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Les marchés des métaux suspendus à l’essor de la voiture électrique

Cuivre, lithium, graphite, cobalt... Certains cours s’emballent devant l’engouement lié à la révolution de la voiture propre. Les projections restent pourtant complexes.

Par Muryel Jacque

Publié le 3 oct. 2017 à 16:57

Il y a cinq ans, elles étaient rarissimes. L’an passé, 2 millions de voitures électriques se sont vendues dans le monde. Et, d’ici à 2040, il pourrait s’en écouler davantage que les voitures à essence, selon Bloomberg New Energy Finance. A cette date encore lointaine, les projections varient certes grandement, de 100 millions à plus de 500 millions de voitures électriques imaginées par certains sur les routes. Mais sur les marchés des métaux, le sujet, déjà, accapare. 

Pour le secteur, l’enjeu est potentiellement immense. La révolution électrique dans l’automobile peut bouleverser l’offre et la demande de matériaux comme le cuivre et l’aluminium utilisés dans ces véhicules en plus grande quantité que dans les voitures à essence, aussi bien que le nickel, le cobalt ou le lithium qui composent les batteries rechargeables dont ils sont équipés.

« Face à l’inquiétude grandissante suscitée par le changement climatique et les effets de la pollution à l’échelle mondiale, le virage rapide vers les voitures électriques est désormais impossible à arrêter », décryptent les analystes d’Investec. Dans ce sens, 2017 a marqué un tournant, avec des annonces retentissantes. Le géant pétrolier BP, jusqu’alors réservé sur la voiture électrique, a presque doublé ses prévisions à long terme concernant ce type de véhicules. La Chine, qui est le premier marché mondial pour l’automobile, a annoncé en septembre étudier la fin des voitures à essence . Volvo a fait savoir que toutes ses nouvelles voitures seraient électriques d’ici à 2019. Même le fabricant d’aspirateurs Dyson se lance dans l’aventure de la « VE », en investissant 2 milliards de livres. 

Une demande de lithium multipliée par trente

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Conséquence de cet emballement, ces derniers mois les cours du cuivre et de l’aluminium, mais surtout du lithium, du cobalt et du graphite ont grimpé. Dans un monde 100% véhicule électrique, UBS a calculé que le cobalt est la matière première dont les besoins devraient le plus augmenter (+1.928 % comparé à la production mondiale actuelle), derrière le lithium (+2.898 %). Dans une étude publiée en mai, la banque explique, après avoir comparé une Bolt Chevrolet à une Golf Volkswagen, que la carrosserie et le châssis d'une voiture « propre » nécessitent en revanche moins de fer et un peu moins d'acier. 

Les grands groupes miniers se frottent les mains. « Avec 90 kilogrammes de cuivre au minimum par véhicule électrique, soit trois à quatre fois plus que dans une voiture à essence, on voit clairement l’impact que cela pourrait avoir sur la demande de cuivre », indiquait Jean-Sébastien Jacques, le patron de Rio Tinto, lors d’un séminaire organisé fin 2016. De son côté, Glencore, premier producteur de cobalt, qui extrait aussi du cuivre et du nickel, assure que cet impact sur les matières premières sera plus rapide que prévu. D’ici à 2035, dans un scénario où 95% des voitures vendues sont électriques, il faudrait 20 millions de tonnes de cuivre et 1,8 million de nickel en plus, ainsi que 679.000 tonnes de cobalt supplémentaires, d’après Bernstein. 

Les mines manquent encore

Y aura-t-il assez de ces matériaux disponibles ? La réponse est complexe. D’abord parce que les incertitudes sont grandes quant aux quantités requises comme aux réserves. En outre, la batterie lithium-ion devrait dominer la décennie à venir, mais des analystes questionnent son utilisation à plus long terme. Ces marchés ne seront donc pas égaux face à une explosion de la demande des voitures sans pétrole. Il y aura de la bauxite, du cuivre ou du manganèse en suffisance. Si certains se sont inquiétés d'un manque à venir de lithium, du Chili à la Bolivie, en passant par l'Australie, en fait, les réserves abondent. Mais si, pour l’heure, les mines ouvertes sont peu nombreuses. Le cobalt pourrait, en revanche, poser davantage de problèmes. Les investisseurs ne s’y sont pas trompés : son prix a explosé de 150% en moins de deux ans.

Muryel Jacque

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