Dans un discours à l'Assemblée nationale, le Premier ministre a dessiné les contours du déconfinement. Poursuite du télétravail, étalement des horaires, masques obligatoires dans les transports, pas de rassemblement privé de plus de 10 personnes... Édouard Philippe a donné le mode d'emploi du déconfinement mais il prévient qu'il pourra être chamboulé si le relâchement, déjà constaté chez certains citoyens, se poursuit.
Si la "décrue est engagée" de manière "régulière et lente", le Premier ministre a prévenu les Français : "Le virus va continuer à circuler parmi nous". Il appelle ainsi à "lutter contre les risques de relâchement que nous sentons monter dans le pays". À cet égard, Édouard Philippe, qui dit s’appuyer le triptyque "protéger, tester, isoler", a indiqué que le déconfinement, qui sera adapté en fonction de la situation des territoires, pourrait être plus strict que prévu si les résultats ne sont pas au rendez-vous. Après la première étape du 11 mai, une deuxième phase s’ouvrira le 2 juin et pour trois semaines. Elle permettra de s’adapter et de prendre des mesures en fonction du niveau de l’épidémie. 


Le télétravail très recommandé 


Si le déconfinement doit permettre la reprise économique, Édouard Philippe a mis en avant la nécessité de poursuivre le télétravail "partout où c’est possible au moins dans les trois prochaines semaines". "Il n’y a pas sur ce sujet un avant et un après 11 mai", a-t-il souligné. Pour les salariés qui ne pourraient pas en bénéficier, les entreprises sont appelées à faciliter les horaires décalés, en rappelant la nécessité des gestes barrières et des masques pour ceux qui ne pourraient pas respecter la distanciation physique d’un mètre dans les bureaux. Pour les aider, le ministère du Travail publiera 60 guides pratiques pour chaque secteur d’activité. Quant aux commerces, hors restaurants et bars, ils rouvriront le 11 mai en respectant un "cahier des charges strictes".


Le casse-tête des transports en commun


"Les décisions relatives aux transports sont particulièrement ardues", a d’emblée expliqué Édouard Philippe. S’ils sont " un dispositif clé pour la reprise économique", le respect de la distanciation "est particulièrement difficile", et "l’appréhension des citoyens est forte" en matière de transports en commun, a-t-il souligné. En Ile-de-France, où la problématique est la plus aigüe, le trafic de la RATP devrait reprendre à 70 % dès le 11 mai pour remonter à 100 % dès que possible. En plus des mesures de télétravail et de l’étalement des horaires, le gouvernement travaillera avec les collectivités et les opérateurs pour, si nécessaire, organiser les flux et réserver certaines tranches horaires aux salariés. Le port du masque sera obligatoire dans les transports et la capacité d’accueil dans le métro sera réduite pour respecter les distances de sécurité avec un siège sur deux condamné. 


Le flou de l’application StopCovid


"Je serais bien en peine de vous dire si elle fonctionne et comment précisément", a reconnu Édouard Philippe concernant l’application StopCovid sur lequel planche le gouvernement. Cette dernière doit permettre, sur la base du volontariat, de tracer les personnes atteintes du virus et d’alerter les citoyens qui auraient été en contact avec des personnes contaminées, pour limiter la propagation. Mais l’application n’est pas encore au point. "Lorsque l’application fonctionnera, et avant sa mise en œuvre, nous organiserons un débat spécifique suivi d’un vote spécifique", a déclaré le Premier ministre pour rassurer des parlementaires inquiets des atteintes à la vie privée et à la protection des données personnelles. L’application est surveillée à la loupe par la Cnil, le gendarme de l’informatique qui a déjà émis des conditions à sa mise en place.


Une vie sociale limitée


Si Édouard Philippe dit comprendre "l’impatience de nos concitoyens à partager une vie sociale", le déconfinement se fera sous conditions. Les déplacements entre départements ou régions seront limités, notamment pour le Jeudi de l’Ascension. Les rassemblements dans les lieux privés seront limités à 10 personnes et les seniors sont invités à poursuivre le confinement pour se protéger, au moins jusqu’au 2 juin. D’ici le 11 mai en revanche, les Français n’auront plus besoin d’attestation pour se déplacer à moins de 100 km de chez eux et pourront pratiquer une activité sportive en dépassant le rayon d’un kilomètre initialement délimité. Les bibliothèques, médiathèques et petits musées pourront rouvrir. Mais les parcs et jardins ne seront accessibles que dans les départements "verts", ceux où le virus ne se propage pas ou très peu. Les grandes manifestations sportives et culturelles elles ne pourront pas se tenir avant septembre. 


Une rentrée "très particulière" pour les écoliers


"Le retour de nos enfants sur le chemin des écoles est un impératif pédagogique et de justice sociale. Ce retour, nous voulons le concilier avec la préservation de nos objectifs de santé publique", a déclaré le Premier ministre. Ainsi, les crèches, maternelles et écoles élémentaires ouvriront de manière "très progressive partout sur le territoire" à partir du 11 mai avec une limitation du nombre d’enfants présents : 10 maximum dans les crèches et 15 élèves par classe. Il sera mis à disposition du gel hydroalcoolique pour tous et des masques pour les encadrants. Les collégiens reprendront le 18 mai et les lycéens qu’à partir du mois de juin, avec masque obligatoire. 
Marina Fabre, @fabre_marina
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