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Nucléaire : le réacteur du futur Astrid en suspens

Selon nos informations, le CEA a proposé de revoir à la baisse la taille du démonstrateur de réacteur à neutrons rapides, faute d'argent. Le gouvernement doit trancher d'ici la fin de l'année.

Par Véronique Le Billon

Publié le 30 janv. 2018 à 06:17

Alors que l'horizon commence à s'éclaircir sur les réacteurs EPR en construction - les essais sont en cours sur les réacteurs -, c'est le dossier du nucléaire dit de « quatrième génération » qui est sur la table. Initié en 2010, le projet de démonstrateur de réacteur à neutrons rapides Astrid entend répondre au problème des déchets : en brûlant l'uranium appauvri et le plutonium (la France en produit 10 tonnes par an) issu de la combustion du parc actuel d'EDF, il promet de « boucler » le cycle du combustible et de remédier à la question de l'approvisionnement en matière première.

Selon nos informations, le Commissariat à l'énergie atomique (CEA), maître d'ouvrage du programme, a cependant proposé au gouvernement de revoir à la baisse les ambitions initiales. Au lieu de construire un démonstrateur de 600 mégawatts (MW) (dont la mise en service était prévue à l'horizon 2039), il envisage désormais un projet de puissance réduite : entre 100 à 200 MW. Une révision directement liée à ses marges de manoeuvre financières et à celles de ses partenaires (EDF, Framatome, Orano…). « Il n'y a pas d'appétence pour un projet de 600 MW », constate une source au fait du dossier.

Beaucoup d'argent sur la table

Depuis 2010, l'Etat a mis beaucoup d'argent sur la table. Le programme des investissements d'avenir (PIA) a doté le programme de 627 millions d'euros d'ici 2019, dont 450 millions ont déjà été consommés. Il faut y ajouter les contributions des partenaires et les salaires des ingénieurs du CEA, payés par la subvention annuelle qui lui est accordée. « On a déjà dû dépenser 600 à 700 millions d'euros », estime un bon connaisseur du dossier.

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Entre 500 et 600 personnes travaillent sur le projet, dont la moitié au CEA, et le reste chez la quinzaine de partenaires (EDF, Framatome, Orano, Cnim,…) ainsi que, pour quelques dizaines d'entre eux, des Japonais, associés au projet depuis 2014. L'enveloppe globale des dépenses devrait s'élever entre 850 et 900 millions à fin 2019.

Et si la filière nucléaire défend le principe « vertueux » des réacteurs à neutrons rapides, les grands partenaires du CEA ne semblent plus très allants. Interrogé sur les réacteurs à neutrons rapides, le directeur général d'Orano (ex-Areva) Philippe Knoche indiquait qu'avec les différents projets à l'étude dans le monde, « il pourrait y avoir des ruptures technologiques ».

« Recalibrage temporel »

Quant à EDF, « son sujet en ce moment, c'est surtout de prolonger son parc et de le renouveler avec des EPR », rappelle un expert. Le CEA mise désormais sur un partenariat renforcé -jusqu'à parts égales- avec le Japon, qui a abandonné son projet de surgénérateur Monju mais collabore déjà au projet Astrid. Certains au CEA, se disent aussi ouverts à un partenariat avec la Chine, qui avance rapidement sur la technologie.

Le gouvernement devra se prononcer cette année. « La reconfiguration du projet qui pourrait découler d'un partenariat élargi et d'une recherche de contributions plus fortes de la part des partenaires du CEA, ou d'un recalibrage temporel de son échéancier de réalisation, sont des éléments qui devront être tranchés en 2018 si la dynamique sur ce projet devait être maintenue », indiquait l'Etat cet automne dans son rapport sur le suivi des investissements d'avenir.

Véronique Le Billon

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