologique (Ecophyto)

A souligner également, le retrait de 17 substances en 2017 (non renouvellement ou retrait du marché) dont 4 (picoxystrobin, linuron, iprodione, flupyrsulfuron-methyl - DPX KE 459) pour des raisons liées à la santé (caractère cancérigène, mutagène ou toxique pour la reproduction (CMR) ou dépassement de la dose de référence aiguë (ARfD)).

Bilan 2020 : une augmentation de 21 % des pesticides !

Loin de s'arrêter là, les nouvelles données 2017-2018 de suivi du plan de réduction des produits phytosanitaires pour 2018 sont alarmantes avec une augmentation de près de 21 % de la quantité de substances actives vendues par rapport à 2017 avec un record de 85 900 tonnes vendues contre 71 200 tonnes en 2017, un chiffre jamais atteint ces 10 dernières années !

Le tristement célèbre glyphosate a vu ses ventes passer de 8 859 tonnes en 2017 à 9 723 tonnes en 2018 !

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Le triste podium des ventes de glyphosate par département en France en 2018
Auteur : Agir pour l'Environnement - Licence : DR

120 500 tonnes de substances actives étaient commercialisées en France en 1999 (données UIPP).

Au final, la consommation de pesticides en France a augmenté de 20 % par rapport à 2009 alors que l'objectif initial du plan Ecophyto était de réduire de 50 % l'usage des pesticides pour 2018.

« cette hausse alarmante de la consommation de pesticides questionnent sur le poids des lobbys dans notre pays. Plus de 600 millions d'euros d'argent public ont été investis sur 10 ans pour réduire la consommation de pesticides en France dans le cadre d'Ecophyto ! Il est plus que temps de tirer le bilan des blocages structurels dans le monde agricole et d'aller vers des solutions de soutien plus affirmées à la transition agroécologique et à l'agriculture biologique » affirme Claudine Joly, en charge des questions pesticides à France Nature Environnement.

"Malgré la communication mensongère de la FNSEA sur de supposées évolutions des pratiques des agriculteurs français en matière de recours aux pesticides chimiques de synthèse les nouveaux chiffres de suivi du plan Ecophyto sont sans appel. Après une hausse de plus de 12 % entre 2009 et 2016 c'est maintenant une hausse très forte de l'indicateur de suivi du plan qui vient d'être enregistrée avec une augmentation du NODU -indicateur de référence - de plus de 24 % entre 2016 et 2018 ! (l'indicateur NODU décompte le nombre de doses unités de pesticides utilisées)" précise Générations Futures qui réclame "une évolution radicale du plan Ecophyto. Celui-ci doit imposer des objectifs de réduction par culture et par région, décroissants dans le temps année après année, qui soit contraignants et dont le non-respect déclenche des sanctions, notamment financières. A l'inverse les agriculteurs les plus performants dans le domaine de la réduction de l'usage des pesticides doivent être soutenus et aidés pour les efforts qu'ils déploient, l'ensemble pouvant s'assimiler à un système de bonus/malus."

"L'augmentation de 24 % des pesticides utilisés en France entre 2017 et 2018 signe l'échec de la politique du gouvernement. Préférant un tête-à-tête toxique avec le syndicat majoritaire, la cogestion agricole relève de la farce tant est grand la césure entre le dire et le faire, les grands objectifs et les piètres résultats annoncés par les ministres de l'écologie, de l'agriculture et de la santé." s'indigne Agir pour l'Environnement.

Par contre, les résultats sont beaucoup plus satisfaisants dans les 3000 fermes DEPHY entre 2010 et 2017, comme le montre la communication du Ministère qui ne s'attarde pas sur l'essentiel.

Le dispositif DEPHY EXPE est un réseau d'expérimentation de pratiques et systèmes de cultures économes en pesticides. Il vise à tester et valider scientifiquement des changements de pratiques, en appréhendant et en explicitant l'ensemble des contraintes et critères qui fondent les décisions des agriculteurs. Il comporte une quarantaine de projets localisés sur 200 sites expérimentaux et concernant l'ensemble des filières agricoles (Ministère de l'Agriculture)

A noter également le retrait de 38 substances préoccupantes au niveau européen entre 2018 et 2019 et la baisse de 30% des quantités vendues de produits phytosanitaires à usages non agricoles entre 2017 et 2018, en lien direct avec l'évolution de la réglementation.

Les pesticides : un fléau pour l'environnement

L'usage des pesticides est un maillon essentiel du système agricole conventionnel actuel qui produit massivement, toute l'année, des fruits, légumes et céréales de qualité médiocre avec un gaspillage alimentaire considérable, tout en polluant durablement les milieux et les écosystèmes.

L'utilisation massive des pesticides est au coeur de la perte de biodiversité : insectes et notamment pollinisateurs (dont les abeilles), oiseaux. En outre, certains pesticides persistent pendant des décennies dans les milieux (et notamment le sol) et affectent la santé des agriculteurs et des riverains des champs traités aux pesticides.

« On dépense des milliards d'euros d'argent public pour subventionner un système agricole qui génère des externalités qui elles aussi coûtent des milliards d'euros en dépenses de santé, en perte de biodiversité, en dépollution de l'eau potable. On continue de marcher sur la tête et il semble qu'aucun chiffre, aussi alarmiste soit-il, ne fasse réagir les autorités » se désole Sylvie Corpart, secrétaire nationale environnement à la Fédération Nationale d'Agriculture Biologique (FNAB).


CC BY-NC-SA Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions

Utilisation record de pesticides en France ; 31/05/2020 - www.notre-planete.info


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Questions / réactions (12)


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DududumondIl y a 4 ans
Selon wikipedia

Agriculture AUDE

La surface agricole utile représente 379 720 ha.

L'Aube est le 1er producteur de chanvre, le 2e producteur de champagne, de chou à choucroute, de pavot médicinal, de luzerne, le 6e producteur de pommes de terre, le 8e producteur de céréales et le 9e producteur de betteraves8.

L'Aube, avec 20 % de la production nationale, est le deuxième département producteur de chou à choucroute24, derrière le Bas-Rhin25. Une fête de la choucroute a lieu tous les ans à Brienne-le-Château26,27.
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Stef65Il y a 4 ans

@ Gabriel Meunier.

Vous avez raison, en France le bio est en plein essor. Et la crise Covid vient, dit-on, le booster un peu plus. Tant mieux ! Le bio progresse également en Europe et dans le monde, on parle d'un chiffre d'affaire de plus de 100 milliards d'euros. On ne s'étonnera donc pas que le Système s'empare de ce secteur. Ceci dit je pense qu'il y a des limites à tout. La qualité ne fait pas forcément bon ménage avec la quantité, et surtout pas avec les prix bas. On risque alors d'avoir un bio qui n'en aura plus que le nom. L'étiquette ou le label ne fait pas forcément le bon produit. Le bon produit n'est pas seulement bio (ou sain), il doit être aussi produit localement, celui qui le produit doit également pouvoir vivre dignement. Enfin le bon produit ne doit pas être l'occasion pour certains de s'en mettre plein les poches. 

Ralbol faisait justement remarquer "d'un côté les consommateurs veulent des produits sains et non polluants, et de l'autre ils veulent payer le moins cher possible". Cela reste malheureusement vrai. De même, d'un côté le consommateur veut continuer à rouler en bagnole et en même temps continuer à prendre l'avion, etc. etc. etc. Et de l'autre il veut (il voudrait) que tout ça n'ait aucune incidence sur l'environnement. Comme disait Ralbol : "Il serait peut-être utile de commencer par préconiser une psychanalyse collective".

D'autre part Ralbol faisait remarquer la croissance du nombre des consommateurs au budget de plus en plus réduit. Ceci est également vrai. Nous devons nous attendre (et nous préparer) à faire (à vivre) avec beaucoup moins. Dans quelque temps (peu de temps) nous verrons ce qui prime réellement, nous verrons si c'est manger sainement, rouler en bagnole, prendre l'avion, ou autre. 

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Gabriel MeunierIl y a 4 ans
@ralbol
" Or, le bio s'adresse à une clientèle élitiste et aisée de plus en plus restreinte"
C'est du n'importe quoi ! De plus en plus de couches modestes (en rognant sur d'autres postes...) font aussi le choix du bio, et les grandes surfaces l'ont bien noté, malheureusement
La santé n'a pas de prix, non ?
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Stef 65Il y a 4 ans
Faut peut-être pas trop exagérer non plus, Mike.
D'abord il n'y a pas "le peuple" d'un côté et "les élites" ou l'oligarchie de l'autre. C'est quoi "le peuple" ?

Certes il y a des pauvres et il y a des riches. Et comme pour tout, il existe des tas de nuances chez les uns et chez les autres.
En France, des millions de gens, qui certes ont des salaires "de merde" (SMIC), bouffent effectivement de la "merde" (Junk-food).
Et en même temps se gavent de divertissements de merde, collectionnent des tas de gadgets de merde, rêvent devant des grosses bagnoles de merde, entretiennent des idées de merde, votent pour des gens de merde etc. etc.
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MikeIl y a 4 ans
Et oui ,pour le peuple : salaires de merde = alimentation de merde , logement de merde , voiture de merde ,planète ravagée , condition de vie de merde , et pour nos élites tout le contraire ... trahison et mensonge depuis si longtemps , pour le peuple les dettes et la mauvaise bouffe et pour l'oligarchie les profits et les produits bio .Nous arrivons à la fin d'un système qui nous conduit vers le chaos .merci messieurs les politiques , honte à vous espèce de prédateurs déshumanisés ...
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