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Petite histoire du médicament
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22 adsp n° 27 juin 1999
Médicament et santé publique
Enfin, le dernier volet de ce système de régulation
passe directement par le prescripteur. Ce peut être une
amélioration de l’information et l’accès à des outils d’aide
au diagnostic et à la prescription. Il existe des fiches
de transparence émanant de l’Afssaps qui présentent
une synthèse des conditions d’utilisation des principales
classes médicamenteuses en situant l’intérêt et la place
respective des différents médicaments disponibles dans
les situations pathologiques les plus couramment ren-
contrées. Les fiches d’information thérapeutique con-
cernant les médicaments d’exception particulièrement
coûteux rappellent aux médecins leurs indications et
leurs conditions d’utilisation spécifique.
Une autre forme de régulation a été entreprise de-
puis quelques années par l’assurance maladie : la
publication des règles de bonne pratique clinique et de
références médicales opposables (RMO). Si ces me-
sures sont les premiers pas de l’intervention de l’as-
surance maladie dans les règles de prescriptions, ces
RMO n’en restent pas moins un outil de maîtrise éla-
boré par les médecins selon des notions simples et
consensuelles et sont une aide au prescripteur pour
écarter l’inutile, le superflu et le dangereux des ordon-
nances. Ces recommandations sont rendues opposa-
1803 La Morphine est isolée à partir de végétaux
par Friedrich Wilhelm Adam Satürner
1853 Aspirine : l’acide acétylsalicylique synthétisé à
Strasbourg par Charles Frederich Gerhardt
1893 Aspirine commercialisée (les études ont été
reprises par Félix Hoffmann)
1920 Ergotamine isolée par Arthur Stoll
1923 Prix Nobel de médecine pour Banding et
Mc Léod pour l’Insuline
1928 Naissance du premier antibiotique (à l’état de
réactif de laboratoire)
1935 Naissance du premier anti-infectieux
ments s’est longtemps
limitée à l’observation
empirique des effets
produits par certaines
substances naturelles sur
le cours des maladies.
C’est Paracelse au XVIe
siècle qui prônera la
nécessité d’un médicament
spécifique pour chaque
maladie. Avec la décou-
bles dans le cadre conventionnel. Ce système de RMO
a évolué dans le temps. Il a démarré entre 1990 et 1993
et les premières références n’ont pas été structurées
comme l’ont été les suivantes. Les RMO ont été par
la suite rédigées à partir des informations validées par
l’Agence du médicament et l’Andem vérifiait la confor-
mité aux références de bonnes pratiques cliniques. Le
système actuel tend à demander à l’Anaes d’écrire elle-
même les RMO, le choix étant fait dans le cadre de la
négociation conventionnelle. Ces RMO ont sensibilisé
le corps médical et on peut noter un certain impact positif.
Une approche économique permet d’estimer l’écono-
mie réalisée grâce à la RMO antibiotique à 225 millions
de francs. Cependant, quand on suit l’évolution des
prescriptions, on peut observer des phénomènes de
transfert vers d’autres classes thérapeutiques ou de
substitution qui rendent plus équivoque le bénéfice mé-
dical escompté. Aussi, si cet outil a été conçu comme
une pièce essentielle d’un dispositif de maîtrise de dé-
pense, s’appuyant sur une logique médicale et sur une
rationalisation des comportements des prescripteurs
et des patients, il n’est qu’un élément du problème si
l’objectif est l’amélioration de la qualité des soins.
Ainsi la régulation technico-scientifico-administrativo-
Petite histoire du médicament
Joël Ankri
Julie Pelicand
verte du nouveau monde,
les explorateurs rapporte-
ront des grands principes
actifs comme le quinquina,
l’ipéca, le coca, le café etc.
Grâce aux progrès de la
chimie et de la physiologie
le XIX e siècle marque une
étape nouvelle avec
l’isolement des principes
actifs : de l’opium, on isole
la morphine puis la
codéine, de l’ipécacuana
on extrait l’émétine, du
quinquina, la quinine. La
colchicine supplante la
colchique et l’acide
acétylsalicylique, l’écorce
de saule. On dispose alors
de la papavérine extrait du
pavot, de la digitaline de la
digitale et de l’ergotonine
de l’ergot de seigle.
L’aspirine sera synthétisée
en 1897 par Hoffman.
Apparaîtront au début du
XXe siècle la novocaïne en
1901, les antisyphilitiques
en 1906 et les
antipaludéens de synthèse
en 1927.
Mais l’ère moderne débute
avec la découverte en
1937 de l’action antibacté-
rienne des sulfamides.
1943 est l’année de la
découverte par Fleming de
la pénicilline et 1947 de la
streptomycine qui vainc
1936 Utilisation de l’Héparine standard non fraction-
née
1941 Le premier antibiotique devient médicament :
découverte de la Pénicilline
1946 Découverte de la Streptomycine (anti-tubercu-
leux)
1948 Découverte des Tétracyclines :
Chlorotétracycline (Auréomycine)
1949 Découverte du Lithium
1950 Découverte des Neuroleptiques
1951 Première utilisation d’un anti-tuberculeux par
voie orale (Isoniazide)
L a découverte de
nouveaux médica-
En bleu, les
découvertes
En vert, les
mises sur le
marché

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économique du médicament passe obligatoirement par
la pièce centrale de l’évaluation scientifique et de la
fixation des prix. Mais des mesures incitatives peuvent
être prises en amont et des contrôles en aval. Son objectif
prioritaire reste la maîtrise des dépenses de santé liées
aux médicaments même si de gros efforts ont été faits
pour améliorer la sécurité sanitaire et des efforts res-
tent encore à faire pour améliorer la qualité des soins.
Mise sur le marché
des médicaments
La qualité du produit fini est fonction des bonnes pra-
tiques de fabrication, de l’efficacité et la sécurité de
son effet dans l’organisme humain.
Une nécessité d’évaluation du médicament
La fabrication du médicament est strictement réglemen-
tée. Le Code de la santé publique réserve la fabrica-
tion, l’importation, l’exportation, la distribution en gros
des médicaments et l’exploitation des spécialités phar-
maceutiques à des établissements pharmaceutiques.
Ceux-ci sont autorisés par l’autorité administrative en
fonction de critères relatifs à la qualification de leurs
dirigeants (notamment participation d’un pharmacien)
et au respect des bonnes pratiques à chaque stade de
la fabrication du produit.
La mise sur le marché est de plus, conditionnée par
la démonstration rigoureuse et scientifiquement reconnue
du rapport bénéfice/risque dans une indication théra-
peutique donnée pour une population donnée.
Ainsi, après les nombreuses années qu’a nécessité
la découverte de la molécule qui va devenir un médi-
cament, après les tests pratiqués sur les animaux qui
ont pu, entre autres, assurer avec le maximum de chance
que le produit n’a pas de potentialité carcinogène ou
tératogène, le médicament est administré à l’homme.
C’est à partir de là que vont se dérouler les différentes
phases de l’évaluation clinique du médicament pour
répondre chacune à des objectifs différents permettant
de préciser les propriétés pharmacocinétiques et phar-
macodynamiques du produit et surtout de démontrer
son efficacité et sa bonne tolérance. La méthodologie
(momentanément) la
tuberculose. On assiste
alors à un emballement
des découvertes :
– les antihistaminiques de
synthèse en 1942,
– les anticoagulants
coumariniques en 1947
– la cortisone en 1949
– l’isoniazide et les
neuroleptiques en 1952
– les IMAO, la
chlorothiazide et les
antidépresseurs
imipraminiques en 1957.
Ces découvertes sont
souvent le fruit du hasard.
À partir des années
soixante, après la décou-
verte de l’effet tératogène
de la thalidomide (1957),
les pharmacologues
mettent au point des
méthodes d’évaluation
préclinique moléculaire à
partir de méthode de
sélection qu’on appelle
« screening ». Cette
méthode va permettre
d’élaborer de nouveaux
médicaments à partir de
modèles de médicaments
existants.
Durant les deux décennies
qui suivent seules quel-
ques classes ont enrichi les
possibilités thérapeutiques
comme les bêta-bloquants,
les antihistaminiques H2.
Nous vivons aujourd’hui
dans les années quatre-
vingt-dix, celles des années
du génie génétique, du
génie cellulaire et de la
thérapie génique. C’est
ainsi qu’une bactérie
fabrique une insuline pure
entraînant peu d’effets
indésirables ou que le
génie génétique permet de
produire des anticorps
monoclonaux ou que la
thérapie génique
transfère directement
l’ADN producteur du
médicament protéique
dans l’organisme malade.
Les cellules deviennent
des microfabriquants puis
des microsystèmes de
délivrance du médica-
ment. Mais l’histoire ne
s’arrêtera pas là…
François Chast. Histoire
contemporaine des
médicaments. Paris :
Éd de la découverte,
coll. Histoire des scien-
ces, 1995.
Jean-Claude Dousset.
Histoire des médica-
ments : des origines à
nos jours. Paris : Payot,
coll. Bibliothèque
scientifique, 1985
1952 Découverte de la Cortisone Purinethol (anti-
cancéreux anti-leucémique puissant)
1955 Découverte des sulfamides hypoglycémiants
dans le traitement du diabète
1956 Pincus met en place la première pilule à base
de progestérone
1957 Vaccination contre le virus grippal
1961 Découverte de l’Ampicilline
1964 Découverte de l’Amoxicilline et de la
Cabenicilline
1966 Apparition en France de la pilule œstro-
progestative
1967 Autorisation de mise sur le marché en France de
l’Avlocardyl, 1er bêta-bloquant apparu
1972 L’Amoxicilline est mise sur le marché
1974 Découverte du Cefadroxil (Oracefal°)
1980 Production du premier interféron recombinant
(Interféron alpha-2a)
1985 La Zidovudine est identifiée comme médicament
anti-viral (contre le virus HIV)
Clonage du gène de l’Erythropoîétine humaine
1988 Mise sur le marché en France de l’Erythropoîétine
pour le traitement de l’anémie de l’insuffisance
rénale
Système du médicament