Edzard Ernst

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Edzard Ernst
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Edzard Ernst se présentant.

Edzard Ernst, né le à Wiesbaden (Hesse), est un médecin allemand naturalisé britannique. Formé en Allemagne et en Autriche à la médecine physique et de réadaptation, à l'homéopathie et à la chiropraxie, il est professeur de médecine complémentaire à l'université d'Exeter (Royaume-Uni) de 1993 à 2011, où il mène des analyses critiques des diverses thérapies alternatives.

Biographie[modifier | modifier le code]

Edzard Ernst naît le à Wiesbaden (Hesse)[réf. nécessaire][1]. Son père et son grand-père sont médecins. Son médecin de famille est homéopathe. Il aspire à être musicien mais sa mère le convainc de faire des études de médecine. Il se forme en Allemagne et en Autriche à la médecine physique et de réadaptation, à l'homéopathie et à la chiropraxie[2]. Il commence sa carrière dans un « hôpital homéopathique » à Munich[3].

En 1993, il devient le premier professeur de médecine alternative au monde, à l’université d’Exeter, où il est doté d’une subvention d’un million de livres sterling. Le monde de la médecine alternative se réjouit d’avoir une reconnaissance universitaire, mais déchante rapidement : selon The Independent, Edzard Ernst devient « à la consternation de beaucoup le fléau de la médecine alternative ». Les thérapeutes alternatifs pensent qu’il veut leur mort. Mais il déclare : « lorsque les preuves sont positives, je le dis, lorsqu’elles ne le sont pas, je le dis ». D’après lui, sur 40 millions de sites web dédiés aux thérapies alternatives, 39,9 millions profèrent des mensonges. Ces mensonges sont parfois qualifiés de scandaleux lorsqu’ils trompent des malades atteints du cancer en les encourageant à se traiter avec des produits qui leur coûtent cher et réduisent leur espérance de vie. Il porte également une critique sur la médecine conventionnelle telle qu'elle est pratiquée actuellement pour laquelle il considère que les médecins manquent d’empathie et de temps[4],[5].

D’origine allemande, il est naturalisé britannique depuis 1999[6].

Il devient en 2011 fellow de l’organisation américaine Committee for Skeptical Inquiry[7].

Il crée deux journaux médicaux : Focus on Alternative and Complementary Therapies (en) et Perfusion (en)[8].

Il donne régulièrement des conférences[8]. Depuis juin 2023, il est membre du comité de parrainage de l'Association française pour l'information scientifique.

Recherches[modifier | modifier le code]

Edzard Ernst a participé à de nombreuses publications médicales et scientifiques[9] dans le domaine des médecines non conventionnelles[10]. Il estime que peu d'entre elles devraient être conservées, et que les patients qui se tournent vers les médecines alternatives sont souvent en recherche d'une relation thérapeutique de meilleure qualité que celle qu'ils ont avec leur médecin généraliste[4].

Il était au début de sa carrière impressionné par les effets apparents de l'homéopathie, pensant qu'il y avait peut-être un quelconque phénomène à découvrir, pour aboutir plusieurs années plus tard à la conclusion qu'elle ne repose que sur l'effet placebo[11],[12].

Ernst analyse dans son ouvrage co-écrit avec Simon Singh, Médecines douces : info ou intox ?, la réalité scientifique des effets de plusieurs pratiques ou thérapies alternatives, relevant que rares sont celles qui ont un faible effet démontré au-delà du placebo et rappelant qu’un des principaux dangers de l'usage de médecines alternatives est le retard voire l'absence de soins ayant prouvé leur efficacité[13]. Il indique dans une interview en 2019 dans L'Express : « Si on calcule le pourcentage des soins alternatifs réellement efficaces pour au moins une maladie, j'estime qu'on arrive à un chiffre inférieur à 5 %[10] ». Il pointe par ailleurs un problème au niveau de l'éthique de ces pseudo-médecines et de leurs praticiens : « la plupart des thérapies douces ne permettent pas de traiter les pathologies pour lesquelles elles sont vendues. Autrement dit elles ne font aucun bien. À l'inverse, beaucoup peuvent faire un mal considérable - directement, par des effets indésirables, ou indirectement, en retardant des soins efficaces. Autre exemple, le consentement éclairé des patients : les "thérapeutes" informent-ils vraiment les patients de l'efficacité réelle des "traitements" proposés ? En réalité, dans la plupart des cas, les praticiens spécialisés dans les médecines douces violent toutes les normes de l'éthique médicale[10]. »

Parmi les traitements alternatifs, il fait, en 2008[14], une liste de ceux qui génèrent probablement selon lui « plus de bien que de mal » : il s'agit principalement d'extraits de plantes, comme le millepertuis (pour la dépression), l'aubépine (insuffisance cardiaque congestive) et la gomme de guar (diabète). Il mentionne également une poignée de pratiques alternatives (à l'exception des régimes, vitamines, biofeedback, et traitement préventifs) qui semblent comparables à des soins conventionnels concernant des troubles particuliers : l'acupuncture pour les nausées et l'arthrose, l'aromathérapie/massage en tant que traitement palliatif du cancer, l'hypnose pour la pénibilité du travail, le massage, la musicothérapie et la relaxation pour l'anxiété, ainsi que l'insomnie pour cette dernière[4].

Polémique[modifier | modifier le code]

Ernst critique le Prince Charles, estimant qu'il fait la promotion des thérapies alternatives, et qu'il induit le public en erreur[4]. Il l'accuse notamment de vendre, via l'entreprise The Prince’s Trust qui commercialise des produits issus de son exploitation agricole biologique, des remèdes de détoxication douteux à base de plantes (pissenlit, artichaut)[15], sans fondement scientifique et d'être un « snake oil salesman » (marchand de poudre de perlimpinpin)[6],[16]. Ernst a critiqué ouvertement[17] le Rapport Smallwood (en) paru en 2005 et a été accusé par le secrétaire privé du Prince Charles d'avoir rompu un accord de confidentialité concernant ce rapport[18]. L'enquête réalisée par l'université d'Exeter a été très désagréable pour lui et bien qu'elle ait accepté son innocence, il dit être devenu persona non grata et ses financements ont été coupés. Il se retire en 2011, deux ans avant la fin de son poste.

Avec la sortie de son livre More Harm Than Good? en 2018, Ernst critique de nouveau le Prince Charles, lequel est depuis longtemps partisan de l'homéopathie et se fait aussi le défenseur d'autres pratiques pseudo-scientifiques telles que l'iridologie. La maison royale a répondu que le livre dénaturait les positions du Prince et qu'il n’était pas étonnant que ce livre soit plus critique que lui sur les médecines alternatives étant donné son titre et son objet[18].

Ouvrages[modifier | modifier le code]

Edzard Ernst est un auteur prolifique, deux de ses livres ont été traduits en langue française.

Note de Martin Brunschwig dans la revue Science et pseudo-sciences[13] : « l’ouvrage complet permet de saisir pleinement le sérieux de la démarche et l’ambition des auteurs. En effet, ceux-ci n’hésitent pas à écrire : « ce livre [se présente] ainsi comme l’évaluation des médecines alternatives la plus honnête et la plus précise du monde » […] Précisons-le tout de suite, le défi est brillamment relevé : S. Sing et E. Ernst offrent en effet un travail d’une rigueur et d’une richesse exemplaire, émaillé d’explications et de références aux études qui ont permis d’apporter les preuves d’efficacité de certains traitements plus que d’autres. Et ce qui emporte la confiance du lecteur est aussi la prudence, la mesure et la subtilité des conclusions apportées, toujours étayées par le plus haut niveau de preuve possible, ainsi que par des explications détaillées sur les raisons d’écarter les conclusions d’études mal faites. »
  • (en) A Scientist in Wonderland : A memoir of searching for truth and finding trouble, Exeter, UK, Imprint Academic, , 173 p. (ISBN 978-1845407773, OCLC 995500676)
L’auteur conte son expérience de premier titulaire au monde de la chaire de médecine alternative.
Il est fait dans cet ouvrage un examen critique, d’un point de vue éthique, des médecines alternatives et complémentaires dont les pratiques peuvent être considérées dans cette perspective comme répréhensibles[19].
  • (en) SCAM : So-Called Alternative Medicine, Exeter, UK, Imprint Academic, coll. « Societas », , 225 p. (ISBN 978-1845409708, OCLC 1014131857)
Cet ouvrage fait suite au livre A Scientist in Wonderland[20].
  • (en) Don’t Believe What You Think : Arguments For and Against SCAM, Exeter, Ingram Book Company, coll. « Societas », , 261 p. (ISBN 9781788360081, OCLC 1111150677)
Le jour de la sortie de son ouvrage, l’auteur livre un extrait de la préface dans un article publié sur son site web officiel[21]. Cet opus est composé de 35 sections qui présentent chacune une croyance sur la médecine alternative. Il invite également le lecteur à étendre son esprit critique à l’égard des négationnistes des sciences.

Références[modifier | modifier le code]

  1. (de) Commission historique de l'Académie bavaroise des sciences (Commission de l’histoire auprès de l’Académie bavaroise des sciences), « Ernst, Edzard », sur Deutsche-Biographie.de (consulté le ).
  2. (de) Max Rauner, « Edzard Ernst: Der Homöopathie-Forscher gegen Prinz Charles », Zeit Online,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. (en) Nicola Davis, « Edzard Ernst: outspoken professor of complementary medicine », sur The Guardian, (consulté le ).
  4. a b c et d (en) Jeremy Laurance, « Complementary therapies: The big con? »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur The Independent, (consulté le ).
  5. (en) Belfast Telegraph, « Complementary therapies: The big con? », sur BelfastTelegraph.co.uk, (consulté le ).
  6. a et b (en) Susanna Rustin, « Edzard Ernst: The professor at war with the prince », The Guardian,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  7. Center for Inquiry (CFI), « CSI Announces New Fellows », sur CenterForInquiry.org, (consulté le ).
  8. a et b (en) Institute for Science in Medicine, « ISM Fellows — Edzard Ernst, Md, PhD », sur ScienceInMedicine.org (consulté le ).
  9. (en) Liste des publications médicales et scientifiques du Pr E. Ernst indexées dans MEDLINE et consultables grâce à PubMed.
  10. a b et c « "Les médecines douces ne respectent pas l'éthique médicale" », sur LExpress.fr, (consulté le ).
  11. (en) Edzard Ernst, « Why I changed my mind about homeopathy | Edzard Ernst », sur The Guardian, (consulté le ).
  12. (en-GB) « Prof Edzard Ernst, Series 2, Why I Changed My Mind - BBC Radio 4 », sur BBC date=2016-04-27 (consulté le ).
  13. a et b Martin Brunschwig, « Médecines douces - Info ou intox ? - Simon Singh et Edzard Ernst », sur AFIS.org, (consulté le ).
  14. (en) Edzard Ernst, « Complementary and alternative medicine: what the NHS should be funding? », Br J Gen Pract (en), vol. 58, no 548,‎ , p. 208–209 (ISSN 0960-1643 et 1478-5242, PMID 18318982, DOI 10.3399/bjgp08X279562, lire en ligne, consulté le ).
  15. Brigitte Axelrad, La potion magique du prince Charles, Science et pseudo-sciences, article mis en ligne le , (consulté le ).
  16. (en) « Professor calls Prince Charles, others "snake-oil salesmen" », sur Reuters, .
  17. (en) Edzard Ernst, « The ‘Smallwood report’: method or madness? », The British Journal of General Practice (en), vol. 56, no 522,‎ , p. 64–65 (ISSN 0960-1643, PMID 16438825, PMCID PMC1821425, lire en ligne, consulté le ).
  18. a et b (en-GB) Sarah Knapton, « Professor reignites war with Prince Charles over homeopathy support », The Telegraph,‎ (ISSN 0307-1235, lire en ligne, consulté le ).
  19. (en) Dougal Jeffries, « Books: More Harm than Good? The Moral Maze of Complementary and Alternative Medicine : A Drop in the Ocean », British Journal of General Practice (en), Royal College of General Practitioners (en), vol. 68, no 670,‎ , p. 241 (ISSN 0960-1643 et 1478-5242, PMID 29700034, DOI 10.3399/bjgp18X696077, lire en ligne, consulté le ).
  20. (en) Pan Pantziarka, « Book Review - SCAM: So-called Alternative Medicine », sur AntiCancer.org.uk, (consulté le ).
  21. (en) Edzard Ernst, « Don’t believe what you think », sur EdzardErnst.com, (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]

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