À l’image des solutions techniques employées en Corée du Sud ou à Singapour pour pister les malades et éviter la propagation du Covid-19, le France veut déployer une application de suivi baptisée Stop Covid. La Cnil, garante de la protection des données de la population, ne s’y oppose pas mais demande des garanties sur le volontariat et l’anonymat. Elle prévient toutefois que cette technologie est inutile sans stratégie sanitaire globale.

Alors que la fin du confinement approche à grands pas et que le suivi des malades va être clé pour éviter une deuxième vague d’épidémie, le gouvernement mise sur une application de pistage de la population, baptisée StopCovid. Elle doit permettre de contacter les citoyens exposés au Coronavirus. Saisie à ce sujet, la commission nationale informatique et liberté (Cnil), le gendarme des données personnelles ne s’oppose pas au principe mais, dans un rapport, demande "certaines garanties supplémentaires".
La commission estime que dans un "contexte exceptionnel de gestion de crise", le dispositif est conforme aux exigences européennes de protection des données privées "si certaines conditions sont respectées". Aussi, elle demande  "des garanties supplémentaires" et veut "pouvoir se prononcer à nouveau après la tenue du débat au Parlement".
Besoin de stratégie globale
En premier lieu, les membres du collège de la Cnil veulent mettre en garde contre la tentation du "solutionnisme technologique". La Cnil appelle à la vigilance et souligne que "l’application ne peut être déployée que si son utilité est suffisamment avérée et si elle est intégrée dans une stratégie sanitaire globale", écrit-elle dans un communiqué de presse. À savoir le respect des gestes barrières, de la distanciation sociale et un recours appuyé au télétravail pour limiter les déplacements.
Pour ce qui est des attentes des experts du numérique, il y a, en premier lieu, le principe du volontariat et l’utilisation de pseudonymes. L’organisme met en garde contre toute pression sur les personnes qui refuseraient d’utiliser l’application : "Cela implique qu’il n’y ait pas de conséquence négative en cas de non-utilisation, en particulier pour l’accès aux tests et aux soins", mais aussi aux transports.
La Cnil relève aussi que "son efficacité dépendra, notamment, de sa disponibilité dans les magasins d’application (Appstore, Playstore…), d’une large adoption par le public et d’un paramétrage adéquat". Or, dans un entretien au Journal du dimanche, le secrétaire d’Etat au Numérique Cedric O a indiqué que l’application ne fonctionnait pour l’instant pas correctement sur les iPhones, qui selon lui représentent "20% du parc français". Il argumente cependant : "Ce que disent les épidémiologistes, c’est qu’il n’y a pas de seuil minimum de téléchargements nécessaire pour que cette application soit utile".
Ludovic Dupin avec AFP

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