C’est l’homme qui a porté la fusion entre Bayer et Monsanto. Werner Wenning, le président de Bayer, vient d’annoncer sa démission alors que le groupe fait face à un risque financier sans précédent dû aux plaintes liées au Roundup, l’herbicide phare de Monsanto. Une erreur que le géant allemand espère corriger en misant sur le compromis.

Le président de Bayer démissionne. Mercredi 26 février, Werner Wenning, l’homme qui a porté l’acquisition de Monsanto, main dans la main avec le DG Werner Baumann, paie ce que beaucoup considèrent comme une erreur stratégique. Le géant allemand a dépensé 63 milliards de dollars pour racheter son concurrent en 2018 et, depuis, il fait l’objet de milliers de plaintes venues essentiellement des États-Unis concernant le Roundup, le produit phare de Monsanto dont la molécule active est le très controversé glyphosate.
"Bayer fait de grands progrès sur le plan stratégique et opérationnel – l’intégration de l’entreprise agricole acquise se déroule très bien et les mesures annoncées en matière d’efficacité, de structure et de portefeuille progressent bien", a déclaré dans un communiqué Werner Wenning. "Nous avons également fait et continuons de faire des progrès dans le traitement des questions juridiques aux États-Unis. C’est pourquoi le moment est venu de passer le relais à mon successeur", a-t-il ajouté. Norbert Winkeljohann, membre du conseil de surveillance de Bayer depuis mai 2018 et ancien président du conseil d’administration de PwC Europe, va remplacer Werner Wenning lors de la prochaine assemblée générale des actionnaires le 28 avril 2020.
La pression des investisseurs
Depuis la fusion avec Monsanto, Bayer a perdu trois procès emblématiques dont les amendes cumulées se chiffrent à 191 millions de dollars. Aujourd’hui le groupe doit faire face à plus de 42700 plaintes et d’autres pourraient s’y ajouter. Les avocats spécialisés dans les class action (actions collectives) ont dépensé plus de 50 millions de dollars en annonces télévisuelles pour attirer les plaignants. Une stratégie payante qui a poussé les principaux investisseurs de Bayer à mettre la pression sur ce dernier pour qu’il entame des pourparlers avec les plaignants. Le but étant de diminuer le risque financier évalué à des dizaines de milliards de dollars. Bayer envisage même d’arrêter les ventes au détail de glyphosate aux particuliers pour éviter qu’ils viennent grossir les rangs des millions de plaignants du Roundup, selon les informations du journal allemand Handelsblatt.
"Le moment du changement de direction du conseil d’administration est surprenant mais approprié", a déclaré Janne Werning, responsable ESG chez Union Investment, l’un des principaux actionnaires de Bayer. Werner Wenning était étroitement lié à la "situation difficile actuelle, et une surveillance indépendante du développement stratégique de Bayer est maintenant nécessaire". Lors de la dernière Assemblée générale du groupe, les actionnaires avaient désavoué la stratégie du couple Wenning-Bauman en votant contre la direction.
Marina Fabre, @fabre_marina

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