Sun’Agri, Engie, Total... L’agrivoltaïsme progresse en France, y compris chez les géants de l'énergie
Le gouvernement a désigné le 1er avril une salve de 288 projets dans les énergies renouvelables. C'est également l'un des premiers appel d'offres pour l'agrivoltaïsme, une filière qui intéresse de plus en plus de gros acteurs de l'énergie comme Total..
Dans un contexte difficile, le secteur des énergies renouvelables peut se targuer d'une bonne nouvelle. Mercredi 1er avril, le gouvernement a désigné des dizaines et des dizaines de projets lauréats dans l’éolien terrestre et le photovoltaïque. Si elle représente une fraction de ces futurs chantiers, la filière agrivoltaïsme gagne en puissance.
Au total, 288 projets lauréats ont été désignés dans le cadre de plusieurs appels d’offres.
Par ailleurs, Elisabeth Borne a désigné 288 projets lauréats pour l’énergie éolienne et photovoltaïque dans le cadre de plusieurs appels d’offres. Ces futures installations représenteront plus de 1 700 MW de capacités installées.
Ces marchés contenaient notamment un appel d’offres “solaire innovant”, l’un des premiers du genre, à hauteur de 104 MW. Très observés ces derniers temps, les parcs “agrivoltaïques” appartiennent à cette catégorie et représentent une capacité de 40 MW. Un volume certes marginal mais qui tend à croître. Lors de la première période de l’appel d’offres, en février 2018, seuls 15 MW avaient été sélectionnés.
Sun’Agri, grand gagnant de l’appel d’offres solaire innovant
Le grand gagnant de cet appel d’offres est Sun’Agri, une antenne de l’entreprise française Sun’R spécialisée dans l’énergie solaire. “Sun'Agri est lauréat de 75 % des projets de la famille agrivoltaïque de l’appel d’offres innovation”, a annoncé la société.
Sur l’ensemble des 104 MW de projets innovants, l’entreprise se classe également première avec 44 MW de projets. Une performance qui la classe loin devant Engie, en deuxième position dans cet appel d’offres avec 18 MW attribués.
Sun’Agri a ainsi salué “une belle victoire pour notre technologie qui allie adaptation de l’agriculture aux changements climatiques et transition écologique”. L’entreprise exploite notamment la centrale agrivoltaïque de Tresserre (Pyrénées-Orientales) sur 4,5 hectares. Sur place, des panneaux photovoltaïques placés au-dessus des cultures bougent automatiquement afin d’optimiser la croissance des vignes.
Total veut grandir dans l’agrivoltaïsme
Des entreprises plus importantes s’intéressent à ces technologies. Lundi 30 mars, juste avant les résultats des appels d’offres, Total a annoncé un accord avec l’entreprise allemande Next2Sun via sa filiale Total Quadan. Les deux sociétés vont déployer une “technologie de montage vertical de panneaux photovoltaïques bifaciaux”, principalement dédiés à l’agrivoltaïsme.
“La technologie permet de considérablement réduire le taux d’occupation au sol des installations photovoltaïques, réduisant ainsi la concurrence entre les usages”, fait valoir Total. Un argument de poids alors que le gouvernement dénonçait encore en février le “développement anarchique” d’autres installations : les éoliennes terrestres. L’agrivoltaïsme “aide à protéger les cultures du vent ou d’une exposition excessive au soleil tout en faisant bénéficier l’exploitant d’une diversification de revenus. De plus, cette technologie offre un maximum de rendement aux heures de forte consommation (à l’aube et au crépuscule), là où les centrales photovoltaïques fixes sont moins productives”, insiste Total.
Début mars, le groupe pétrolier avait déjà annoncé une association avec la coopérative agricole français InVivo pour développer l’agrivoltaïque dans les exploitations. D’ici à 2025, Total espère déployer 500 MW d’installations agrivoltaïques sur un portefeuille global de 25 GW dans les énergies renouvelables.
Plusieurs mesures de soutien pour les EnR
“La crise sanitaire que nous traversons ne doit en aucune façon nous faire renoncer aux objectifs ambitieux en termes de développement des énergies renouvelables de la programmation pluriannuelle de l’énergie”, a encouragé la ministre de la Transition écologique et solidaire, Élisabeth Borne.
Pour soutenir les entreprises du secteur, le gouvernement a annoncé plusieurs mesures : décalage des périodes d’appels d’offres, délais additionnels pour la mise en service des installations d’énergie renouvelable et surtout maintien pendant trois mois des tarifs d’achat de l’électricité pour les petits projets de solaire photovoltaïque en toiture, qui devaient baisser au 1er avril.